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CRITIQUE | Québec sous le charme de La Belle Hélène

Par Samuel Croteau le 29 juillet 2018

Maude Côté-Gendron dans La Belle Hélène. (Crédit: Louise Leblanc)
Maude Côté-Gendron dans La Belle Hélène. (Crédit: Louise Leblanc)

Pour une deuxième année, une troupe de chanteurs des Jeunesses musicales Canada loge au Théâtre La Bordée à l’invitation du Festival d’opéra de Québec afin d’y présenter un opéra-comique avec piano. Ils transporteront ensuite cette production en tournée dans plusieurs villes canadiennes.

Le Don Giovanni de l’édition 2017, à saveur de croisière des Caraïbes, avait été un de mes coups de cœur de l’année. La brillante distribution avait su s’adapter à la scène de théâtre afin de nous offrir une excellente soirée de chant et de comédie.

Lors de sa création au Théâtre des Variétés en décembre 1864, l’opérette La belle Hélène suscitait des réactions divisées chez les critiques musicaux parisiens. Certains, enthousiastes, applaudissent un « délire ingénieux », une « furie spirituelle », une « revanche gagnée par le goût parisien contre l’école de l’ennui » (Le Constitutionnel, 26 décembre 1864).

À l’opposé, certains déplorent le traitement farfelu que l’opérette inflige à la noble Antiquité grecque :

« C’est une véritable guerre aux rois et aux héros. L’Iliade et l’Odyssée sont tournés en ridicule. » (Le Petit journal, 19 décembre 1864)

Par une délicieuse subversion, le cadre mythologique permet à Offenbach et à ses collaborateurs d’appliquer un vernis classique aux clichés du vaudeville (« Ciel! Mon mari! »).

C’est le public qui en sort gagnant. Après quelques numéros, le public de la Bordée était « réchauffé » et riait de bon cœur au jeu clownesque des comédiens. Le metteur en scène Alain Gauthier n’a pas hésité à demander beaucoup d’action aux interprètes, souvent par l’utilisation d’accessoires (parasols, rideaux, poupées) et de mouvements de danse.

 

Mathieu Abel, Dominic Veilleux, David Turcotte, Charlotte Gagnon, Richard-Nicolas Villeneuve, Maude Côté-Gendron (Crédit: Louise-Leblanc).
Mathieu Abel, Dominic Veilleux, David Turcotte, Charlotte Gagnon, Richard-Nicolas Villeneuve et Maude Côté-Gendron forment la distribution de La Belle Hélène. (Crédit: Louise-Leblanc).

Cependant, la ligne est mince entre vaudeville et cabotinage. J’ai été franchement agacé par les nombreux faux cris de surprise, ainsi que par les pitreries lors des cadences vocales des solistes. Pas que l’idée soit mauvaise, mais l’effet est que la cadence perd ainsi sa tension, et donc son efficacité musicale et dramatique.

Une autre source de frustration se trouvait dans les surtitres (français et anglais). Ils étaient bien visibles, faciles à lire, et la traduction anglaise était irréprochable. Par contre, il aurait fallu prévoir le timing comique en affichant moins de mots à la fois. C’est toujours dommage de voir une blague ou une surprise gâchée par les surtitres qui apparaissent trop tôt, ou encore qui sont changés trop tard à l’intérieur d’une page chorale.

Parmi la distribution, Maude Côté-Gendron se distingue en Hélène par sa prononciation impeccable et ses aigus agréables, bien dosés dans l’acoustique sèche de la Bordée. Son jeu distingué, un peu à la manière de Sarah Bernhardt (ou de Cléopâtre, dans le film d’animation de 1968), convenait à merveille au personnage aristocrate et désinvolte de la reine de Sparte.

Quelques heureuses modifications ont été apportées au livret. Dans le cas de la charade, « or-dis-natte-heure » (ordinateur) a remplacé « loch-homme-hotte-ive » (locomotive). Je crois qu’il y aurait pu en avoir plus encore. Il y a naturellement un monde de différences entre 1864 et aujourd’hui. Ce qui était subversif pour le public parisien du Second Empire ne l’est plus nécessairement aujourd’hui, alors que c’est justement ce qui a fait le succès d’Offenbach.

 

Mathieu Abel, Pâris dans La Belle Hélène. (Crédit: Louise Leblanc
Mathieu Abel, Pâris dans La Belle Hélène. (Crédit: Louise Leblanc)

Une des répliques d’Agamemnon a eu un triste écho : « Regardez l’état de la Grèce », alors que des feux de forêt y font rage en ce moment.

Le Grand augure de Vénus nous laisse sur une note plus positive :

Je sais qu’il est de profonds moralistes
Qui font état d’être sombres et tristes,
Mais ces gens-là se trompent lourdement :
L’homme vraiment honnête est rempli d’enjouement.

Voilà un message qui conserve sa pertinence.

La Belle Hélène sera présenté de nouveau dans le cadre du Festival d’Opéra de Québec le 30 juillet et le 1er août, 20 h au Théâtre La Bordée, et à Montréal le 4 octobre, 19 h 30 à la Maison de la culture Frontenac. La production ira également en tournée au Québec et dans les Maritimes. VOIR L’HORAIRE COMPLET DES REPRÉSENTATIONS 

 

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