
Comment intégrer le militantisme environnemental dans notre pratique quand on est artiste? Pour la chanteuse et photographe Stéphanie Pothier, la réponse à cette question prend la forme de son récent concert-spectacle immersif, De la mer aux nuages. À travers musique et images, Pothier et son co-créateur Julien-Robert ont conçu en images et en musique un hommage à la beauté et à la force du fleuve Saint-Laurent qui forme du même coup un appel à la sensibilisation face aux risques qui le menacent.
Capter l’eau
C’est au cours d’un voyage en Gaspésie durant la pandémie que Stéphanie Pothier a débuté son exploration de l’eau comme sujet visuel : « Ce n’est pas un sujet facile à fixer en image, » avoue-t-elle. Elle est revenue avec des images répertoriant le grand comme le petit, des paysages marins comme des détails d’algues ou de nuages, qui ont constitué le point de départ pour développer l’esthétique visuelle du spectacle.
Elle a complété ce catalogue par des photos de déchets flottant dans les eaux du canal Lachine, à travers lesquelles est abordé visuellement le sujet de la pollution des cours d’eau.
Les projections pour le spectacle ont été développées à partir d’une sélection de ces images, dont certaines ont conservé leur état d’origine et d’autres ont été déconstruites et retravaillées. Sur scène, les images mouvantes résultantes sont projetées sur des écrans verticaux et sur un nuage de tulle suspendu du plafond, créant un cocon immersif.
Musique
Le spectacle est conçu comme un tout unifié, tant au niveau de ses dimensions musicales et visuelles qui se complémentent qu’au niveau des transitions fluides, ou « aquatiques » comme les qualifie la conceptrice, composées pour lier les pièces entre elles. Les pièces musicales sélectionnées sont principalement issues du répertoire français de la fin du XIXe et début du XXe siècles : Ravel, Debussy, Berlioz, Liszt, Lili Boulanger. Une exception notable est formée par les œuvres de la compositrice québécoise Rhené Jacque.
Rhené Jacque
Rhené Jacque est le nom de plume de Marguerite Marie Alice Cartier (1918-2006), compositrice, violoniste, violoncelliste, enseignante et religieuse de la congrégation des Saints Noms de Jésus et de Marie. Elle a été formée à l’école Vincent-d’Indy par Claude Champagne, François Morel, Jean Vallerand, Camille Couture et Louis Bailly. Elle a par la suite elle-même enseigné dans cette même institution, où elle a eu comme élèves entre autres le compositeur Denis Gougeon et les violonistes Reynald L’Archevêque, Sophie Dugas et Myriam Pellerin. Elle a laissé une production musicale centrée surtout sur les cordes, le piano et les mélodies pour la voix.

Confluents
En plus des pièces musicales tirées du répertoire, Julien-Robert a composé une œuvre originale en quatre mouvements pour voix, piano et traitement électroacoustique en direct. Réunis sous le titre Confluents, les quatre mouvements explorent différents états aquatiques aux atmosphères contrastantes, de la violence de la tempête à l’atmosphère feutrée des nuages, et de la mer déferlante au mystère des fonds marins. Pour ce dernier mouvement, la pianiste Rosalie Asselin et Stéphanie Pothier tirent du piano préparé des effets imitant les chants de baleine et les frottements d’un bateau sur les rochers.
De la mer aux nuages est présenté deux soirs cette semaine (admission sur réservation d’un laissez-passer, frais de 2 $) et sera repris en janvier prochain au Théâtre Outremont.
LE 11 AVRIL, 20 H, CENTRE CULTUREL NOTRE-DAME-DE-GRÂCE LAISSEZ-PASSER
LE 12 AVRIL, 19 H 30, MAISON DE LA CULTURE DE POINTE-AUX-TREMBLES LAISSEZ-PASSER