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ENTREVUE | Retraite de Jean-François Rivest à l'UdeM : "la fin d'un cycle, le début d'un autre"

Par Julien Bilodeau le 8 avril 2024

Le chef Jean-François Rivest (Photo : courtoisie)
Le chef Jean-François Rivest (Photo : courtoisie)

Jean-François Rivest dirigera samedi soir prochain son dernier concert en tant que chef et directeur musical de l’Orchestre de l’Université de Montréal (l’OUM), un ensemble qu’il a fondé il y a maintenant trente ans. Initialement engagé pour y enseigner le violon, l’enthousiaste rassembleur cherche rapidement à accroître le bassin des classes de cordes et forme alors un ensemble qui, avec le support de Robert Leroux, doyen de la Faculté de musique à l’époque, deviendra l’orchestre que l’on connait aujourd’hui et qui est devenu l’un des plus beaux fleurons de la Faculté.

L’orchestre a connu une remarquable stabilité pendant toutes ces années, de sorte que le chef n’a pratiquement jamais été limité dans ses choix de répertoire. Le défi du recrutement demeure cependant toujours aussi important à ce jour. « L’OUM a toujours été constitué d’un bassin qui oscille entre 60 et 80 étudiants, cela n’a pas beaucoup changé. Ce qui a changé par contre, c’est l’origine des étudiants. Aujourd’hui, près de 50% de l’orchestre est formé d’étudiants étrangers alors qu’au départ, il l’était totalement par des étudiants québécois ».

Un constat que le pédagogue d’expérience attribue au peu de place accordé à la musique dans les écoles primaires et secondaires du Québec. « Et pourtant, ce serait si simple, imaginez si nos enfants pouvaient débuter leur journée d’école par vingt minutes de chant choral! ». Privée de ce contact avec la musique et aux prises avec un rythme de vie parental effréné, la grande majorité des enfants québécois n’ont tout simplement pas accès à une formation musicale de base.

S’il faut bien nommer ces choses, il en faudra néanmoins beaucoup plus pour éteindre le feu qui anime toujours Jean-François Rivest. Car la fin de sa carrière universitaire n’emporte pas tout avec elle : « On dit que c’est une retraite parce que, du point de vue technique, je prends ma retraite de professeur à l’université mais pour moi, au contraire, c’est la fin d’un cycle qui annonce le début d’un autre, comme ce fut le cas après mes engagements au Saguenay ou au Centre Orford. »

On pense d’abord nécessairement à ses nouvelles fonctions chez I Musici : « La symbiose qui relie les musiciens de cet orchestre est incroyable et je me vois travailler et explorer avec eux le répertoire avec beaucoup de finesse; c’est un orchestre qui réagit au quart de tour et c’est un grand bonheur pour moi de me projeter avec lui dans le futur. » Si on imagine peu celui dont le « Cessna attend de sortir de son garage » s’arrêter pour prendre une pause, il s’enthousiasme tout de même à l’idée d’avoir du temps pour réfléchir, lire ou écouter la musique de son choix sans que ce ne soit par obligation professionnelle.

Jean-François Rivest, chef d'orchestre, Orchestre de l'Université de Montréal, Gloire soviétique
Jean-François Rivest dirigeant l’Orchestre de l’Université de Montréal en 2019. (Photo : Antoine Saito)

Le concert de samedi fera entendre la gargantuesque Deuxième Symphonie de Mahler, une des rares à n’avoir pas été jouée par l’OUM : « Oui, c’est vrai je me fais plaisir mais c’est aussi une expérience extraordinaire pour les étudiants; la Deuxième de Mahler, ça n’arrive pas souvent pour personne! ». D’ailleurs, il n’a pas été trop compliqué de trouver les musiciens pour compléter la formation de base : « Plusieurs anciens m’ont appelé pour m’offrir leur service! » et plusieurs autres seront sans doute dans la salle, par nostalgie ou même pour venir entendre leur propre enfant qui font maintenant partie de l’orchestre! C’est notamment le cas de Janick Simard et Benjamin Sutton, deux diplômés du début des années 2000, qui fréquentent de nouveau depuis cette année les concerts de l’OUM pour y entendre leur fils Thomas, violoniste au sein de l’orchestre. Comme quoi le legs d’un pédagogue enthousiaste comme Jean-François Rivest se répercute de génération en génération!

Pas surprenant non plus que plusieurs membres du corps professoral de la Faculté de musique aient offert de participer au concert. Depuis ses tout débuts, Jean-François Rivest a cherché à placer l’OUM au cœur de la faculté en trouvant tous les moyens pour que sa structure de fonctionnement implique ses collègues : « Ce sont eux qui choisissent les placements des musiciens de l’orchestre et ce sont eux qui délibèrent pour les concours de soliste et de composition. » Car si le principe du rassemblement est cardinal dans les rangs d’un orchestre, il se doit de l’être aussi dans sa communauté.

Un autre principe qui a été forgé pendant toutes ses années et qui est une signature forte est celui du professionnalisme. L’OUM est un véhicule pour jouer du répertoire d’orchestre, bien entendu, mais c’est aussi l’occasion d’apprendre le métier dans des dimensions beaucoup plus larges : « Dès le début, j’ai voulu entourer l’OUM d’un environnement professionnel pour que les étudiant comprennent les réalités du métier. » Ainsi l’orchestre a son musicothécaire, son gérant, ses régisseurs et il suit même des conférences sur l’éthique de travail dans un contexte d’orchestre.

Jean-François Rivest laisse donc derrière lui un précieux véhicule pour le développement des futures générations de musiciens. Après avoir dirigé plus de 2000 étudiants, créé une centaine de nouvelles œuvres, accompagné près d’une centaine de solistes et fait participer l’orchestre à la production de 25 opéras mis en scène, il part la tête haute, satisfait d’avoir « rendu service » : voilà qui est bien humble!

Sa ou son successeur.e, qui ne sera pas connu avant l’hiver prochain, héritera d’une structure forte mais où rien n’est jamais acquis. « C’est une position qui demande un investissement personnel très grand; il faut y croire très fort et ne pas avoir peur de tenir plusieurs choses à bout de bras! ». Et puis, rassembler, toujours rassembler! Telle l’invitation qu’il nous lance ce samedi où, après le premier mouvement en marche funèbre qui soulignera sans doute avec nostalgie la fin d’une époque, le grandiose cinquième mouvement propulsera tant le chemin de l’OUM que celui de son chef fondateur vers de nouvelles destinées prometteuses!

LE 13 AVRIL, 19 H 30, SALLE CLAUDE-CHAMPAGNE DÉTAILS ET BILLETS

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