We have detected that you are using an adblocking plugin in your browser.

The revenue we earn by the advertisements is used to manage this website. Please whitelist our website in your adblocking plugin.

CRITIQUE | La Flûte enchantée au Festival d'opéra de Québec: Robert Lepage le magicien

Par Samuel Croteau le 1 août 2018

La Flûte enchantée de Mozart dans une mise en scène de Robert Lepage est présentée à guichets fermés cette semaine au Festival d'opéra de Québec. (Crédit: Louise Leblanc)
La Flûte enchantée de Mozart dans une mise en scène de Robert Lepage est présentée à guichets fermés cette semaine au Festival d’opéra de Québec. (Crédit: Louise Leblanc)

Production principale de la 8e édition du Festival d’opéra de Québec, La Flûte enchantée, de Mozart, est jouée à guichets fermés pour quatre représentations à la salle Louis-Fréchette du Grand Théâtre de Québec.

La mise en scène signée Robert Lepage était présentée en première mondiale hier soir. Partenaire du Festival d’Opéra de Québec depuis le début, il y a monté Le rossignol et autres fables en 2011, The Tempest en 2012, La damnation de Faust en 2013 et L’amour de loin en 2015, de même que le programme double Le Château de Barbe-Bleue et Erwartung en 2008 dans la saison régulière de l’Opéra de Québec, une production qui m’avait fortement impressionné à l’époque.

Avant même le début du spectacle, durant le mot de bienvenue, la seule mention de son nom a déclenché des applaudissements nourris, qui se sont transformés en ovation debout. C’est également lui qui a été le plus acclamé lors des saluts finaux, lorsqu’il s’est avancé sur scène. Tout porte à croire que le public de Québec, ville natale du metteur en scène, tenait à lui démontrer son appui, en regard des récentes controverses entourant les productions SLĀV et Kanata.

La Flûte enchantée signée Robert Lepage est relativement épurée. Nous sommes accueillis par un ciel étoilé qui inspire un sentiment d’éternité. Le scintillement paisible des étoiles servira d’arrière-plan à la plupart des scènes de l’opéra. Pas de grande structure sur scène, mais plutôt des voiles noirs où apparaissent et disparaissent des personnages ou accessoires en un clin d’œil, une technique d’illusionnisme nommée black art. Le tour de magie le plus impressionnant est l’apparition de Pamina, qui semble sortir du portrait remis à Tamino.

D’autres moments étaient moins éloquents. À l’acte 2, lors du duo des Hommes d’armes, les étoiles s’éteignent ou s’allument comme des pixels selon la position des chanteurs, et le résultat est confus. Assis très près de la scène, à la rangée B du parterre, j’avais toutefois moins de vue d’ensemble.

 

Les costumes sont nombreux et élaborés. (Crédit: Louise Leblanc
Les costumes sont nombreux et élaborés. (Crédit: Louise Leblanc)

Les costumes sont nombreux et élaborés. Le contraste est frappant entre ceux qui évoquent les tissus naturels du monde extérieur (par exemple, les fringues colorées de Papageno et Papagena) et les revêtements métalliques artificiels très éclatants de Sarastro et des initiés. Alors que les trois Dames sont du monde terrestre (en vert, bleu et rouge), la Reine de la Nuit semble être vêtue d’argent pur. Dans son apparition à l’acte 1 sa robe est littéralement issue du ciel étoilé, tandis qu’à l’acte 2, elle est l’incarnation de la Lune. On se retrouve donc dans l’iconographie assez traditionnelle de la Flûte enchantée.

Direction musicale

Parlons maintenant de l’aspect musical. Le chef, Thomas Rösner, a maintenu durant toute la soirée des tempi rapides, éliminant la plupart des rallentandos habituels et écourtant les notes tenues à la fin des phrases. Certains tempi ont causé des difficultés aux scènes d’ensemble, notamment à l’acte 2, le quintette Wie! wie! wie!

À d’autres moments, je trouvais dommage de jouer si vite de la si belle musique, comme si l’on voulait passer à autre chose : la Marche des prêtres, l’air de Pamina Ach, ich fühl’s, l’air de Sarastro In diesen heil’gen Hallen. Les scènes triomphales à la fin de l’acte 1 et de l’acte 2 auraient gagné à être plus larges et solennelles. Le tout dernier accord d’une pièce était souvent envoyé de manière si courte et expéditive que cela en était déconcertant.

Ces choix esthétiques peuvent se justifier dans certains contextes, mais je ne les ai pas trouvés à propos ici. La vision de Lepage n’est pas une Flûte burlesque, mais un grand conte allégorique aux dimensions galactiques. Je suis convaincu que les solistes, de très haut niveau, auraient pu faire des merveilles de phrasé s’ils avaient eu plus de temps. Je n’ai pas pu m’empêcher de penser à ce que Bernard Labadie aurait fait avec cette production, lui qui a un instinct incomparable pour la musique vocale.

 

La Flûte enchantée, au Festival d'opéra de Québec. (Crédit: Louise Leblanc)
Frédéric Antoun dans La Flûte enchantée, au Festival d’opéra de Québec. (Crédit: Louise Leblanc)

Interprètes principaux

Le ténor canadien Frédéric Antoun a un physique très approprié pour le rôle du prince Tamino : un jeune homme courageux mais sérieux, qui ressent le poids de la démarche qu’il entreprend chez les initiés. Le long récitatif à l’acte 1 (Die Weisheist lehre) était une vibrante démonstration de son assurance et de sa détermination.

J’entendais pour la première fois la soprano Simone Osbourne (Pamina), qui m’a touchée à plus d’une reprise par la justesse de son expression, son phrasé précis et la richesse de son timbre. Elle me laisse le souvenir d’une Pamina triste, peut-être parce qu’elle est plus à l’aise dans ce registre dramatique.

Gordon Bintner jouait un Papageno décontracté. Sa tuque verte lui donnait un petit air de cégépien heureux. Tout le contraire du Papageno survolté d’Armando Noguera dans la production d’Alain Gauthier à l’Opéra de Québec en 2015. C’est un choix qui convient bien pour le début de l’œuvre, alors que Papageno conserve généralement son innocence. Cependant, lorsqu’il doit affronter les épreuves les unes après les autres dans l’acte 2, le personnage était moins convaincant. Le duo avec Papagena (Pascale Beaudin) était néanmoins un pur délice.

 

Audrey Luna en Reine de la nuit dans La Flûte enchantée, mise en scène de Robert Lepage. (Crédit: Louise Leblanc)
Audrey Luna en Reine de la nuit dans La Flûte enchantée, mise en scène de Robert Lepage. (Crédit: Louise Leblanc)

Audrey Luna m’a surpris par son premier récitatif. Elle y incarnait une Reine de la Nuit vulnérable et humaine. Au deuxième acte, elle a livré un grand et terrible Der hölle Rache.

John Relyea possède un vrai timbre de Sarastro, tant chanté que parlé. Il incarne davantage la sévère autorité que la douceur paternelle. À quelques reprises, sa voix semblait malheureusement dominée par l’accompagnement orchestral (surtout dans O Isis und Osiris).

L’image qui m’est restée au terme de cette soirée, l’un des plus beaux moments de la Flûte enchantée selon moi, est celle de l’épreuve du Feu et de l’Eau. : Tamino et Pamina, amoureux, traversent lentement la scène, la flûte enchantée les protégeant des éléments.

Pour marcher à travers les épreuves, on peut toujours compter sur l’amour et la musique.

LISEZ AUSSI:

 

CRITIQUE | Québec sous le charme de La Belle Hélène

RECEVEZ NOS CRITIQUES DIRECTEMENT DANS VOTRE BOÎTE DE COURRIELS EN VOUS ABONNANT À NOTRE INFOLETTRE GRATUITE

 

Partager cet article
lv_montreal_banner_high_590x300
comments powered by Disqus

LES NOUVELLES DU JOUR DANS VOS COURRIELS

company logo

Part of

Conditions d'utilisation & Politique de vie privée
© 2024 | Executive Producer Moses Znaimer