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DOSSIERS | Pianos publics de Montréal : Il y a de la musique dans l'air!

Par Frédéric Cardin le 22 février 2018

(Crédit photo: Page Facebook des Pianos publics)

Tout le monde connaît et aime les pianos publics ! Mais vous est-il arrivé de vous demander ce qu’ils faisaient pendant l’hiver ? Dans quelle caverne bien douce hibernent-ils ? Et quels soins leur donne-t-on avant leur réveil printanier ? Ce sont les questions (et bien d’autres aussi !) que je suis allé poser à Julien Leblond, grand responsable de tout ce qui concerne les pianos publics montréalais et initiateur de cette idée dont le succès majeur ne souffre d’aucun bémol de popularité.

 

Allez faire un tour dans la section vidéo de Google en recherchant « Pianos publics ». C’est fou ce que vous trouverez ! Le claveciniste (et pianiste !) Luc Beauséjour jouant Scarlatti, Patrick Watson égrenant ses notes délicieusement clinquantes devant une foule magnétisée par le moment de magie qui se déroule devant elle, ou encore 17 pianos publics et encore plus de pianistes (dont le Duo Fortin-Poirier, Olivier Hébert-Bouchard, Jason Bajada et plein d’autres) à l’unisson par une belle journée d’été, jouant tous en même temps une chanson de Louis-Jean Cormier, quand ce n’est pas ailleurs le classique Quand les hommes vivront d’amour.

 

 

Depuis 2012, les pianos publics font l’unanimité à Montréal : on ne s’en passerait plus ! Ils allument nos étés de mille et une rencontres aussi fascinantes que surprenantes et de moments inoubliables de communion musicale spontanée avec de parfaits inconnus.

 

 

L’étincelle est apparue dans la tête de Julien Leblond lorsqu’il a pris connaissance du projet Play Me, I’m Yours, une initiative de l’artiste anglais Luke Jerram qui a pensé offrir des pianos remis en état accessibles gratuitement pendant quelques semaines dans les rues de Londres et ailleurs dans le monde à partir de 2008.

Julien Leblond, accordeur de son métier et Gardien de pianos autoproclamé, a importé l’idée à Montréal en 2012. Il lui a donné une pérennité que le projet Play Me I’m Yours n’avait pas, soit une disponibilité pendant tout l’été et pas seulement 2 ou 3 semaines.

Mais l’hiver, que font-ils ces pianos ? Où vont-ils ? Sont-ils bien soignés, dorlotés ? Comment les chouchoute-t-on en prévision de leur retour pour la prochaine saison ?

L’hiver : hibernation pour les uns, résurrection pour les autres

Le « Sanctuaire » de Julien Leblond sert de point de chute collectif, mais il revient à chaque arrondissement de gérer ses pianos publics comme il l’entend. Certains les entreposent (comme le Plateau, qui a son propre espace dédié), d’autres les confient à Julien. Certains pianos poursuivent même leurs activités tout l’hiver, que ce soit dans des écoles ou dans des centres culturels. Les possibilités sont nombreuses.

L’essentiel, me dit M. Leblond, c’est qu’on les entretient tant qu’on peut pendant l’été, en les visitant souvent, en les raccordant régulièrement, en surveillant leur état général. En règle générale, il ne reste qu’un travail de base à faire au printemps pour les ranimer, après la dormance hivernale.

QUESTION: Certains « meurent-ils » en fonction pendant la belle saison ?

« Oui, ça arrive. Parfois, les fractures ou autres dégâts sont trop prononcés pour penser à les ranimer ».

Un moment triste, assurément, pour cet homme qui se bat continuellement pour permettre au plus grand nombre possible de pianos de vivre alors qu’ils ont été rejetés par leurs propriétaires.

Les arrondissements se retrouvent chaque année avec des pianos qui leur sont donnés parce que les propriétaires ne savent plus quoi faire avec et n’en veulent plus. C’est là que Julien et son équipe interviennent. Ils inspectent les pauvres abandonnés et sauvent ceux qui ont le potentiel de revivre en tant que piano public.

En moyenne, sur le nombre de délaissés, la moitié sera rescapée. Dépendant des années, ce sont 2 ou 3 dizaines de pianos qui peuvent être rejetés à Montréal.

QUESTION: Et un piano qu’on sauve du sort infamant de la destruction pure et simple, ça peut coûter combien à ressusciter ?

« Comme nous nous concentrons sur ceux qui n’ont pas de problèmes majeurs, on peut parler d’environ 500 dollars par piano », dit Julien Leblond.

Quand un piano est identifié pour être remis en état, il est alors emmené au « Sanctuaire » des pianos de Julien et de ses partenaires de l’entreprise Moventune, situé près de Ville Saint-Pierre, entre Lachine et Ville LaSalle.

C’est là que Julien Leblond et ses partenaires (des membres de sa famille, entre autres !) lui redonnent une deuxième chance, une chance qu’il ne ratera pas quand on sait à quel point l’instrument sera apprécié par le public.

Pendant l’hiver, donc, certains sont parqués (respectueusement) dans des entrepôts en attendant le printemps. D’autres se retrouvent dans des lieux publics intérieurs.

QUESTION: Pour ceux qui sont entreposés, les conditions sont-elles adéquates (température, humidité, etc)?

« Oui c’est bien, en général, dit Julien Leblond. N’oublions pas que ce ne sont pas des pianos de concert ! Il n’y a pas le même besoin qu’avec des Steinway. Mais les conditions sont bonnes. Ceux qui sont dans le Sanctuaire n’ont rien à craindre. De toute façon, au Réveil des pianos, nous repassons systématiquement chaque instrument à l’inspection. »

Le Réveil des pianos, c’est ainsi que Julien appelle la période autour de la fin février au début mars). Lui et son équipe parcourent la ville à travers chaque arrondissement pour aller rendre visite aux amis qui se réveillent doucement, les ausculter et guérir les petits bobos s’il y a lieu afin qu’ils soient en pleine forme pour la nouvelle saison. Ils passent aussi en revue tous les pianos ramassés depuis l’automne, et identifient les candidats à la deuxième chance.

Ça commence à s’activer dans la caverne !

 

Au printemps, Julien Leblond et son équipe parcourent la ville à travers chaque arrondissement pour aller rendre visite aux amis qui se réveillent doucement, les ausculter et guérir les petits bobos s’il y a lieu afin qu’ils soient en pleine forme pour la nouvelle saison. (Crédit: Frédéric Cardin)
Au printemps, Julien Leblond et son équipe parcourent la ville à travers chaque arrondissement pour aller rendre visite aux amis qui se réveillent doucement, les ausculter et guérir les petits bobos s’il y a lieu afin qu’ils soient en pleine forme pour la nouvelle saison. (Crédit: Frédéric Cardin)

Pianos sauvés et pianos sauveurs de vie

On connaît les pianos publics comme des pianos droits. On imagine mal un piano à queue être rejeté par son propriétaire. Et pourtant, ce fut le cas! Ce piano est accessible au Centre culturel Notre-Dame-de-Grâce à longueur d’année, car il est protégé des intempéries. Un piano à queue a quand même droit à quelques privilèges !

Mieux encore : un jour, raconte Julien Leblond, un trésor historique nous est arrivé sous la forme d’un vieux piano mécanique comme ceux que l’on imagine dans un saloon ou dans un film animé de Lucky Luke ! Une petite merveille qui sort parfois dehors mais avec de grandes précautions !

Je disais plus haut que les pianos publics ont créé un sentiment d’appartenance des citoyens de divers quartiers, et que des amitiés se sont tissées grâce à eux.

Une anecdote touchante m’a été racontée par Julien à ce propos. Un jour, lors d’une prestation sur un piano public, des habitués ont remarqué qu’une des leurs, qui s’y présentait régulièrement, n’était pas là. On alla vérifier chez la dame âgée et on la découvrit étendue sur le sol, prise d’un malaise. Elle a été sauvée !

Une Route des pianos ?

Julien Leblond n’a pas l’intention de s’arrêter là. Les pianos publics sont désormais en expansion non seulement à Montréal, mais ailleurs au Québec. On en retrouve à Trois-Rivières, à Rouyn-Noranda, à Québec, à Gaspé, à Saint-Jérôme, à Granby, etc.

Ce qui amène ce passionné à rêver de la création d’une Route des pianos publics à travers le Québec ! Sur cette Route, des tournées d’artistes qui donneraient des récitals à travers la province !

Et aussi, des événements mettant en scène les pianos publics, mais dans un contexte plus large, comme des théâtres de marionnettes ! Ou encore une application « pianos fantômes » qui permettrait aux citoyens de revoir certaines prestations de l’été pendant la saison morte grâce à un système de réalité augmentée (ça fonctionnerait comme suit : disons que nous sommes l’hiver, on place son téléphone devant le lieu où se trouvait un piano public pendant l’été, et grâce à l’application mobile, on revoit et réentend un musicien qui en a joué et qu’on avait filmé. Chouette, non ?).

Mais tout ça devra partager sa place et son temps avec un autre projet actuellement mis en œuvre par Julien Leblond : celui des vélos musicaux ! L’idée est simple, des vélos sont équipés de systèmes de son diffusant chacun une des lignes instrumentales d’une pièce ou d’une chanson connue. Ensemble, en roulant, ils font entendre la pièce au complet ! Une nouvelle façon de faire du vélo en groupe !

 

 

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