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EXCLUSIF | Alain Lefèvre signe avec Warner Classics et enregistre le Concerto de l’asile de Boudreau avec Analekta

Par Caroline Rodgers le 14 février 2018

Alain Lefèvre (Photo: courtoisie)
Alain Lefèvre (Photo: courtoisie)

De passage en Amérique du Nord pour six semaines et plusieurs concerts, le pianiste Alain Lefèvre nous a annoncé en primeur qu’il avait signé une entente importante avec Warner Classics, pour l’enregistrement de plusieurs disques, dont le premier sortira cet automne. Il a discuté avec nous de ses projets et de son nouveau rôle de patron d’honneur du Concours musical international de Montréal.

« Les gens de Warner m’avaient déjà approché il y a plusieurs années, dit-il. Ils m’ont dit que j’étais un artiste atypique et que ce côté leur plaisait, que c’était l’avenir de la musique. Cela dit, je n’ai pas cassé mon contrat avec Analekta pour aller avec eux. Il approche tout simplement de sa fin. »

Parlant d’Analekta, autre bonne nouvelle : la semaine prochaine, le pianiste enregistrera (enfin!) le fameux Concerto de l’asile, de Walter Boudreau, qui avait été créé en janvier 2013 par l’Orchestre symphonique de Montréal dans des circonstances justement un peu folles, sous la direction du chef français Ludovic Morlot. À la première, le chef d’orchestre invité s’était embrouillé quelque part dans la partition, obligeant tout l’orchestre à s’arrêter, s’excusant en anglais au public, et reprenant. Le lendemain, La Presse titrait : « Longue soirée à l’asile », et Le Devoir qualifiait la prestation du chef de « lamentable ».

Cinq ans plus tard, donc, c’est avec l’Orchestre du Centre national des arts, à Ottawa, qu’Alain Lefèvre reprendra deux fois cette œuvre titanesque du compositeur québécois, sous la direction d’Alexander Shelley. Le tout sera gravé par Analekta.

Ces jours-ci, le pianiste, qui vit maintenant en Grèce mais revient régulièrement au Canada, discute de l’œuvre avec Walter Boudreau. Il profite aussi de son séjour à Montréal pour enregistrer à l’avance son émission de radio sur ICI Musique.

« Depuis 35 ans, je défend la musique de chez nous, dit Alain Lefèvre. Pour moi, c’est primordial. On a énormément de grands pianistes canadiens qui jouent rarement nos compositeurs. Je me bats pour que la musique des compositeurs canadiens soit reconnue à travers le monde. Alexander Shelley est très engagé pour la nouvelle musique et il se fait un point d’honneur à être des plus sérieux quant à la création des œuvres des compositeurs d’ici. »

 

Rappelons que le Concerto de l’asile est inspiré de la Valse de l’asile, une pièce pour piano originellement jouée à l’orgue de Barbarie et composée pour la pièce L’asile de la pureté, de Claude Gauvreau, présentée en 2004 au Théâtre du Nouveau Monde. À la demande d’Alain Lefèvre, Walter Boudreau l’avait adaptée pour le piano, et elle est devenue l’indicatif musical de son émission de radio.

Patron d’honneur du CMIM

Depuis septembre, Alain Lefèvre est officiellement patron d’honneur du Concours musical international de Montréal, dont la prochaine édition, dédiée au chant, aura lieu du 27 mai au 7 juin.

« La musique classique est en transformation. On ne peut pas de cacher la vérité, que, quelque part, on s’inquiète tous de la place qu’elle occupe. Une foule de jeunes pianistes talentueux viennent me demander comment ils peuvent faire pour avoir une carrière. J’ai réalisé que le CMIM était un tremplin intéressant pour les jeunes interprètes. »

« L’an dernier, on m’a demandé d’être membre du jury et franchement, j’ai été impressionné par l’organisation et par l’intégrité totale du système mis en place pour les juges. J’ai beaucoup aimé mon expérience. »

« Quand les gens du concours m’ont demandé si je serais intéressé à m’engager davantage, j’ai accepté parce que nous avons discuté de manières de développer le concours, de le rendre plus attrayant aux yeux du public, et ainsi de suite. »

 

Le Concours musical international de Montréal aura lieu du 27 mai au 7 juin.
Le Concours musical international de Montréal aura lieu du 27 mai au 7 juin.

Son rôle de patron d’honneur ira donc bien au-delà de celui de simple porte-parole.

« Quand je fais des tournées, je parle du CMIM aux directeurs artistiques des salles où je joue, J’essaie de faire en sorte que les lauréats soient invités à jouer ailleurs. L’important avec les concours, ce n’est pas seulement les prix, mais que les gagnants puissent avoir des concerts. J’essaie de servir d’engrenage en ce sens. »

Les enfants d’Haïti

Alain Lefèvre profite également de son passage au Québec pour donner un récital-bénéfice pour les enfants réfugiés d’Haïti dans le cadre du festival Montréal en lumière, le 25 février.

« Depuis quelques années on entend beaucoup de choses sur les réfugiés, toutes sortes d’opinions et d’idées qui peuvent être discutées, mais je pense qu’au bout du compte, quand tu vois un enfant qui n’a pas assez à manger, c’est ça le plus important. On voit une montée des tensions politiques et sociales. Une partie de la population mondiale veut venir dans les pays du Nord et on aura beau construire des murs, jamais rien ne pourra empêcher le flux migratoire des gens qui souhaitent une vie meilleure. »

« Quand j’ai entendu parler de ce qui se passait avec ces enfants haïtiens réfugiés qui arrivent principalement des États-Unis, et vivent souvent dans des conditions difficiles, j’ai discuté avec Montréal en lumière et la Maison d’Haïti pour faire quelque chose pour les aider. Le concert s’annonce bien. »

Pour ce récital, il partagera la scène avec le pianiste haïtien David Bontemps.

André Mathieu avec l’OSM

Le 24 avril, le pianiste jouera la Rhapsodie romantique, d’André Mathieu, avec l’OSM, sous la direction de John Storgards.

« La Rhapsodie romantique est l’un des épisodes les plus tragiques dans la vie de Mathieu. Le maire de Montréal voulait qu’il compose une pièce. Mathieu, qui était alors en pleine composition de son quatrième concerto, en a extrait le second mouvement et il en a fait une œuvre à part. Il était tellement content d’avoir une création à Montréal qu’il avait cessé de boire, il était devenu sobre. Malheureusement, à quelques semaines de la création, on lui a dit que ça n’aurait pas lieu, ce qui l’a replongé sa pire dépression. »

Il y a quelques années, Alain Lefèvre affirmait qu’il avait fait le tour avec André Mathieu et qu’il était prêt à passer à autre chose.

« Par la suite, j’ai réalisé que si j’arrêtais, je ne voyais pas d’autres pianistes prendre la relève, dit-il. Cependant, j’ai vu tout récemment que d’autres pianistes commencent à jouer son œuvre et pour moi, c’est la plus belle chose qui puisse arriver. »

« Mathieu existe et fait partie de notre histoire. Ce serait lamentable qu’on ne le joue plus. Les jeunes pianistes qui reprennent le flambeau le font bien et je suis maintenant rassuré. »

Parmi les projets Mathieu auxquels il tenait, il y a évidemment ce disque d’Analekta lancé l’automne dernier, le Concerto no 3, à distinguer du Concerto de Québec, une version modifiée de l’œuvre originale, adaptée en 1946 pour servir de trame sonore au film La Forteresse.

 

« Quand j’ai enregistré le Concerto de Québec, il y a plus de dix ans, j’en étais au début de mon aventure avec Mathieu et j’avais une partition du Centre de musique canadienne qui était la seule existante. On a réalisé plus tard qu’il y avait une autre partition dans le Fonds Mathieu, à Ottawa, écrite complètement de sa main, avec deux parties de piano, qu’il avait écrites en attendant de faire l’orchestration. Je me suis dit : il faut absolument que cette partition, trouvée par George Nicholson, vive. Elle compte dix minutes de plus que celle du Concerto de Québec, et près de 30 000 notes et rythmes différents. On se devait de faire en sorte que la réelle partition voulue par André Mathieu voie le jour. J’ai été chercher moi-même le financement pour honorer le travail de Jacques Marchand, qui, pendant deux ans, a révisé cette partition et en a fait une orchestration. »

Ce disque sorti l’automne dernier, avec l’Orchestre philharmonique de Buffalo sous la direction de JoAnn Falleta, est donc, pour lui, la vraie première Concerto pour piano no 3 de Mathieu, la version la plus près de ce que le compositeur avait voulue.

« JoAnn Falleta a été l’une des championnes de la musique de Mathieu, elle adore sa musique, et c’est pourquoi j’ai voulu l’enregistrer avec elle. »

Pour entendre Alain Lefèvre prochainement:

Avec l’Orchestre du Centre national des arts d’Ottawa : 20 et 21 février, 20 h, salle Southam.

Récital-bénéfice avec David Bontemps pour les enfants réfugiés haïtiens, 25 février, 19 h, le Gesù

Avec l’Orchestre symphonique de Montréal, 24 avril, 20 h, Maison symphonique.

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