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LA VIE SECRÈTE DES INSTRUMENTS | Cléo Palacio-Quintin : Kandinsky, l’hyperflûte et la créativité

Par Caroline Rodgers le 4 octobre 2017

Cléo Palacio-Quintin fait partie de ces rares personnes qui, lorsqu’elles ne trouvent pas ce qu’elles veulent dans le monde tel qu’il est, le créent elles-mêmes. (Crédit: Carl Valiquet)
Cléo Palacio-Quintin fait partie de ces rares personnes qui, lorsqu’elles ne trouvent pas ce qu’elles veulent dans le monde tel qu’il est, le créent elles-mêmes. (Crédit: Carl Valiquet)

Cléo Palacio-Quintin fait partie de ces rares personnes qui, lorsqu’elles ne trouvent pas ce qu’elles veulent dans le monde tel qu’il est, le créent elles-mêmes. C’est ce qui est arrivé avec son hyperflûte, une flûte traversière munie de capteurs sensoriels qui lui permettent de manipuler les sons en temps réels à l’aide d’un ordinateur. Elle présente cette semaine le concert Résonance Kandinsky au Gesù, en collaboration avec le Vivier.

« C’est le plus gros projet de ma vie », annonce la flûtiste autour d’un café en compagnie de Ludwig van Montréal.

La flûtiste et compositrice s’intéresse à Vassily Kandinsky depuis quinze ans, non seulement à sa peinture, mais aussi à ses écrits.

« L’œuvre de Kandinsky va plus loin que sa peinture, dit-elle. Il a énormément écrit, de la poésie ainsi que des textes théoriques et philosophiques sur l’art. Il était très attiré par la musique et il associait les couleurs aux sons. J’ai découvert son œuvre plus en détails en faisant des recherches sur la synesthésie, qui est le principe d’avoir des expériences simultanées entre le son et la couleur. En 1911, Kandinsky a écrit un grand traité sur l’art moderne, Du spirituel dans l’art et dans la peinture en particulier, un manifeste important à l’époque. »

Dans cet essai, Kandinsky développe une théorie sur la psychologie des couleurs pour donner un cadre à ses expérimentations picturales.

Vassili Kandinsky, Composition VI, 1913 Huile sur toile, Musée de l’Ermitage, Saint-Pétersbourg
Vassili Kandinsky, Composition VI, 1913, Huile sur toile, Musée de l’Ermitage, Saint-Pétersbourg

« En faisant des essais pour comprendre comment la couleur fonctionne, il l’associe souvent à des sonorités. Bien des idées de Kandinsky, qui étaient nouvelles à l’époque, sont encore tout à fait actuelles et pertinentes pour les artistes d’aujourd’hui. C’est pour cela que j’ai été vraiment inspirée par son œuvre. Dans ses tableaux, il y a une série appelée Compositions et une autre appelée Improvisations. Ces deux séries m’ont inspirée pour composer les œuvres qui seront présentées au concert. Tous les tableaux seront projetés sur écran. Il y en a 14 en tout. J’ai aussi fait des choix d’extraits de textes de Kandinsky qui seront cités entre chaque tableau. Je voulais donner un aperçu de son œuvre. »

Vassili Kandinsky Composition VIII 1923 Huile sur toile (140 X 201 cm) Solomon R. Guggenheim Museum, New-York
Vassili Kandinsky Composition VIII 1923 Huile sur toile, Solomon R. Guggenheim Museum, New-York

Elle jouera avec deux autres musiciennes : Émilie Girard-Charest, au violoncelle, et Barah Heon-Morissette, aux percussions. Les sons de ces autres instruments seront aussi modifiés.

Les tableaux, présentés par ordre chronologique, traversent toute la carrière de Kandinsky.

Le développement de l’hyperflûte

Native de Trois-Rivières, Cléo Palacio-Quintin a commencé la flûte à onze ans. Après un programme musique-études au secondaire et des études collégiales au Cégep St-Laurent, où elle s’est initiée au jazz, elle a poursuivi ses études à l’Université de Montréal. D’abord entrée à la Faculté de musique pour étudier le jazz, c’est là qu’elle a effectué son virage vers la musique contemporaine.

« J’ai été influencée par le flûtiste et compositeur Robert Dick, de New York, qui fait de l’improvisation et de la composition. Il a développé des techniques étendues vraiment extrêmes et il a enregistré un album de pièces de Jimi Hendrix qui sonnent vraiment comme du Jimi Hendrix! C’est là que j’ai découvert qu’avec la flûte, on pouvait faire autre chose que du Mozart! Découvrir Robert Dick a changé ma vie. C’était la création et l’improvisation qui m’intéressaient. À travers lui, j’ai compris qu’on pouvait faire tout ça avec la flûte. C’est là que j’ai commencé à composer, d’abord pour moi-même et ensuite pour les autres. De plus, comme à l’Université de Montréal, la musique électro-acoustique est très importante, cela m’a beaucoup influencée. »

L'hyperflûte est une flûte standard munie d’une quinzaine de capteurs, de boutons variés et d’un accéléromètre qui capte les moindres mouvements de l’instrumentiste. (Crédit: Carl Valiquet)
L’hyperflûte est une flûte standard munie d’une quinzaine de capteurs, de boutons variés et d’un accéléromètre qui capte les moindres mouvements de l’instrumentiste. (Crédit: Carl Valiquet)

Elle s’est intéressée aux techniques étendues, c’est-à-dire des façons de jouer qui repoussent les frontières de l’instrument en élargissant sa palette sonore.

« J’ai poussé cela au maximum et le pas de plus, c’était d’ajouter de l’électro pour étendre encore plus le son. Je suis allée étudier au Conservatoire de La Haye, aux Pays-Bas. C’est là que j’ai développé mon instrument, l’hyperflûte, en 1999. L’idée de l’hyperflûte est de pouvoir jouer avec un ordinateur qui traite les sons de la flûte en temps réel. Je voulais étendre les sonorités de la flûte avec une machine, mais je voulais avoir le contrôle sur l’ordinateur.  Les premières expériences avaient été frustrantes car je jouais pendant qu’un compositeur manipulait les sons. Je ne contrôlais pas. De là est venue la nécessité de construire mes hyperflûtes, qui sont équipées de capteurs de mouvements qui me permettent, avec des gestes, de contrôler, physiquement, l’ordinateur. »

Cette hyperflûte, unique au monde, est une flûte standard munie d’une quinzaine de capteurs, de boutons variés et d’un accéléromètre qui capte les moindres mouvements de l’instrumentiste. Avec ce système, le son de la flûte passe dans l’ordinateur et il est manipulé en direct. Les pièces sont donc toujours différentes, d’une fois à l’autre.

« J’utilise beaucoup d’improvisation dans mes œuvres. J’utilise aussi des sons électroniques enregistrés d’avance comme accompagnement, mais je fais beaucoup de transformation du son en temps réel. »

Résonance Kandinsky, le 5 octobre, 20 h au Gesù.

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