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L'AVANT-CONCERT | Cendrillon à Berlin: créations, danse et amitiés musicales

Par Michel Joanny-Furtin le 29 novembre 2018

De gauche à droite: (en haut) Gaby Baars, chorégraphe et enseignant de l’École supérieure de ballet du Québec; Jean-François Rivest, chef et directeur artistique de l’OUM; (en bas) Keiko Devaux, compositrice et étudiante au doctorat en composition de la Faculté de musique; Walter Boudreau, directeur artistique de la SMCQ. (Photo: Amélie Philibert/Courtoisie UdeM)
De gauche à droite: (en haut) Gaby Baars, chorégraphe et enseignant de l’École supérieure de ballet du Québec; Jean-François Rivest, chef et directeur artistique de l’OUM;
(en bas) Keiko Devaux, compositrice et étudiante au doctorat en composition de la Faculté de musique; Walter Boudreau, directeur artistique de la SMCQ. (Photo: Amélie Philibert/Courtoisie UdeM)

Que se passe-t-il quand on inscrit le Cendrillon de Prokofiev et Berliner Momente IV de Walter Boudreau au programme du même concert? Cela donne « Cendrillon à Berlin » concert présenté samedi, 8 décembre, à la Maison Symphonique de Montréal.

Ce sera tout un spectacle de créations et de premières, tant pour les artistes que le public. Une formidable coproduction pédagogique entre trois institutions mais surtout, un magnifique défi artistique.

« Cette production est un projet de trois ans d’échanges et d’amitiés musicales », explique le chef d’orchestre Jean-François Rivest.

« Walter Boudreau m’a proposé de diriger la création du quatrième mouvement de sa symphonie Berliner Momente avec l’orchestre de l’Université de Montréal (OUM). À partir de cette idée, j’ai proposé d’y ajouter le Cendrillon de Prokofiev en deuxième partie. »

À cette mosaïque construite autour de leurs deux idées, s’ajoute une pièce atmosphérique et planante, À perte de vue…, écrite par une jeune compositrice prometteuse, Keiko Devaux.

« Avec Berliner Momente IV, mon ami le compositeur Walter Boudreau nous propose une prise de position politico-esthétique d’une très grande culture musicale extrêmement bien ficelée qui mène l’OUM vers un maximum de défis, et j’adore ça ! », ajoute le directeur artistique de l’OUM.

« Pour compléter et le programme et le projet, « il fallait tendre la main à la danse, grâce à Anik Bissonnette et l’École supérieure de ballet du Québec (ESBQ), parce que la danse est le troisième volet de cette bonne entente artistique. Elle a fait appel au chorégraphe et professeur Gaby Baars.

« Bref, c’est une belle histoire d’amour artistique, et de collaboration entre trois institutions »

« Par le fait de ce projet, nous sommes tous heureux du mentorat qu’il implique. Pédagogiquement, c’est formidable comme expérience pour tous ces jeunes professionnels… »

 

Walter Boudreau, compositeur et directeur artistique de la SMCQ. (Photo: Amélie Philibert/Courtoisie UdeM)
Walter Boudreau, compositeur et directeur artistique de la SMCQ. (Photo: Amélie Philibert/Courtoisie UdeM)

Une soirée de créations mondiales

Expérience pédagogique certes, mais aussi une expérience artistique hors pair : une soirée complète de créations, toutes en première mondiale !

En effet, l’œuvre À perte de vue… , écrite par la lauréate du Concours de composition 2018, sera ainsi présentée pour la première fois. Idem pour Berliner Momente IV : les mouvements I et II ont été créés en 2017 (Walter Boudreau, Orchestre Symphonique McGill) et le III en 2016 (Alain Trudel, Orchestre symphonique d’Ottawa).

Voici donc l’avant-dernier volet de ce cycle orchestral. Enfin, ultime moment de cette suite de créations mondiales, la version revisitée par le chorégraphe Gaby Baars du ballet Cendrillon de Prokofiev.

Détaillons ce menu musical.

« Sa musique travaille sur le grain du son, sa nature. Sa composition est toute en textures », affirme Walter Boudreau qui dirigera la création de « À perte de vue… », en présentant Keiko Devaux.

« Nous avons passé du temps à échanger sur son œuvre parce qu’elle y exprime une approche très personnelle qu’il me fallait comprendre. Alors que je suis préoccupé par le discours musical, Keiko s’attache à la diction émotive. Elle apporte une fraîcheur dans son expression et sa composition rappelle l’approche d’un peintre, avec une grande variété de teintes de couleurs et de textures sonores », détaille le directeur artistique de la Société de musique contemporaine du Québec (SMCQ).

« Keiko est rusée, sourit Walter, parce que, sous une architecture musicale en apparence simple, elle va chercher l’émotion par un autre chemin et propose une musique enveloppante, presque envoutante… »

 

Musiciens de l'OUM. (Photo: Amélie Philibert/Courtoisie UdeM)
Musiciens de l’OUM. (Photo: Amélie Philibert/Courtoisie UdeM)

Les ruses mélodiques de Keiko

Inspirée par un souvenir d’enfance lié à son père disparu, « je me suis mise beaucoup de pression à travers cette thématique de la nostalgie et en puisant dans les musiques qu’il aimait (sonates de Beethoven), mais aussi pour moi le jazz et la musique populaire », explique Keiko Devaux.

« Plutôt qu’une création expérimentale, je voulais quelque chose de nostalgique, très romantique, lié à la mémoire et aux images passées mais ancré dans le réel des souvenirs… Une musique que ma mère saurait comprendre et apprécier émotivement. »

Selon Keiko, celle-ci sera présente au concert.

Avec l’OUM, Walter Boudreau dirigera ensuite sa propre composition Berliner Momente IV.

« Le cinquième volet attend sa création. Ça s’en vient… », commente-il.

Composés sur 20 ans, entre 1988 et 2008, ces cinq mouvements d’une symphonie, pour le moins fantastique et en tout cas magistrale pour son compositeur, est devenu l’œuvre d’une vie.

« J’ai appliqué mes techniques de composition très complexes à des icônes très connues, mais j’ai fait passer l’harmonie tonale dans un drôle de tordeur », s’amuse le compositeur et chef d’orchestre.

« Je réfléchis à écrire un 6e mouvement, sans doute avec des chœurs », sourit Walter Boudreau, le clin d’œil rêveur… Mais rêve-t-il vraiment ? Quel parachèvement ce serait !

Un regard neuf sur Prokofiev

« Prokofiev a composé trois suites orchestrales pour Cendrillon », rappelle Jean-François Rivest.

« Il a donc fallu sélectionner certains éléments pour relater cette histoire, ce conte, et, en parallèle, choisir les morceaux à la fois significatifs et signifiants pour l’orchestre et la chorégraphie et, à partir de cet ensemble, l’interprétation et le rendu de l’œuvre. » – Jean-François Rivest

« Nous avons travaillé avec Jean-François pour nous mettre d’accord sur les morceaux choisis, ceux qu’il était pertinent de chorégraphier, et comment alors en adapter les tempi », complète le chorégraphe Gaby Baars.

« J’aime ce mélange entre le ballet classique et la modernité musicale. »

« Lors d’une création nouvelle, il est difficile de faire abstraction des influences de ce qu’on connaît déjà », avance Gaby Baars qui a eu le privilège de danser le Cendrillon chorégraphié par Jean-Christophe Maillot pour les Ballets de Monte-Carlo.

« Puis à un moment, tu te lances parce qu’il faut lâcher prise. Quelques instants d’une influence vécue ? Pourquoi pas ! Ceux qui ont connu le ballet de Jean-Christophe Maillot en reconnaîtront quelques influences, mais découvriront avant tout une version plus contemporaine. Cassandre Leroux, 14 ans, dansera Cendrillon avec la vérité de son âge. »

La créativité d’une génération montante

Selon ses propos, le défi était surtout de travailler et créer à partir de certaines restrictions notamment en termes de capacités physiques.

« On ne peut pas demander à des jeunes entre 14 et 16 ans encore en évolution, tout ce qu’on demanderait à un danseur adulte. Comme la musique est jouée en direct sur la scène, chaque danseur doit apprendre à ressentir la musique physiquement pour suivre l’orchestre. »

Afin que chacun y trouve sa place, « il nous a fallu équilibrer la mise en valeur entre les danseurs et l’orchestre, avec des parties dansées et d’autres où l’orchestre assume seul la part instrumentale du ballet », expliquent Gaby Baars et Jean-François Rivest.

« Ce qu’il y a d’enthousiasmant dans un tel projet, c’est l’énergie que les jeunes musiciens et danseurs y mettent. Il y a une forme de vérité et de fraîcheur mais aussi de fragilité qui rend leur travail extrêmement touchant », s’accordent à dire en chœur les trois maîtres d’œuvre de cette coproduction.

« Ce ballet est donc un challenge pour nos élèves, mais c’est aussi la création d’une jeune génération qui ne connaît pas encore la routine et les ecchymoses de la vie, poétise en terminant Jean-François Rivest. Ce spectacle se révèle un véritable apprentissage professionnel pour les élèves de l’ESBQ et les jeunes de l’orchestre. »

Cendrillon à Berlin, samedi 8 décembre, 19 h 30, Maison Symphonique. BILLETTERIE

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