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L'AVANT-CONCERT | TwinMuse au Petit Outremont : écran sonore à quatre mains

Par Frédéric Cardin le 30 janvier 2018

Les sœurs Hourshid et Mehrshid Afrakhteh, du duo TwinMuse. (Crédit: Marc-André Laliberté)
Les sœurs Hourshid et Mehrshid Afrakhteh, du duo TwinMuse. (Crédit: Marc-André Laliberté)

Le mardi 30 janvier au Petit Outremont à Montréal, dans le cadre de la série Mardis métissés de Vision Diversité, le duo de piano 4-mains TwinMuse donnera un concert qui sort des sentiers battus de la musique classique.

Le duo formé de deux sœurs jumelles, les Montréalaises Hourshid et Mehrshid Afrakhteh, jouera 3 œuvres (dont le Sacre du printemps de Stravinsky) accompagnées de projections visuelles, et 3 autres œuvres « traditionnelles » (sans projection).

J’ai rencontré les deux jeunes femmes, qui viennent tout juste de terminer un doctorat (en même temps!), afin de comprendre un peu mieux le concept du concert.

Une première impression positive naît en moi en les voyant pour la première fois en personnes : les jeunes femmes sont élégantes, habillées semblablement, mais avec de petits détails de couleurs et de motifs dans les vêtements qui nous permettent de les départager (car elles sont totalement identiques).

Ça c’est le superficiel, bien sûr. Ce qui frappe plus profondément, c’est l’intelligence aiguisée qui se manifeste dans leur discours, une intelligence dénuée de la moindre prétention.

Bref, elles sont très sympathiques, tout en imposant le respect.

Son et images

Alors, en quoi consiste le concert du 30 janvier? Il s’agit d’un concept que les deux jeunes femmes trimballent depuis quelque temps déjà (ce n’est donc pas une première qui sera donnée mardi) et qui vise à explorer les possibilités d’interprétation de la musique pour piano quatre mains, dans un contexte multimédia.

La pièce de résistance de la soirée est l’extrait du Sacre du printemps de Stravinsky (les 10 dernières minutes, précisément), joué sur un film réalisé par un étudiant et une enseignante du département de danse de l’UQAM, Denis Poulin et Martine Époque.

Le film s’intitule Coda et est présenté comme une chorégraphie de « danse sans corps ». On y voit des personnages pixélisés être transformés par les éléments de la nature et par d’autres personnages ainsi animés. Telles des entités faites de poussière, celles du monde et à la base de tout, les personnages interagissent spontanément avec le feu, le vent, l’eau, etc. L’œuvre se veut un symbole du rapport à la fois symbiotique et conflictuel de l’humain avec la nature.

Coda est produit par le Laboratoire de recherche création en technochorégraphie (LARTech). La création de ce film a été permise par une subvention du FRQSC.

C’est à l’UQAM, où les deux sœurs ont fait leur doctorat en études et pratiques des arts, qu’elles ont rencontré les réalisateurs de Coda. Ces derniers avaient en tête la musique du Sacre pour accompagner leur film, et Hourshid et Mehrshid ont été contactées afin d’enregistrer la trame sonore.

Le concert apporte une difficulté supplémentaire, puisqu’il oblige les artistes à se munir d’écouteurs leur communiquant des « clic-tracks », des signaux métronomiques,  afin de respecter précisément les tempos et ainsi ne pas décaler l’interprétation par rapport aux images. Lors du montage final du film, on les a d’abord enregistrées et on a ensuite ajusté le rythme visuel à leur jeu. La différence est importante.

Deux autres pièces multimédias sont au programme : d’abord, une œuvre de Nicole Lizée, où des extraits de films d’Alfred Hitchcock et leurs trames sonores (Psycho et Les oiseaux, entre autres) sont tripatouillés et réécris afin d’en faire une nouvelle expérience immersive.

Puis, une suite de courtes pièces inspirées du tango et écrites spécifiquement pour TwinMuse par le Canadien Matthew de Lacey Davidson. À l’origine, la composition est pour piano quatre mains seul, mais les deux artistes, en collaboration avec leur directeur de recherche, ont choisi des extraits de vieux films sur le tango, et les ont joints à leur interprétation de l’œuvre de Davidson, pour en faire quelque chose de nouveau dans un contexte multimédia.

Le programme est complété par des valeurs sûres et rassurantes : les danses hongroises nos 1 et 5 de Brahms, la Rhapsodie no 2 de Liszt et le célèbre Malaguena d’Ernesto Lecuona.

L’équilibre entre audace et réconfort est assuré.

Le soutien de Vision diversité

C’est Vision Diversité qui s’est intéressé en premier aux deux sœurs Afrakhteh. L’organisme montréalais, habitué à soutenir les artistes issus de la diversité multiculturelle de la métropole, n’a pas hésité à leur offrir son appui, même si c’est la première fois qu’il le fait pour des musiciennes associées à la tradition classique européenne.

Vision Diversité a participé à la réalisation d’un documentaire sur TwinMuse, diffusé sur MATV en 2017. On y rencontre Hourshid et Mehrshid qui nous parlent de leur parcours inusité, de l’Iran à la France, jusqu’à Montréal, où elles se sont immédiatement bien senties, et où elles ont trouvé un espace de liberté créatrice satisfaisant.

Doctorat à 4 mains

On croirait que Mehrshid et Hourshid font tout ensemble.

« C’est de moins en moins vrai, puisque nous vivons chacune avec nos conjoints depuis quelque temps. Nos vies prennent des chemins distincts, même si nous continuons à nous voir et à jouer de la musique ensemble tous les jours! »

Cela dit, elles ont tout de même fait un doctorat en même temps, à la même université (UQAM) et sur le même sujet de base (le Sacre du printemps de Stravinsky)!

En effet, à partir de l’interprétation à quatre mains du Sacre, Mehrshid a étudié minutieusement les stratégies de pratique qui permettent à chaque membre du binôme de pouvoir communiquer ses intentions, les réaliser et les adapter à l’interprétation de l’œuvre avec  le ou la partenaire, puis Hourshid, quant à elle, s’est plutôt penchée sur la façon dont l’imaginaire et la subjectivité de l’interprète influencent son jeu et, en fin de compte, celui du duo.

Intelligentes, je vous disais. Brillantes, même. Tout cela en administrant la carrière du duo qui prend de plus en plus son envol grâce à des contrats récents et à venir en France, en Slovaquie, en Chine, etc., en enseignant le piano en privé chacune de son côté (y a-t-il des différences notables dans leurs méthodes didactiques? Apparemment, non) et en continuant de s’intéresser à la création musicale et artistique dans son ensemble. Ouf!

Des projets à venir? Une nouvelle composition à créer de Tim Brady, une autre de Matthew Davidson, arrangée d’une pièce de l’Américain Frederic Rzewski, elle-même inspirée du traditionnel Cotton Mill Blues, puis, un rêve (pourquoi pas?) : Scheherazade de Rimski-Korsakov, avec un conteur afin de nous immerger complètement dans les Mille et une nuits!

Le duo TwinMuse : à suivre avec beaucoup d’intérêt!

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