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DOSSIER | Le documentaire Chaakapesh sur la tournée de l'OSM dans le Grand Nord à l'affiche

Par Mario Cloutier le 5 décembre 2019

Kent Nagano lors de la conférence de presse au sujet de la sortie du documentaire Chaakapesh.
Kent Nagano rencontrait les médias pour la sortie du documentaire Chaakapesh, le 4 novembre 2019. (Photo : courtoisie)

Kent Nagano croit que la tournée de l’OSM dans le Grand Nord canadien, à l’automne 2018, aura une résonance partout dans le monde. L’orchestre doit poursuivre cette initiative, selon lui.

En marge de la sortie du documentaire Chaakapesh, qu’il qualifie de « magique » et qui relate ce périple unique, le maestro estime que l’idée de  «faire de la musique ensemble », c’est-à-dire entre musiciens de différentes cultures, permet de favoriser la réconciliation avec les Premières nations.

«Au Mexique avec l’OSM récemment, ils avaient entendu parler de notre tournée dans le Nord, d’expliquer Kent Nagano en conférence de presse. Cela les a beaucoup intéressés d’en savoir davantage. Pour moi, cette expérience est inoubliable et profondément émouvante.»

À sa dernière année avec l’OSM, Kent Nagano raconte que la première tournée de l’OSM dans le Nord, il y a 10 ans, avait quelque chose de « naïf ». Lors de la tournée canadienne précédente, il aurait en effet aimé que l’orchestre aille partout au Canada, pas seulement dans les villes du sud du pays.

Conséquemment, pour la deuxième tournée dans le Grand Nord, il souhaitait véritablement mêler les diverses cultures musicales. Un héritage qui doit se perpétuer, selon lui.

« Cette fois c’était un défi, dit-il. Dix ans après notre première tournée, ce n’était pas seulement le fait de partager la musique avec tout le monde qui était important, mais je crois que cela doit continuer comme politique artistique. C’est une idée qui doit se poursuivre dans le futur. »

Le film Chaakapesh, réalisé par Roger Frappier et Justin Kingsley, documente la création de l’opéra composé par Matthew Ricketts, dont le livret a été écrit par le grand écrivain cri Tomson Highway.

Écrite en plusieurs langues autochtones, l’œuvre musicale, intitulée Chaakapesh, le périple du fripon, a été présentée à Kuujjuaq, Salluit, Kuujjuarapik, Oujé-Bougoumou, Mashteuiatsh et Maliotenam.

Le film

Le producteur et coréalisateur du film, Roger Frappier, pense également que le documentaire et la tournée de l’OSM sont de nature à favoriser la poursuite du dialogue avec les Premières nations.

« C’est une ouverture qui est dans le prolongement de l’opéra Chaakapesh. On a vu sur place des spectateurs très attentifs à la musique. On s’est laissé guider par eux pour le film. Contrairement à ce qui se fait maintenant en cinéma, on n’a pas écrit le film avant de le tourner. »

Le musicien innu Florent Vollant apparaît plusieurs fois dans Chaakapesh, le concert et le film. Ému et émouvant, il y raconte notamment son passage « difficile » par les pensionnats autochtones avant d’ajouter : « la musique a changé ma vie », confie-t-il à la caméra.

 

 

Présent à la conférence de presse à Montréal, Tomson Highway note que deux ou trois générations seront toutefois nécessaires pour dépasser les préjugés et réaliser une véritable réconciliation entre les nations. Sur le terrain, il dit voir des changements se produire.

« Le mouvement est national avec les artistes autochtones de toutes disciplines. Personnellement, je tente d’améliorer nos conditions de travail. Il faut être patient. Il faut continuer de travailler ensemble. C’est un cadeau déjà que Kent Nagano et l’OSM nous ont donné. C’est important de faire entendre partout la plus belle musique du monde.»

Musiciens de l’OSM

Dans le documentaire de deux heures, plusieurs entrevues ont été réalisées avec des artistes des Premières nations innue, crie et inuite participant aux concerts ainsi qu’avec Kent Nagano et quelques musiciens de l’orchestre. On peut voir, notamment, certains d’entre eux donner quelques conseils musicaux aux jeunes habitants du Nord.

Violoniste de l’OSM, Marianne Dugal, qui a participé aux deux tournées dans le Grand Nord, souligne que l’écoute exceptionnelle des jeunes générations autochtones, qu’on voit assister aux concerts dans le film, l’a beaucoup touchée:

« On parle souvent de ce qu’on a apporté là-bas, mais grâce à l’imagination pour ne pas dire la folie de maestro Nagano, on est allé voir nos voisins qu’on ne connaissait pas. Leur rythme et la façon qu’ils gèrent le temps nous ont aussi donné beaucoup à nous qui courrons tous les jours dans nos vies. C’était une grande rencontre. »

Chaakapesh est présenté à la Cinémathèque québécoise ce samedi 11 janvier à 13 h 30 ainsi que ce mercredi 15 janvier à 16 h 35. Des représentations ont aussi lieu au Cinéma moderne, le jeudi 16 janvier et le mercredi 22 janvier à 18 h 30.

Cet article est une version mise à jour de la publication originale parue le 5 décembre 2019.

 

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