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ENTRETIEN | Quatre questions à Paul Agnew des Arts Florissants

Par Caroline Rodgers le 3 octobre 2017

Paul Agnew, ténor et directeur musical des Arts Florissants, qui seront à la salle Bourgie le 4 octobre. (Crédit photo: Oscar Ortega)
Paul Agnew, ténor et directeur musical des Arts Florissants, qui seront à la salle Bourgie le 4 octobre. (Crédit photo: Oscar Ortega)

Les Arts Florissants, l’un des ensembles baroques les plus réputés au monde, visitent Montréal et Québec cette semaine avec leur directeur musical adjoint, Paul Agnew. Ce dernier s’est brièvement entretenu avec Ludwig van Montréal au téléphone, vendredi dernier. Alors que l’on célèbre le 450e anniversaire de Monteverdi, les Arts Florissants donneront un concert de ses madrigaux, le 4 septembre, 19 h 30, à la salle Bourgie, dans le cadre de la série Tiffany de la Fondation Arte Musica.

Q-Racontez-nous brièvement votre rôle et de votre parcours avec les Arts Florissants

« William Christie est toujours très actif et il est encore directeur musical fondateur, et je suis directeur adjoint. Nous partageons le travail, ce qui nous permet de faire plus de musique et de concerts. Je l’ai connu parce que j’ai été chanteur, ténor, pendant 25 ans. J’ai auditionné pour lui en 1992. Je ne connaissais pas très bien la musique française baroque, à l’époque. Je suis né en Écosse. Le hasard a fait en sorte que j’avais une voix faite pour le baroque français, ça me convenait très bien. J’ai développé une passion pour cette musique et le grand chef pour celle-ci, c’est William Christie. Pendant les 25 ans de ma carrière de chanteur, j’ai collaboré avec les Arts Florissants chaque saison. Quand William voulait prendre du temps pour travailler sur d’autres projets, il m’a demandé de m’occuper de l’orchestre en son absence, ce que j’ai fait. Ça s’est bien passé dès la première fois alors nous avons décidé de créer un poste de directeur adjoint pour me donner un rôle plus permanent. Tout est venu du fait que j’avais beaucoup chanté pour lui auparavant. »

Q-Parlez-nous des madrigaux de Monteverdi, dont vous allez chanter des extraits à vos concerts cette semaine.

« Il y a huit livres qu’il a publiés pendant sa vie, et un neuvième, qui est posthume. Ce dernier prend des œuvres de toute sa vie. Aux Arts Florissants, nous avons chanté tous les livres. J’ai voulu suivre la vie de Monteverdi dans sa musique, car sa vie est fascinante et sa musique est un moment clé dans l’histoire de la musique. Elle fait une transition entre la musique de la Renaissance et la musique purement dramatique, basée sur le texte, baroque. Cette transformation extraordinaire s’entend très bien dans les madrigaux. Au concert, nous allons chanter des madrigaux à partir du quatrième livre, composés pendant qu’il était à Mantoue, où il a progressivement acquis un statut important. À Mantoue, Monteverdi a travaillé avec un ensemble très virtuose et son employeur, le Duc de Mantoue, aimait l’innovation et poussait Monteverdi vers la modernité. C’étaient des œuvres composées pour la cour, il y avait donc du budget pour faire beaucoup de choses. Ces madrigaux ont préparé le terrain pour son premier opéra, L’Orfeo, créé en 1607. C’est un moment très intéressant dans l’histoire de la musique. »

Q-Peut-on constater une évolution dans sa musique, d’un livre à l’autre?

« Tout à fait. Au début du concert, nous allons chanter les œuvres du quatrième livre, qui sont toutes à cinq voix et a cappella. Ce sont des madrigaux assez typiques de l’époque qui les a précédés. À partir du cinquième livre, Monteverdi introduit des musiciens : le clavecin, le luth. Du moment que les instruments soutiennent le groupe avec une harmonie, cela libère la voix soliste. Avant, il fallait que les cinq chanteurs participent pour créer l’harmonie. Avec les instruments, on peut avoir une seule voix, ou deux voix qui se répondent et discutent. C’est vraiment la naissance de la musique dramatique. Elle devient de plus en plus dramatique dans le sixième livre. C’est cette transformation qui lui permettra de créer un opéra qui bouleversera complètement le monde de la musique. Les madrigaux de Monteverdi ont été le laboratoire de ses opéras. Il a pu prendre cette forme et expérimenter, petit à petit, pour produire L’Orfeo, qui sera déjà un chef-d’œuvre. »

À partir du cinquième livre, Monteverdi introduit des musiciens : le clavecin, le luth. Du moment que les instruments soutiennent le groupe avec une harmonie, cela libère la voix soliste. (Crédit: Pascal Gely)
À partir du cinquième livre, Monteverdi introduit des musiciens : le clavecin, le luth. Du moment que les instruments soutiennent le groupe avec une harmonie, cela libère la voix soliste. (Crédit: Pascal Gely)

Q-Comment, décririez-vous Monteverdi à quelqu’un qui ne le connaît pas du tout?

« Ce qui le distingue, c’est son adhérence au texte. Il est l’un des premiers compositeurs à donner de l’importance au texte, à mettre le texte devant la musique. Chaque moment de la musique est inspiré par le texte et doit servir les émotions du texte. C’est cela, la grande révolution de Monterverdi. Il considère que le poète est plus important que lui, et que le musicien doit servir le poète.  Il provoque un débat qui reviendra plusieurs fois dans l’histoire de la musique, sur ce qui doit être plus important : la musique ou le texte? Monteverdi a transformé la musique, qui était jusque-là dominée par la polyphonie, en quelque chose d’autre. Cela a eu énormément de succès et les autres compositeurs de son époque ont fait comme lui. »

Les Arts Florissants, mercredi 4 octobre, 19 h 30, salle Bourgie.

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