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FORMATION | Devenir luthier en 2019 : entre tradition et modernité

Par Béatrice Cadrin le 8 mai 2019

À la croisée de la tradition et de la modernité, la lutherie québécoise contemporaine continue de prendre de l’essor. (Photo: page Facebook de l'École nationale de lutherie)
Devenir luthier. À la croisée de la tradition et de la modernité, la lutherie québécoise contemporaine continue de prendre de l’essor. (Photo: page Facebook de l’École nationale de lutherie)

Stradivari, Amati, Guarneri : autant de noms qui font vibrer l’imagination comme les cordes d’un violon sous un archet agile. Très peu d’élus auront cependant le privilège de jouer d’un instrument de ces luthiers mythiques. Heureusement, la lutherie contemporaine se porte très bien au Québec, et les interprètes pourront trouver auprès d’un luthier local un instrument qui comblera leurs attentes les plus exigeantes.

Cela n’a cependant pas toujours été le cas. Rémi Rouleau, directeur de l’École nationale de lutherie, fait partie d’un petit groupe de luthiers s’appliquant à mieux faire connaître l’histoire de la lutherie québécoise. Selon lui, ce métier ne se pratiquait presque plus dans la province dans les années 1970. Le renouveau actuel a été initié par la création à Québec de l’École de lutherie artistique du Noroît, la première école du genre au pays. L’enseignement y était dispensé par le luthier d’origine italienne Sylvio de Lellis et plus tard par le Québécois Mario Lamarre. Aujourd’hui, les aspirants-luthiers peuvent fréquenter l’École nationale de lutherie à Québec ou l’École de lutherie-guitare Bruand, installée à Longueuil.

Les deux écoles profitent d’une formule de partenariat avec un cégep local leur permettant d’émettre un diplôme d’études professionnelles conforme aux exigences du ministère de l’éducation. Au sujet du soutien et de la structure fournis à son école par le Cégep Limoilou, Rémi Rouleau n’a aucune hésitation :

« C’est un partenariat profitable. On envisagerait mal d’enseigner la lutherie sans ce soutien-là, les autres formules sont trop précaires. »

Le coordonnateur à l’enseignement de l’École de lutherie-guitare Bruand, Pierre Bergeron, souligne pour sa part l’énorme avantage que tirent les étudiants de la collaboration avec le Cégep du Vieux-Montréal :

« Les étudiants n’en sont pas toujours conscients, mais c’est une solide formation qu’ils reçoivent à peu de frais dans un système public. Des luthiers professionnels de l’extérieur, des États-Unis entre autres, sont renversés de voir et d’entendre les instruments des finissants, ils n’ont pas ce genre d’école publique de lutherie. »

 

Un local de l'École nationale de lutherie, à Québec. (Photo: page Facebook de l'École nationale de lutherie)
Un local de l’École nationale de lutherie, à Québec. (Photo: page Facebook de l’École nationale de lutherie)

La passion d’apprendre

Il n’a fallu qu’une simple publicité pour l’École nationale de lutherie sur Facebook pour éveiller chez la soprano de Québec Luce Vachon le désir irrésistible de tenter l’expérience. Il n’y avait aucun doute pour elle que des deux volets offerts par l’école, soit lutherie de la guitare ou du violon, c’était la fabrication de violons qui l’attirait. Depuis un an, elle suit passionnément les cours : propriétés des matériaux, concept et dessin, fabrication des différentes parties du violon (manche, table, éclisses) et leur assemblage, sans négliger l’entretien et la réparation d’instruments existants.

« Je ne m’attendais pas à recevoir une formation aussi actuelle : les cours comme Caractéristiques des matériaux où on fait des maths et un peu de physique ou bien la création de plans d’instruments sur le logiciel Autocad me demandent toute mon attention. J’ai un très bon soutien de la part de mes professeurs et ça se passe très bien. Notre cohorte aussi est super, on se tient tous ensemble et on s’entraide dès qu’on peut. »

Même son de cloche pour l’atmosphère d’entraide du côté de l’École lutherie-guitare Bruand, où les étudiants quitteront le programme en possession de deux guitares classiques, d’une guitare acoustique et d’un ukulele fabriqués de leurs mains.

 

Un étudiant de l'école de lutherie Bruand, à Longueuil. (Photo: André Brunet)
Un étudiant de l’école de lutherie Bruand, à Longueuil. (Photo: André Brunet, Lutherie-Guitare Bruand)

Conscientes que la plupart de leurs finissants deviendront travailleurs autonomes, les deux écoles accordent de l’importance à former leurs étudiants en gestion et dans la promotion de leur travail.

D’ailleurs, des activités sont organisées pour faciliter la transition au monde professionnel. Un concert annuel par des musiciens chevronnés sert à démontrer les propriétés acoustiques des instruments complétés par les finissants, tandis que les instruments complétés sont aussi réunis dans une exposition permettant d’admirer la précision et l’esthétisme raffiné du travail accompli.

Chaque année, un(e) finissant(e) s’étant démarqué dans chaque volet de l’École nationale de lutherie est choisi pour présenter ses travaux au Forum des fabricants, le rassemblement des luthiers en violon, et au Salon international de la guitare de Québec. Pour sa part, Pierre Bergeron réserve deux emplacements dans son atelier privé de Longueuil afin de les louer à des finissants à leur sortie de l’école et ainsi leur permettre de prendre pied dans un atelier professionnel.

Qualités requises

Interrogé sur les qualités nécessaires pour devenir luthier, Rémi Rouleau place la patience et la persévérance au premier plan, devant la dextérité manuelle : « On n’est pas dans le résultat immédiat! Il faut savoir que le chemin va être long, et vouloir quand même le faire, vouloir repousser ses limites. Ça prend une capacité à relever des défis et ne pas perdre de vue ses objectifs. » Il est d’avis qu’avoir joué soi-même d’un instrument n’est pas nécessairement un atout en début de formation, mais que ça le devient lors du travail en atelier, pour bien comprendre les demandes des clients.

Et des clients, il y en a : toujours selon m. Rouleau, les besoins du marché dépassent encore à l’heure actuelle le nombre de gradués, qui réussissent bien à se placer ou à lancer leur propre atelier.

À la croisée de la tradition et de la modernité, la lutherie québécoise contemporaine continue de prendre de l’essor.

 

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Béatrice Cadrin
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