
Dimanche après-midi, à la Salle Bourgie, le Studio de musique ancienne de Montréal (SMAM), placé sous la direction de la cheffe invitée Rona Nadler, fait découvrir au public montréalais les Vêpres de Chiara Margarita Cozzolani, une œuvre longtemps négligée provenant de la plume d’une abbesse de couvent aux talents musicaux affinés.
Milan, XVIIe siècle. Au couvent de Santa Radegonda, les religieuses bénédictines chantent et jouent de la musique d’une telle qualité que des visiteurs illustres de l’extérieur de la ville s’y arrêtent, attirés par la réputation des musiciennes. L’attrait des prestations est rehaussé par les compositions de Chiara Margarita Cozzolani, issue d’une famille aisée de la ville et ayant prononcé ses vœux au couvent à l’âge de 18 ans. Entre 1640 et 1650, elle publie quatre recueils de musique, surtout des madrigaux et ses Vêpres, son œuvre la plus connue.
« La musique de Cozzolani est très variée et très dynamique, » révèle Rona Nadler, qui sera à la tête des voix et des instruments du Studio de musique ancienne de Montréal dimanche après-midi. « Elle emploie beaucoup de variété dans les formations : des duos, des trios, des numéros d’ensemble à deux chœurs. De plus, chaque phrase a un caractère très distinct. C’est intéressant comme interprète d’approfondir le caractère et les contrastes de ces différentes sections. »
Ces contrastes sont accentués par une instrumentation variée dans le groupe de continuo, qui comprend pour cette exécution par le SMAM un orgue, un violoncelle, une harpe et un archiluth.
La variété du matériau musical s’explique également par la façon étroite dont il est lié au sens du texte. La mention du pouvoir de Dieu, par exemple, est accompagnée d’arpèges et de rythmes rapides. Des passages très joyeux prennent des allures de danse.
Cette exubérance musicale, encouragée par l’archevêque de Milan Federico Borromeo, subit un coup d’éteignoir majeur avec l’arrivée de son successeur Alfonso Litta. Celui-ci aspire à exclure la musique polyphonique, considérée immorale, du répertoire. Cozzolani, qui est à cette époque abbesse du couvent, fait cependant fi des objections de l’archévêque : ses consœurs et elle continuent de ravir les visiteurs·euses avec leurs exécutions savantes, dont une longue prestation devant le Comte et la Comtesse de Brunswick – des protestants – le 24 février 1665. Cette démonstration de comportement supposément immoral devant des « hérétiques » porte la colère de Litta à son paroxisme : il s’empresse d’écrire à Rome pour s’en plaindre. Un mois plus tard, il interdit complètement la musique polyphonique et démet l’abbesse rebelle de ses fonctions.
Les Vêpres vues par Cozzolani et par Monteverdi
Le concert de dimanche peut être considéré comme le premier volet d’un événement en deux temps, puisque le SMAM poursuivra le 26 avril prochain les célébrations de son 50e anniversaire avec une inteprétation d’une œuvre marquante de son historie, les Vêpres de Monteverdi. Recluse dans son couvent, Cozzolani, avec toute son inventivité et son éducation musicale, n’avait pas accès aux mêmes ressources que Monteverdi. Elle réussit malgré tout à composer une œuvre empreinte d’originalité et d’un intérêt soutenu par son écriture musicale variée et étonnante.
LE 30 MARS, 14 H 30, SALLE BOURGIE DÉTAILS ET BILLETS
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