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RENCONTRE | Les instruments mystérieux et les femmes d'exception de Geneviève Soly

Par Caroline Rodgers le 23 mars 2018

Les idées heureuses
Les Idées heureuses. (Photo: Robert Etcheverry)

Cette année, pour le concert de la Passion des Idées heureuses du 30 mars prochain, Geneviève Soly, toujours en quête de projets uniques et originaux, a déniché deux instruments rares et précieux. La violette et le clavicymbalum feront partie d’un programme musical qui rendra hommage à deux femmes au parcours exceptionnel : Caterina de’ Vigri (1413-1463), aussi connue comme Sainte-Catherine de Bologne, et Catherine de Longpré, aussi connue sous le nom de Mère Catherine de Saint-Augustin.

Autodidacte en musicologie, Geneviève Soly s’est beaucoup intéressée à la musique de la Nouvelle-France. Elle puise ses connaissances, entre autres, dans le livre d’Élisabeth Gallat-Morin, La vie musicale en Nouvelle-France, publié en 2003. Comme c’est le cas pour chacun de ses concerts, elle a fait de longues recherches pour élaborer le programme.

« Les Augustines et les Ursulines sont arrivées par bateau en 1639, dit-elle. Marie Guyart, dite de l’Incarnation, était du voyage. Elles sont venues en Nouvelle-France avec leur bagage européen et ces femmes étaient très éduquées. Leurs connaissances musicales leur permettaient d’écrire de la musique, de la lire, de la copier. Elles avaient des violes de gambe avec elles. On a retrouvé 124 petits motets chez les Ursulines et 13 chez les Augustines. Le sujet a été étudié par un musicologue canadien, dans les années 1980 et 1990, Eric Schwandt. Il avait émis l’hypothèse que Marie de l’Incarnation avait peut-être composé de ces petits motets, car on a essayé de comprendre d’où venait cette musique. Au cours des dernières années, l’intérêt est revenu pour ces partitions. »

Les partitions retrouvées dans ces communautés religieuses sont toutes anonymes.

« J’ai examiné des manuscrits, dit Geneviève Soly. Ce sont des pièces qu’elles ont recopié elles-mêmes pour les besoin de leur liturgie, dans leur monastère. Je fais un lien entre cette musique et le manuscrit d’Odanak, que j’ai étudié pendant deux ans. C’est le même phénomène: les missionnaires jésuites, dans le Fort d’Odanak, avaient avec eux des violes de gambe et leurs plumes pour recopier de la musique française. Ils avaient probablement apporté avec eux des partitions imprimées de France, mais ils ne pouvaient pas jouer cette musique telle quelle, car ils n’avaient pas d’orgue. Cependant, ils avaient des violes de gambe, leurs belles voix. Le patrimoine musical de France est devenu le patrimoine musical de Nouvelle-France. C’est la même chose avec les religieuses: elles adaptaient et transposaient la musique pour leurs besoins. Ce qu’on veut faire, c’est de faire ressurgir cette musique, pendant la deuxième partie du concert. »

Selon les témoignages, Catherine de Longpré était une musicienne talentueuse.

« J’ai lu sa biographie originale publiée trois ans après sa mort, survenue en 1668, ce qui fait donc 350 ans. On a beaucoup de témoignages de sa vie avant son arrivée à Québec. Elle est venue ici à 16 ans, selon sa propre volonté. C’était une enfant prodige, qui avait le don des langues et de la musique. »

Le concert est précédé d’une conférence pour mettre la musique en contexte.

« C’est vraiment notre marque de commerce aux Idées heureuses: on rend la musicologie vivante. J’aime recréer des choses et j’ai toujours un fil conducteur pour élaborer mes programmes. Cela me prend des mois et des mois. Le fil conducteur de Catherine de Longpré, ce sont des petits extraits de sa biographie où l’on parle de musique. J’ai réussi à trouver des pièces directement liées aux citations. » – Geneviève Soly

 

Instruments rarissimes

Pendant le concert, Geneviève Soly jouera du clavicymbalum, un instrument médiéval à cordes frappées. Il s’agit d’une reproduction fabriquée par Jean-Sébastien Dufour, des Ateliers Bellavance.

Le clavicymbalum, petit instrument à cordes frappées. (Photo: courtoisie).
Le clavicymbalum, petit instrument à cordes frappées. (Photo: courtoisie).

L’autre instrument particulier du concert est une reproduction unique d’une violette, un très petit violon que Caterina de’ Vigri, ou Sainte-Catherine de Bologne, patronne des artistes, a fait fabriquer au XVe siècle. La première partie du concert, plus courte, est consacrée à cette femme. Cette unique copie de l’instrument a été fabriquée en 2015 par le luthier bolognais Alessandro Urso. Il a été ramené à Montréal spécialement pour l’occasion par Laura Andriani, violoniste des Idées Heureuses.

 

La reproduction de la violetta de Caterina de Vigri. (Photo: courtoisie des Idées heureuses)
La reproduction de la violette de Caterina de’ Vigri. (Photo: courtoisie des Idées heureuses)

Histoire de la violette

Caterina de’ Vigri (1413-1463) était, tout comme Catherine de Longpré, une femme intelligente et cultivée. À 14 ans, elle décide d’entrer en religion.

« C’était une artiste accomplie, qui a peint toute sa vie, qui a fondé le monastère des Franciscaines de Bologne. L’année d’avant sa mort, elle a fait un songe dans lequel elle a rêvé d’un instrument de musique qu’elle a dessiné et fait construire par un facteur. C’est un mini-violon, la violette. Au musée des violons à Crémone, il y a une copie et il est identifié comme le premier violon de l’histoire de la musique. Cette copie qu’ils ont a été faite d’après l’instrument de Caterina de’ Vigri, qui a été conservé religieusement au monastère après sa mort, et qui est gardé sous une cloche de verre, à côté de son corps momifié, car il ne s’est jamais désagrégé. »

Si la copie du musée de Crémone avait été réalisée d’après l’observation de la violette sous la cloche, en 2015, on a ouvert pour la première fois le fameux globe pour sortir l’original et en prendre des mesures.

« Il y a une seule copie comme celle-ci au monde, qu’on nous prête, et ce sera la première fois que cet instrument sera joué en Amérique du Nord. C’est un peu de la folie de faire des choses pareilles, pour une petite organisation comme la nôtre, mais on trouve ça passionnant. »

Concert de la Passion: Ia Bande Céleste. Vendredi 30 mars, 15 h, salle Bourgie. ACHETER DES BILLETS. 

Musique au programme :

Musique figurée et petits motets manuscrits des Hospitalières augustines de l’Hôtel Dieu et des Ursulines de Québec pour le temps de la Passion et en l’honneur de la Vierge Marie (XVIIe et XVIIIe siècles) ; Petits motets de Nicolas LEBÈGUE (1631 – 1702) pour l’Assomption et la Semaine sainte; Regina Caeli (H.32b) de Marc-Antoine CHARPENTIER (1643-1704).

Plain-chant :
– Extraits de la messe pour la fête du Sacré-Coeur de Marie, propre aux Hospitalières (source : Archives de l’hôtel Dieu de Québec)
– Magnificat (source : Archives des Ursulines)
– Psaume 33 en faux-bourdon
– Te Deum (Source : Archives de la Congrégation de Notre-Dame) en alternances avec des versets du Livre d’orgue de Montréal

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