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CRITIQUE | Jean-François Rivest et l'OUM : des au revoir éclatants

Par Julien Bilodeau le 15 avril 2024

L’Orchestre de l’Université de Montréal (OUM)
Jean-François Rivest dirigeant l’OUM en 2018. (Photo: courtoisie de la Faculté de musique de l’UdeM)

Si Jean-François Rivest nous a confié plus tôt cette semaine ses inquiétudes sur l’état de la formation musicale dans nos écoles, il a fait ce samedi soir, lors de son dernier concert avec l’OUM, la démonstration forte et éloquente qu’il y a bien peu de choses aussi porteuses d’espoir et de bonheur qu’une jeunesse rassemblée par la bienfaisance de la musique.

Dans ce contexte, le choix de la Deuxième Symphonie dite Résurrection de Mahler, un choix pour le moins audacieux, s’est avéré d’une grande pertinence. Car ce n’est pas par la nostalgie d’un dernier tour de piste que cette soirée a été marquée, mais plutôt par une fougue relayée d’éclats provenant de toutes les sections et d’une formation chorale au diapason, et spatialisée s’il vous plaît!

La Deuxième Symphonie de Mahler porte en elle un équilibre très fragile et, inévitablement, d’une interprétation à l’autre, une polarité se construit et chemine vers un point de bascule qui marque toute l’œuvre : s’agit-il d’une mort ou d’une renaissance? Tout se joue dans l’ultime mouvement, où l’emphase du drame peut être dosée pour choisir l’issue désirée. Ici, aucun doute : Rivest nous livre une interprétation vive, insatiable, toujours aux aguets, qui ne relâche jamais suffisamment ses tempos, il est vrai, mais qui demeure néanmoins cohérente.

L’audace de programmer cette œuvre pour cet orchestre tient aussi aux innombrables écueils techniques qui jonchent la partition. Il y a fort à parier qu’à cet égard, l’expérience accumulée par Rivest au sein de l’OUM lui a permis de relever ce défi, parce qu’il sait transmettre à son groupe les conseils et la confiance nécessaires pour transcender le simple exercice académique. Les exemples fusent : la justesse et la souplesse dans les unissons des bois, la chaleur des timbres dans les chorals de cuivres, le dosage du grain chez les cordes graves, la précision et l’implacabilité des percussions tant dans les fortissimos que dans les triples pianos de la grosse caisse.

Les chanteuses solistes Mireille Lebel (mezzo-soprano) et Layla Claire (soprano), entrées en scène comme il est coutume de le faire entre les premier et deuxième mouvements (façon détournée de répondre à la demande du compositeur qui propose une pause de 5 minutes entre ces mouvements – demande qui, du reste, est très rarement respectée), nous ont offert une interprétation lumineuse qui s’arrimait parfaitement avec la vision de Rivest. Leur positionnement en avant-scène a fait perdre du rapport que leurs lignes vocales entretiennent avec le chœur, mais a fait gagner en clarté de timbre, en projection et en prononciation. L’un ne devrait pourtant pas exclure l’autre.

Comme le faisait Mahler lui-même, le chœur s’est tout d’abord fait entendre en position assise et a soutenu d’éternelles harmonies dans des nuances d’une très grande douceur. Les pupitres de voix de femmes placés dans les corbeilles de part et d’autre de la salle ont ajouté beaucoup de confusion à une écriture déjà très fournie et complexe. Il y avait sans doute quelques sièges idéalement placés pour apprécier cette excentricité dictée par la configuration de la salle, mais dans l’ensemble, l’effet a soudainement brisé l’équilibre de l’image sonore patiemment construite jusque là. À l’inverse, le très grand soin porté à l’ensemble des cuivres qui jouait hors scène a contribué à multiplier la profondeur et le pouvoir dramatique de l’œuvre.

Un Mahler de jouvence alors? Absolument, et dont l’intensité était telle que l’on se laissait porter par une trépidation sous-jacente faisant abstraction de ses imperfections. Voilà bien un legs important de la vision pédagogique de Jean-François Rivest : nourrir l’ambition du dépassement dans le plaisir du partage et de la communication! L’ovation monstre qui a suivi un des plus puissants crescendos de toute l’histoire de la musique était chaleureuse, et c’est à ce moment seulement que la nostalgie du temps qui passe est venue accompagner le chef dans un dernier salut chargé d’une grande émotion.

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