L’orchestre de chambre I Musici annonce aujourd’hui avoir dû procéder à un remaniement de sa saison 2024-2025, contraint par le non renouvellement d’une subvention significative. La saison repensée comporte maintenant quatre concerts plutôt que les neuf d’abord prévus.

Saison remaniée

Les quatre concerts conservés sont Kozhukhin et Mozart (le 28 novembre 2024); le Grand concert de Noël (le 22 décembre 2024); Les tableaux d’une exposition (le 6 mars 2025) et Carte blanche à Sarahmée (le 3 avril 2025).

Devant une situation difficile, au terme de réflexions que nous imaginons torturées, I Musici a réussi un remodelage équilibré et concentré de sa programmation, conservant une apparition du premier chef invité Maxim Rysanov (plutôt que les trois initialement prévues), la présence de solistes internationaux de renom (les pianistes Denis Kozhukin et Alexandre Tharaud) tout comme la mise en valeur de talents d’ici (la soprano Anna-Sophie Néher, le trompettiste Stéphane Beaulac et les Petits chanteurs du Mont-Royal lors du Grand concert de Noël), de grands classiques (Mozart, Haydn, Vivaldi), des nouveautés (la création d’une œuvre de Keiko Devaux et d’un arrangement de François Vallières, des œuvres néoclassiques du compositeur ukrainien Valentin Silvestrov), un salut respectueux à la famille Turovsky avec un arrangement des Tableaux d’une exposition par Yuli Turovsky accompagné d’un film d’animation de sa fille, l’artiste Natasha Turovsky, et un concert promettant une rencontre surprenante avec la chanteuse Sarahmée, à qui revient l’honneur de clore la saison plutôt que d’avoir lieu en octobre comme prévu.

Se réinventer … encore

Évidemment, on ne peut que regretter le retrait des éléments ayant dû être sacrifiés (les présences de Vadim Gluzman et de Stéphane Tétreault, le concert Bartok le magicien, l’oratorio Les sept paroles du Christ de Haydn), mais l’orchestre a fait contre mauvaise fortune bon cœur en se « réinventant » – un terme aux connotations chargées héritées d’une époque encore toute proche.

« La situation actuelle nous a poussés à repenser notre approche, mais nous voyons cela comme une opportunité de nous renouveler et de continuer à inspirer notre public. », déclare Jean-François Rivest, directeur artistique et chef d’orchestre d’I Musici de Montréal.

Volet communautaire maintenu

L’orchestre va au-devant des inquiétudes éventuelles en assurant maintenir toutes ses opérations de médiation culturelle auprès des enfants, des personnes âgées et des communautés en intégration linguistique, tout comme ses concerts à l’extérieur de Montréal. Secoué par des vents contraires, l’ensemble affirme malgré tout sa détermination à utiliser la musique comme un outil puissant de cohésion sociale et d’inclusion. L’orchestre prend soin également de remercier ses partenaires, ses mécènes et son public et compte sur leur soutien pour traverser cette période de transition.

Billets déjà achetés

Les membres du public ayant déjà acheté des billets pour l’un des concerts annulés se verront offrir l’option d’échanger leurs billets contre ceux de l’un des quatre concerts au programme, ou d’être remboursés. Les mélomanes sont invités par ailleurs à faire un don à l’Orchestre de chambre I Musici de Montréal.

Une situation qui n’est pas unique

I Musici n’est pas le seul ensemble à souffrir de l’absence d’une subvention attendue : plus d’un organisme a reçu un choc lors de l’annonce des résultats de juillet. Le modèle actuel de financement continuera-t-il longtemps d’être viable? Seul le temps peut élaborer une réponse complète à cette question. Entre temps, tous les organismes culturels et artistiques puisent jour après jour dans leurs ressources de résilience et de créativité pour continuer de nous divertir, de nous faire réfléchir, d’élever notre âme et de nous parler, dans leurs langages respectifs, de notre condition humaine.

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Béatrice Cadrin

Passionnée par l’orchestre symphonique et par la médiation de la musique, Béatrice est formée en interprétation musicale (alto et direction d’orchestre) au Conservatoire de musique de Québec, à l'Université Laval et à l'École supérieure de musique et de théâtre de Hanovre (Allemagne). Elle détient aussi une maîtrise en musicologie de l’Université de Montréal. Elle est régulièrement sollicitée comme conseillère musicale et assistante réalisatrice pour des transmissions et captations de concerts des plus grands ensembles à Montréal et au Festival international de Lanaudière.

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