We have detected that you are using an adblocking plugin in your browser.

The revenue we earn by the advertisements is used to manage this website. Please whitelist our website in your adblocking plugin.

CRITIQUE | Classique Maria João Pires, sensuel Pelléas et Mélisande

Par Béatrice Cadrin le 30 avril 2024

Maria João Pires (Photo : courtoisie)

La semaine dernière, l’OSM recevait Maria João Pires pour deux soirs au cours desquels la pianiste interprétait le Quatrième Concerto pour piano de Beethoven, la « protéine dans un sandwich Schoenberg » comme Rafael Payare a décrit ce programme.

Le concerto était en effet encadré par deux oeuvres orchestrales importantes de la production pré-dodécaphonisme de Schoenberg, Verklärte Nacht et Pelléas et Mélisande, formant avec les Gurre-Lieder, une autre composition post-romantique, l’étendue des célébrations du 150e anniversaire de naissance du compositeur proposées par l’OSM. Il est un peu difficile de comprendre qu’on célèbre un compositeur ayant révolutionné les règles de l’écriture musicale en ignorant entièrement son legs le plus marquant, sa production dodécaphonique – mais là n’est pas le sujet du moment.

L’orchestre à cordes, cet incompris

Depuis janvier, deux grandes œuvres du répertoire post-romantique pour orchestre à cordes ont fait l’objet de trois exécutions notables : Die verklärte Nacht a été jouée par I Musici et Jacques Lacombe en janvier, Die Metamorphosen par l’OSM et Barbara Hannigan en février, et la semaine dernière cette nouvelle exécution de Verklärte Nacht par l’OSM et Rafael Payare. Une des trois était décevante et malavisée. Les deux interprétations de Verklärte Nacht, elles, étaient toutes deux le fruit d’efforts bien appliqués et d’une réelle volonté d’atteindre un résultat probant – sans pourtant réussir à se hisser jusqu’à un niveau indiscutablement impressionnant et mémorable.

L’orchestre à cordes, comme l’orchestre à vents, est un instrument possédant une identité distincte, et non une simple sous-section de l’orchestre symphonique. Atteindre le plus haut niveau absolument concevable avec ce type d’ensemble est une spécialité en soi. Alors, il devient possible d’en tirer une sonorité assaillant les sens de plénitude et d’intensité, comme l’ont démontré Antoine Tamestit et les Violons du Roy dans la transcription du Huitième Quatuor à cordes de Chostakovitch à la Salle Bourgie en avril 2023.

Cette plénitude absolue a échappé à l’exécution de l’OSM, qui était par ailleurs d’une mise en place irréprochable et dénotait un sens affiné de la dramaturgie inhérente de l’œuvre. Le son était plus focalisé et distinct que généreux et fondu. Grâce à la magie de la post-production, ce reproche ne paraîtra plus sur l’enregistrement dont le concert faisait l’objet, et l’interprétation aboutie conçue par Payare brillera mieux sur disque que dans la salle de concert.

Concerto

Le jeu de Maria João Pires est entièrement à la hauteur de sa réputation, que ce soit par sa musicalité développée ou son toucher raffiné (et malgré quelques accrocs au fur et à mesure que la soirée avançait). Sa conception du concerto s’appuie sur les aspects hérités du classicisme, une approche à laquelle se joint l’orchestre par un accompagnement transparent et ciselé. Le deuxième mouvement du concerto était tout à fait sublime, une grande réussite. La façon dont la structure de ce mouvement met en opposition l’intériorité de la partie soliste et l’intempestivité de l’accompagnement orchestral permettait justement d’exploiter les forces des protagonistes du moment.

Ailleurs cependant, l’énergie éclatante du chef d’orchestre et la sérénité posée de la soliste ne trouvaient pas toujours un terrain d’entente optimal, ce que le Rondo rendait apparent. L’orchestre était un peu à la traîne – pas en retard, juste sur l’arrière du temps – dans les accompagnements et soudainement plus alerte, presque pressé, dans les tutti. Étant donné la structure couplet-refrain de la forme en Rondo, ce jeu de souc à la corde s’est répété quelques fois au cours du mouvement.

Pelléas et Mélisande

Avec Pelléas et Mélisande, Rafael Payare était de retour dans le type de terrain de jeu expansif qui lui convient le mieux. La sonorité de l’orchestre entier, cette fois, se déployait avec la sensualité indiquée par le propos. Le chef s’attardait sur les lignes mélodiques, les étirant juste ce qu’il fallait. Voilà un enregistrement dont on peut anticiper avec plaisir la parution.

Attention, moment « critique grincheuse »

Non, je ne vais pas me plaindre des foutus téléphones. Quoique, il y en encore un qui a sonné trois rangées en avant de moi. Étant du genre à vérifier quatre fois que j’ai bien éteint le mien, je n’arrive pas à comprendre les gens qui s’imaginent que les demandes faites en début de concert ne s’adressent pas à eux.

Malgré une annonce faite en début de soirée précisant que le concert faisant l’objet d’un enregistrement, l’assistance était dissipée et bruyante. Pire, au retour de la pause, plusieurs personnes – au moins une vingtaine – sont retournées en retard à leurs places, dont plusieurs personnes dans la première rangée, alors que le chef était déjà rendu sur le podium! Évidemment, la demande de réserver ses applaudissements « pour la fin du morceau » n’a pas été comprise, parce que trop peu de personnes comprennent la différence entre morceau et mouvement, de sorte que des applaudissements ont fusé après chaque mouvement du concerto (le « morceau » était bien fini, non?). En l’occurrence, ce n’était pas grave parce que l’enregistrement concernait les deux pièces de Schoenberg, mais cela n’avait pas été spécifié dans l’annonce.

Il est bien d’assouplir l’étiquette du concert pour combattre la perception populaire d’événement guindé où on doit respecter des règles qu’on ne comprend pas, mais un petit retour de la balle serait également apprécié. Une demande a été faite, en donnant une explication concrète et spécifique de surcroît, et c’est vraiment sidérant à quel point elle a été complètement ignorée et bafouée.

Inscrivez-vous à notre infolettre! La musique classique et l’opéra en 5 minutes, chaque jour  ICI 

Béatrice Cadrin
Partager cet article
lv_montreal_banner_high_590x300
comments powered by Disqus

LES NOUVELLES DU JOUR DANS VOS COURRIELS

company logo

Part of

Conditions d'utilisation & Politique de vie privée
© 2024 | Executive Producer Moses Znaimer