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CRITIQUE | L'OSQ, l’OCNA et le Toronto Mendelssohn Choir impressionnants

Par Béatrice Cadrin le 1 mars 2024

Les 110 musiciens de l'OSQ et de l'OCNA et les 100 choristes du Toronto Mendelssohn Choir sous la direction d'Alexander Shelley au Grand Théâtre de Québec. (Photo : Greggory Clark)
Les 110 musiciens de l’OSQ et de l’OCNA et les 100 choristes du Toronto Mendelssohn Choir sous la direction d’Alexander Shelley au Grand Théâtre de Québec. (Photo : Greggory Clark)

Après plus d’un an de préparatifs, l’Orchestre symphonique de Québec, l’Orchestre du Centre national des arts et le Toronto Mendelssohn Choir ont lancé leur tournée de trois villes mercredi soir dernier au Grand Théâtre de Québec. Ils seront au Roy Thomson Hall de Toronto le 2 mars et concluront par deux soirs à guichets fermés au Centre national des arts d’Ottawa les 7 et 8 mars.

Sous la baguette d’Alexander Shelley, l’orchestre combiné de 110 instrumentistes et le chœur de 100 voix ont interprété devant la salle Louis-Fréchette bondée une pièce de la compositrice canadienne Kelly-Marie Murphy, le Concerto pour piano no 2 de Camille Saint-Saens avec le jeune pianiste Kevin Chen, et la Symphonie no 5 de Jacques Hétu.

Intitulée Dark Nights, Bright Stars, Vast Universe (Nuits sombres, étoiles lumineuses, univers vaste), la pièce de Murphy est le fruit d’une commande de l’Orchestre du CNA pour leur projet d’enregistrement des œuvres orchestrales de Richard Strauss. Jumelée avec Don Juan du compositeur autrichien, Dark Stars tire son inspiration du tableau La nuit étoilée de Van Gogh, peint la même année que la création de Don Juan, ainsi que du parcours de l’astronome Williamina Fleming (1857-1911), qui a entre autres découvert la Nébuleuse de la Tête de cheval.

Dans sa recherche de sonorités liées à sa thématique céleste, Murphy exploite toute la panoplie d’instruments aux timbres scintillants : harpe, vibraphone avec archet, glockenspiel, arbre à cloches, triangle, violon solo, flûte, piccolo. Ces scintillements étoilés sont juxtaposés à des passages de grande force, évoquant la vaste étendue de l’univers. Le tout forme une excellente pièce en ouverture de concert, permettant de découvrir à la fois les voix individuelles comme les qualités expressives groupées de l’ensemble combiné.

 

Kevin Chen en solo avec les orchestres combinés de l'OSQ et du l'OCNA. (Photo : Greggory Clark)
Kevin Chen en solo avec les orchestres combinés de l’OSQ et du l’OCNA. (Photo : Greggory Clark)

Après la première pièce, c’est au tour du pianiste d’origine albertaine Kevin Chen de s’avancer sur scène pour prendre place au piano. Le nom de Chen s’est récemment répandu comme une traînée de poudre, par la suite de ses victoires au Concours international de piano Arthur-Rubinstein et au Concours de Genève. Le jeune prodige a été à la hauteur de sa réputation, se jouant des difficultés techniques du Concerto pour piano no 2 de Saint-Saens. Son toucher agile égrène les arpèges en cascades de notes perlées.

À dix-huit ans, il est normal que Chen n’ait pas encore la profondeur musicale d’un Charles Richard-Hamelin ou même d’une Élisabeth Pion, elle-même étoile montante du moment. Si on avait une suggestion à lui faire, ça serait de laisser respirer certaines phrases et de s’imprégner de l’accompagnement orchestral.

La sonorité est d’ailleurs l’aspect où le jeune pianiste a encore le plus de marge de croissance à explorer : dans l’immense salle Louis-Fréchette, face à un orchestre de 110 instrumentistes gonflés à bloc, la sonorité qu’il tire du Steinway n’a pas la portée souhaitable. Peut-être aurait-il fallu envisager couper un ou deux pupitres de cordes, pas tant pour une question de volume comme pour ajuster la texture un peu trop opaque.

 

Alexander Shelley était à la tête des orchestres combinés de l'OSQ et du CNA au Grand Théâtre de Québec. (Photo : Greggory Clark)
Alexander Shelley était à la tête des orchestres combinés de l’OSQ et du CNA au Grand Théâtre de Québec. (Photo : Greggory Clark)

La deuxième partie du concert était consacrée à la pièce de résistance, la substantielle Symphonie no 5 du compositeur québécois Jacques Hétu. Complétée quelques mois avant la mort du compositeur, l’œuvre en quatre mouvements dépeint Paris durant la Seconde Guerre mondiale. Dans le premier mouvement, les habitants de la ville encore en paix s’éveillent et vaquent à leurs occupations quotidiennes. Des mélodies évanescentes sont confiées à des instruments solos, alternant avec des épisodes énergiques. L’invasion nazie au cœur du deuxième mouvement exploite tout le pouvoir des cuivres et des percussions. Avec le troisième mouvement, on est dans la période oppressante de l’Occupation. La musique ploie sous l’emprise du joug dictatorial qui s’est installé à Paris. En termes d’atmosphère, ce mouvement peut être comparé aux symphonies de Chostakovitch, alors que les moyens employés sont différents : on est loin des lignes dépouillées et répétitives que favorise le compositeur russe. Finalement, le quatrième mouvement confie au chœur une mise en musique du poème Liberté de Paul Éluard, que les Alliés avaient fait imprimer sur des feuillets pour les parachuter sur Paris afin de soutenir le moral des habitants.

Hétu était un habile orchestrateur (mentionnons entre autres l’emploi absolument indiqué du contrebasson dans le troisième mouvement), et les forces combinées de l’OSQ et de l’Orchestre du CNA semblent prendre plaisir à interpréter son opus magnum. Le son des cordes est luxuriant, celui des bois et des cuivres rond et plein. Le chœur, préparé de main experte par Jean-Sébastien Vallée, ne donne aucun signe de faiblesse au cours des 22 minutes que dure son intervention. Il reste en parfait contrôle, même dans les tournures harmoniques inattendues et les passages a cappella.

Malgré l’excellente prononciation du chœur, le contrepoint enchevêtré de l’écriture chorale constitue un frein à l’appréciation sans entrave de la beauté du texte d’Éluard. La projection des paroles en surtitres aurait été un apport apprécié.

Un événement d’une telle qualité, marqué d’une camaraderie évidente entre les différents organismes, ne doit pas s’évanouir sans laisser de trace. Heureusement, l’OSQ, l’Orchestre du CNA et le Toronto Mendelssohn Choir vont prendre le temps d’enregistrer la symphonie de Hétu pour l’étiquette Analekta au lendemain du dernier concert.

2 MARS, 20 H, ROY THOMSON HALL DÉTAILS ET BILLETS

COMPLET! 7 ET 8 MARS, 20 H, CENTRE NATIONAL DES ARTS DÉTAILS ET BILLETS

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Béatrice Cadrin
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