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CRITIQUE | Tosca à l'Opéra de Montréal : une production de qualité, mais sans magie

Par Caroline Rodgers le 17 septembre 2017

Les héros de la soirée sont incontestablement Melody Moore-Wagner et Gregory Dahl. Crédit photo: Yves Renaud.
Les héros de la soirée sont incontestablement Melody Moore-Wagner et Gregory Dahl. Crédit photo: Yves Renaud.

C’est devenu depuis quelques années une habitude à l’Opéra de Montréal de présenter, pour inaugurer sa saison, une production de facture assez conservatrice. La Tosca proposée cet automne, mise en scène par l’Américain Andrew Nienaber, ne fait pas exception. Elle n’a rien exceptionnel non plus, et, si elle offre un spectacle satisfaisant, la magie et l’émerveillement ne sont pas tout à fait au rendez-vous. Nous sommes ressortis à demi-convaincus de cette première qui avait lieu, hier soir, à la salle Wilfrid-Pelletier.

Les somptueux décors très classiques de cette production déjà présentée à Cincinnati servent simplement d’écrin sans apporter de signification symbolique évidente, de message ou d’autres niveaux de lecture. Aucune trouvaille visuelle ni audace de mise en scène ne vient distraire de la musique de Puccini ou de la narration. Le metteur en scène ne cherche pas à démontrer sa propre vision en parsemant le tout d’idées personnelles, bien au contraire. On peut supposer qu’il se met modestement au service de l’œuvre, mais on peut aussi hasarder l’hypothèse qu’il ne déborde pas d’imagination.

Les héros de la soirée sont incontestablement Melody Moore-Wagner, fabuleuse en Tosca tant sur le plan vocal que du jeu théâtral, et Gregory Dahl. Chez elle, quelques notes aiguës s’avèrent criardes ou mal placées, mais dans l’ensemble, la soprano maîtrise superbement sa voix et son rôle. La soprano américaine, que l’on a aussi entendue en Cio-Cio- San dans Madama Butterfly, en 2015, est une bonne actrice, qui campe solidement ses personnages. Toutefois, certaines gaucheries dans les déplacements et la gestuelle de Floria Tosca, que l’on soupçonne attribuables à une direction d’acteur manquant de raffinement, lui donnent parfois un petit côté vulgaire.

L’excellent baryton canadien Gregory Dahl, un habitué de l’Opéra de Montréal, est au meilleur de sa forme en Scarpia. Il en impose par sa présence sur scène, sa voix puissante et sa compréhension des subtilités du personnage de Scarpia, un homme vil, mais tourmenté par ses sentiments. Il en sera récompensé par un tonnerre d’applaudissement, à la fin.

Il faut un trio de chanteurs extraordinaires pour faire de Tosca une réussite complète. Ce n’est pas le cas ici, puisque le trio est gâché par le ténor chilien Giancarlo Monsalve, loin d’être à la hauteur du rôle de Mario Cavaradossi pour plusieurs raisons. Bien qu’il ait le physique de l’emploi, sa présence sur scène n’est pas convaincante. Sa voix, sans être laide, évolue dans une esthétique et des choix interprétatifs qui ne conviennent pas du tout au personnage et sont parfois presque anti-musicaux. Il agace également par l’abus d’un vibrato relâché et par des tics vocaux qui étonnent chez un chanteur aussi jeune. Dans le fameux air du troisième acte, E lucevan le stelle, l’une des plus belles pages jamais composées par Puccini et l’un des moments les plus attendus de Tosca, Monsalve déçoit par son manque de profondeur et d’engagement. Sa passion factice ne trompe personne, également, dans ses élans amoureux peu vraisemblables envers Tosca, qu’il bécote maladroitement comme un collégien.

Pour la scène finale, Tosca se jette dans le vide non pas de face, mais sur le dos, ce qui a pour effet de soulever quelques rires parmi la foule. On ne peut s’empêcher de l’imaginer atterrissant et rebondissant sur quelque matelas ou trampoline, un ridicule qui gâche inévitablement l’effet dramatique souhaité. Il est vrai que cette scène est problématique et difficile à réaliser pour les metteurs en scène, mais diverses solutions et effets spéciaux sont envisageables. Cet expédient de type Cirque du Soleil n’est certes pas la meilleure façon de s’en sortir.

Les jeunes chanteurs de l’Atelier lyrique, qui font presque tous leurs débuts à l’Opéra de Montréal, font bonne figure, en particulier le ténor Rocco Rupolo, très bon dans le rôle de Spoletta. Quant à l’Orchestre Métropolitain, il s’acquitte impeccablement de son rôle sous la direction du chef italien Giuseppe Grazioli.

En résumé, malgré quelques défauts, la production est réussie dans l’ensemble et plaira surtout aux spectateurs qui préfèrent les versions très traditionnelles de l’œuvre de Puccini.

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