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LA RELÈVE | Nero and The Fall of Lehman Brothers: un opéra contemporain très baroque de BOP

Par Michel Joanny-Furtin le 9 juin 2018

 

Affiche: Roman-F-Dubois
Affiche: Roman-F-Dubois

Dans l’histoire de l’opéra, le drame chanté reprenait légendes et mythologie pour mieux souligner la fatalité des drames humains. L’opéra moderne est devenu l’écho sociétal des drames actuels, mais ces fatalités sont désormais de la responsabilité des êtres humains eux-mêmes. Exit les dieux !

La compagnie BOP | Ballet-Opéra-Pantomime présente Nero and The Fall of Lehman Brothers, un opéra « fiscalo-baroque » de Jonathan Dawe, mis en scène par Maxime Genois, sous la direction musicale de Hubert Tanguay-Labrosse.

Pourquoi une œuvre aussi ardue… et aussi hardie ?

« Jonathan Dawe était mon prof d’analyse à Juilliard », rappelle Hubert Tanguay-Labrosse, le directeur musical de ce spectacle, et co-directeur artistique de la compagnie. J’avais vu la première en 2016 et j’étais intéressé de monter un projet éclaté comme celui-là ici avec BOP / Ballet-Opéra-Pantomime pour les 10 ans de cette crise financière. »

« Cette œuvre autorise la mise en place d’une instrumentation intéressante à développer, poursuit Hubert, avec des musiciens sur scène qui deviennent ainsi des acteurs dans la trame de l’opéra et de sa mise-en scène, avec une harpe, un piano, des percussions, trois vents (flûte, clarinette, hautbois), trois cuivres (trompette, trombone, tuba), et un quintette à cordes (2 violons, alto, contrebasse, violoncelle). »

Le palimpseste d’un opéra perdu

Selon le directeur musical, Jonathan Dawe s’inspire des musiques du passé, n’hésitant pas à emprunter autant à Handel qu’à Monteverdi.

« Cela donne une œuvre touffue avec beaucoup de références aux oeuvres baroques comme, entre autres, Agrippina (Handel) ou La Passion selon Saint-Jean (Bach)» auxquelles il ajoute, pour cette œuvre, « des techniques de composition contemporaine basées sur les variations chiffrées des cours boursiers de la crise économique », avancent les créateurs.

Bref, un opéra contemporain, pensé très baroque, où les récitatifs sont des textes presque surréalistes.

Le texte, parlons-en, parce qu’il est, en soi, toute une aventure!Tout d’abord, le livret se révèle un palimpseste d’un opéra perdu (la partition, dans ce cas) de Handel, Nero, dont on n’a retrouvé que le livret. À partir de l’histoire de l’incendie de Rome en 67 après J.-C. et de la chute de Sénèque, Jonathan Dawe a mis en parallèle le krach boursier de 2008 en suivant le sacrifice de la banque d’investissements Lehman Brothers sur l’autel du capitalisme. Voilà bien une approche pour le moins originale qui mérite le détour.

Le texte assemble donc, avec humour, un écrit classique étoffé de coupures de journaux et d’extraits des audiences du Sénat américain lorsqu’il a demandé des comptes aux artisans de cette catastrophe budgétaire. Une catastrophe orchestrée par des êtres humains qui se croyaient des dieux…

La chute inexorable

Toujours dans l’idée d’un concept en miroir entre notre actualité et la tragédie antique, « la finale en palindrome reprend symboliquement le même chemin en sens inverse pour tenter de comprendre où le grain de sable s’est instillé, entraînant dans la chute un ensemble bien huilé où tous les acteurs, Néron, Lehman, « traders », Sénat, sont parallèlement responsables d’avoir laissé aller… » affirme Hubert Tanguay-Labrosse.

Comédien formé au Conservatoire d’art dramatique de Montréal, le réalisateur et metteur en scène Maxime Genois a imaginé comme décor des cubicules de travail, très réalistes, avec photocopieuses et agrafeuses qui rappellent les marchés boursiers de Wall Street.

« Tous les musiciens sont impliqués dans cet espace scénique. 21 jeunes interprètes canadiens et américains, chanteurs et instrumentistes joueront devant des écrans d’ordinateur en complet-veston. »

“Nero and The Fall of Lehman Brothers”, un opéra fiscalo-baroque de Jonathan Dawe par la compagnie BOP | Ballet-Opéra-Pantomime présenté – en première montréalaise – du 14 au 16 juin à 20h et le dimanche 17 juin à 16h, à la salle Guillet de l’église Notre-Dame-du-Saint-Rosaire (800, rue du Rosaire) à Montréal.

 

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