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CRITIQUE | François-Xavier Roth à l'OSM : le cerveau, les émotions, la musique et le bonheur d'un concert

Par Caroline Rodgers le 31 octobre 2019

François-Xavier Roth dirigeait l'OSM pour le concert "Une vie de héros", 30 octobre 2019. (Photo: Antoine Saito)
François-Xavier Roth dirigeait l’OSM pour le concert « Une vie de héros », 30 octobre 2019. (Photo: Antoine Saito)

Je ne suis pas friande des « pools » de hockey, paris sportifs, sondages électoraux et autres exercices de devinettes publics hasardeux . C’est pourquoi je n’ai jamais tenté de spéculer au sujet du successeur de Kent Nagano. Tout ce que je peux dire, à la lumière du concert Une vie de héros présenté hier soir à la Maison symphonique, c’est que si l’Orchestre symphonique de Montréal choisissait François-Xavier Roth, j’en serais tout à fait heureuse.

Avec trois pièces complètement différentes, dont les deux principales adoptaient des langages musicaux diamétralement opposés, le chef français nous a montré ce qu’il avait dans la tête et dans les tripes. Le cerveau et les émotions. Une énergie et une passion étonnantes pour un homme qui semble doté d’un calme olympien et ne démontre pas, du moins de notre point de vue de spectateur dans la salle, ce genre d’ego démesuré que certains chefs d’orchestre dégagent rien qu’à respirer. Évidemment, on est ici dans le domaine des perceptions, mais si celle-ci s’avère fondée, cette humilité sincère serait une grande qualité s’ajoutant à la maîtrise de son métier, que l’on sent dans chaque geste du chef.

Le tout commence par l’Ouverture Léonore III, que l’on a justement entendue il y a quelques jours dans le contexte de Fidelio, dans cette même salle, par l’Orchestre Métropolitain dirigé par Yannick Nézet-Séguin. Comme j’ai toujours trouvé malsain de comparer entre eux des artistes ou des orchestres, j’évite de m’aventurer dans cette direction. C’étaient, de toute façon, deux visions complètement différentes. Qu’il suffise de dire que François-Xavier Roth mise sur des contrastes très marqués avec une retenue peut-être excessive dans les passages doux, pour faire exploser le tout dans des subito forte saisissants, et que cette ouverture nous donne envie d’en écouter davantage.

 

Pierre-Laurent Aymard, soliste invité de l'OSM, 30 octobre 2019. (Photo: Antoine Saito)
Pierre-Laurent Aimard, soliste invité de l’OSM, 30 octobre 2019. (Photo: Antoine Saito)

Pierre-Laurent Aimard et le Concerto pour piano no 1 de Bartók

Ce fut une expérience étrange et passionnante que ce Concerto pour piano no 1 de Bartók avec le pianiste français Pierre-Laurent Aimard, spécialiste de la musique des XXe et XXIe siècle, qui donne l’impression d’être une sorte de génie extra-terrestre venu raconter une histoire dont il s’étonne lui-même, au fur et à mesure, des multiples rebondissements. Captivant dans son éloquence, ses décisions, sa façon de créer la musique en temps réel.

Comme on n’entend pratiquement jamais ce concerto à Montréal, il est intéressant de voir l’OSM naviguer en dehors de sa zone de confort. En effet, même si l’orchestre joue régulièrement Bartók , ce concerto, extrêmement difficile sur le plan rythmique, nous amène ailleurs. On assiste, en temps réel, à l’échafaudage d’un mécano anguleux dont on se demande, par moments, s’il ne va pas s’écrouler, mais le tout tient.

Pour l’occasion, on a placé les percussions à l’avant de la scène, ce qui est logique, puisque le piano y est traité comme un véritable instrument de percussion. Comme c’est souvent le cas chez Bartók, les instruments parlent plus qu’ils ne chantent. L’important pour les interprètes est donc d’avoir quelque chose à dire. Ici, Aimard et les percussionnistes de l’OSM s’échangent des formules comme un groupe d’explorateurs qui viendraient de trouver un objet rare et discutent de ce qu’ils devraient en faire. Leur conversation est captivante, et on ne peut qu’admirer le soliste et le chef d’avoir mené ce vaisseau à bon port malgré, on le devine, peu de répétitions.

Une vie de héros de Strauss

Comme un véritable tsunami sonore, les premières mesures d’Une vie de héros, de Richard Strauss nous rappellent en un instant la supériorité des cordes de l’OSM. Le fait de produire un son aussi puissant tout en gardant une telle beauté et une telle transparence n’est pas donné à tous.

Voici enfin un chef qui laisse jouer l’orchestre et laisse la musique parler tout en guidant les musiciens en éclaireur vers une compréhension juste du compositeur. Imaginez les résultats, s’ils pouvaient travailler ensemble à long terme! On se laisse emporter par le plaisir du son, par les grandes phrases qui respirent, par la beauté qui nous traverse du début à la fin.

Cette « vie » que les musiciens nous racontent, avec ses personnages, comme les « ennemis » grinçants du héros dans le second mouvement, est d’un grand lyrisme, d’une expressivité exaltée et jouissive. Je vois des spectateurs sourire. On est évidemment aux antipodes du Bartók, et je constate qu’il est plus intéressant d’avoir un programme de concert très contrasté comme celui-là qu’un programme « à thème » avec des oeuvres apparentées.

Une vie de héros, c’est aussi l’immense plaisir d’entendre les parties solo d’Andrew Wan, sublime et virtuose comme pas un, qui démontre encore une fois combien il est exceptionnel.

A la fin de ce concert éblouissant qui donne envie d’aller se faire fabriquer un chandail « Team FX », le chef revient saluer trois fois, serre Andrew Wan dans ses bras et le met de l’avant en partageant son succès.

Le concert est une forme de bonheur unique en son genre. On ne peut que remercier ceux qui nous le procurent. Maintenant, laissons les choses suivre leur cours, et qui vivra verra.

VOUS VOULEZ Y ALLER?

Le même programme est présenté ce soir, 31 octobre, 20 h, Maison symphonique. DÉTAILS. 

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