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PORTRAIT | Hommage à deux bâtisseurs : Raffi Armenian et Agnes Grossmann

Par Béatrice Cadrin le 14 mars 2024

Les chefs d'orchestre Raffi Armenian et Agnes Grossmann (Photo : courtoisie Salle Bourgie)
Les chefs d’orchestre Raffi Armenian et Agnes Grossmann (Photo : courtoisie Salle Bourgie)

Interviewer Raffi Armenian et Agnes Grossmann sur les accomplissements de leurs carrières respectives, c’est entrer dans un tourbillon de vitalité, de grâce, d’érudition et de raffinement – et pas seulement au passé! Les deux chefs et bâtisseurs pétillent d’énergie au téléphone, manifestement touchés et ravis de cet hommage que leur prépare la Salle Bourgie en collaboration avec l’Orchestre Métropolitain et le Conservatoire de musique de Montréal.

Il n’est pas exagéré de dire que ces deux institutions bien établies dans le paysage musical montréalais ne seraient pas ce qu’elles sont aujourd’hui sans l’apport dévoué de Raffi Armenian et d’Agnes Grossmann.

Raffi Armenian, le magicien

Professeur et chef de l’orchestre du Conservatoire pendant trente ans, directeur de l’établissement de 2008 à 2013, Raffi Armenian a marqué des générations d’étudiants, à Montréal, mais également à travers la province, par l’entremise de son travail annuel avec l’orchestre du réseau des conservatoires. Il est aujourd’hui rempli de fierté en constatant les fruits extraordinaires de son travail et en regardant ses anciens étudiant.e.s faire carrière de façon remarquable.

Étudier avec Raffi et jouer pour lui, c’était véritablement entrer au coeur de la musique. Oeuvre après oeuvre, il opérait une alchimie qui transformait une partition inconnue en une structure fabuleuse, éclairée par des principes essentiels et des anecdotes parfois légendaires qui enveloppaient la musique d’un parfum de tradition, d’inévitabilité et de mystère. Un grand magicien et une inspiration pour tous.
– Simon Rivard, chef d’orchestre, Edmonton Opera

Raffi Armenian à la tête d'une édition de l'orchestre-réseau des conservatoires. (Photo : courtoisie du Conservatoire de musique de Montréal)
Raffi Armenian à la tête de l’Orchestre-réseau des conservatoires en 2010 au Palais Montcalm. (Photo : courtoisie du Conservatoire de musique de Montréal)

Ses anciens étudiant.e.s lui rendent bien son affection : tous les musiciens et musiciennes contactée.e.s pour participer au concert-hommage ont accepté sans hésitation, heureux de manifester leur reconnaissance et leur admiration envers leur ancien professeur – qui n’a pas arrêté d’enseigner. « Tant que j’aurai encore l’énergie et le bon sens, je vais continuer d’enseigner! »

Raffi Armenian est un musicien visionnaire et inspiré dont les précieux conseils ont mené les orchestres qu’il dirige à livrer les plus grandes interprétations. La qualité de ses concerts et de ses disques, la justesse de son style musical, le son expressif remarquable qu’il inspire, autant de qualificatifs qui témoignent de l’envoûtement musical contagieux qui émane de ce grand chef et pédagogue. Comme professeur de direction d’orchestre au Conservatoire de Montréal dans les années 80, Raffi Armenian a été pour moi, un « maître à penser » irremplaçable dont les précieux conseils m’habitent encore aujourd’hui.

– Véronique Lacroix, chef d’orchestre, fondatrice de l’Ensemble de musique contemporaine; professeure, Conservatoire de musique de Montréal

Le bon sens, oui, mais jumelé à un sens visionnaire et à la persévérance dans sa quête pour bâtir une tradition culturelle de qualité dans son pays d’accueil. Né en Égypte, formé à Vienne, Armenian est arrivé au Canada à l’invitation de l’université de Toronto. Outre son poste au Conservatoire de musique de Montréal, il a longtemps enseigné à cette université, a également dirigé l’Atelier lyrique de l’Opéra de Montréal et laissé une empreinte qui reste indélébile au Kitchener-Waterloo Symphony Orchestra, malgré les déboires présents de l’orchestre. Pendant les plus de vingt ans qu’il a passé à sa tête, Armenian en a fait le troisième orchestre d’Ontario, après Toronto et Ottawa, multiplié le nombre d’abonnés par vingt, et fait bâtir une salle à l’acoustique remarquable, qui porte son nom.

Pour moi , Raffi Armenian est synonyme de compétence , de rigueur et de raffinement. Pédagogue reconnu de tous, il a eu un impact majeur sur la vie musicale au Canada . Il a été un grand chef d’orchestre issu de la tradition viennoise!
Merci Maestro!
– Stéphane Laforest, chef d’orchestre, La Sinfonia de Lanaudière

À travers tout cela, le chef d’orchestre trouvait le temps de partir en tournée, dont en Europe et en Amérique du Sud avec le Canadian Chamber Ensemble, qu’il avait fondé.

J’ai collaboré avec Raffi lorsque nous avons enregistré « Les Chants d’Auvergne » de Josef Canteloube. Pour l’occasion il avait réorchestré la partition pour son merveilleux Canadian Chamber Ensemble. La magie des arrangements de Raffi donnaient un nouveau relief à la musique de Canteloube et mon souvenir de ces sessions d’enregistrements est une semaine passée dans la plus belle convivialité.
– Karina Gauvin, soprano

Agnes Grossmann, rigueur et générosité combinées

Un peu comme pour Robert Schumann, c’est une blessure à la main qui a forcé Agnes Grossmann à délaisser son rêve de faire carrière comme pianiste. Mais plutôt que de se tourner vers la composition, Grossmann a pris la décision de se lancer en direction d’orchestre – un choix pratiquement impensable pour une femme dans le poussiéreux milieu traditionnel de Vienne des années soixante-dix. La musicienne déterminée a tout de même été nommée à la direction de la vénérable Wiener Singakademie, un exploit!

C’est grâce à une collègue à Vienne que Grossmann commence à développer des liens avec le Canada, à Ottawa d’abord, puis avec le Conservatoire de musique de Montréal, de sorte que peu de temps après que des finissants de l’institution aient fondé l’Orchestre Métropolitain, elle acquiesce à leur demande d’en prendre la direction musicale. « J’ai adoré mon travail avec l’orchestre, » raconte la cheffe, encore touchée par la confiance que lui ont accordée les musiciens à l’époque. « On a accompli un travail étonnant, il fallait tout construire le répertoire. »

J’ai plusieurs souvenirs émouvants de mon travail avec Agnès. Elle a été une source d’inspiration pour nous tous. Sans Mme Grossmann, l’OM ne serait pas où il est maintenant. Son arrivée à l’Orchestre correspondait à un besoin évident de rigueur et d’inspiration. C’est précisément ce qu’elle a su nous insuffler. Ses hautes attentes artistiques jumelés à son travail infatigable nous ont propulsés vers des sommets alors inattendus et ont ouvert les portes au succès que nous connaissons. Mme Grossmann, ayant un attachement évident pour les œuvres pour chœur et orchestre, a dès son arrivé fondé le Chœur Métropolitain. De plus, elle s’est avérée être une dame digne de ce titre par son humanité et sa douceur, qualités encore rarissimes à cette époque. Nous en gardons un souvenir inoubliable. Merci Agnès!

– Alain Cazes, Tuba solo à l’OM, professeur agrégé retraité de l’École de musique Schulich de l’Université McGill (2001-2021), professeur de tuba au conservatoire de musique de Montréal (1981-2001)

Grâce à l’ajout du choeur fondé à son initiative, le jeune orchestre a pu interpréter la Neuvième Symphonie de Beethoven lors d’un événement-bénéfice. Car à l’époque comme aujourd’hui, récolter les fonds nécessaires à la poursuite d’ambitions élevées est un défi de tous les instants. Heureusement, l’Orchestre Métropolitain et sa maestra ont trouvé en l’homme d’affaires Pierre Péladeau un ardent et enthousiaste défenseur.

Agnes Grossmann dirigeant l'Orchestre Métropolitain (Photo : courtoisie Orchestre Métropolitain)
Agnes Grossmann dirigeant l’Orchestre Métropolitain (Photo : courtoisie Orchestre Métropolitain)

Agnes Grossmann ne peut s’empêcher de continuer à penser comme une chef lorsqu’elle discute de l’Orchestre Métropolitain : elle se réjouit à l’idée d’entendre les premières chaises actuelles des sections de cordes de l’Orchestre Métropolitain regroupées en ensemble de musique de chambre lors du concert-hommage de mardi prochain, car la cohésion et la force des premières chaises joue un rôle très important.

Directrice artistique pendant les jeunes années de l’Orchestre Métropolitain, Agnès Grossmann nous a laissé un legs musical des plus précieux et salutaires. Avec son enthousiasme, son dévouement sans réserve et son travail minutieux elle a su imprégner l’OM d’une tradition classique et consolider les fondations lui permettant de s’épanouir vers un large répertoire. Adjoindre un chœur à l’orchestre était pour elle essentiel et un engagement de visionnaire. Jouer pour ce tandem exceptionnel que sont les chefs Grossmann et Armenian a été un privilège et un cadeau de la Vie !
Avec toute ma gratitude et mon admiration,
– Denise Lupien, Violon-solo honoraire de l’Orchestre Métropolitain

Ce n’est d’ailleurs pas étonnant que la musique de chambre compte autant pour celle qui a été directrice musicale du Centre d’arts d’Orford et qui a fondé en 2005 la Toronto Summer Music Academy.

Il y a des rencontres qui sont déterminantes dans la vie d’un musicien et l’une d’elle fut pour moi de croiser le chemin de Mme Agnes Grossmann. Sous sa direction artistique et musicale, j’ai joué à l’OM ainsi qu’avec différents orchestres de musique de chambre, en plus d’avoir été professeur au Centre d’Arts Orford (Orford Musique). C’est avec énormément de joie et de respect que je me joins à cet hommage en son honneur.

Mme Grossmann est une visionnaire vouée à l’excellence!

Par son engagement envers l’Orchestre Métropolitain, sa rigueur et sa notoriété, elle a permis à l’OM de rayonner durant une période des plus difficiles, donnant ainsi à l’orchestre ses premières lettres de noblesse.
Comme directrice artistique et musicale, Mme Grossmann a conquis le cœur des musiciens et des mélomanes montréalais et elle a grandement contribuer à ce que l’OM devienne un incontournable.

Merci Mme Grossmann, il y a vraiment des rencontres qui sont déterminantes!!!

– René Gosselin, Contrebasse solo, Orchestre Métropolitain

Malgré des personnalités fortes et différentes, il est bien difficile de désassocier Agnes de Raffi et Raffi d’Agnes, un rare couple, voire unique, composé de deux chefs d’orchestre!

J’ai l’immense privilège de les avoir eus comme d’inspirants mentors, tant sur le plan musical qu’au plan spirituel, depuis les années maintenant lointaines de mon adolescence. Issus des grandes cultures artistiques et philosophiques d’Europe, ils nous ont fait bénéficier de leurs innombrables talents et expertises, et laissent un héritage unique et impressionnant en sol québécois et canadien, dont ils sont de fidèles ambassadeurs depuis des décennies.
Raffi et Agnes ont toujours partager la même vision d’excellence artistique qui ne laisse place à aucun compromis. Ils sont tous deux de véritables visionnaires et de grands communicateurs et défenseurs de l’Art avec un grand « A ». Ils ont aussi en commun la rigueur, l’intégrité, la créativité, l’enthousiasme, la persévérance, la générosité, l’esthétique, un franc-parler, la loyauté, le dévouement, la sincérité et j’en passe…
Deux artistes, musiciens et humains absolument hors du commun!

– Anne Robert, Violoniste, Professeur au Conservatoire de musique de Montréal depuis 1997; Membre fondateur du Trio Hochelaga depuis 2000; Membre de l’Orchestre symphonique de Montréal (Premier violon) de 1985 à 1997; Membre fondateur (2e violon-solo) de l’Orchestre Métropolitain de 1981 à 1985

Rester optimiste

Si ce couple remarquable a pu bâtir un héritage culturel aussi substantiel, c’est que les deux chefs et pionniers sont animés d’un optimisme invétéré. Conscients que la situation actuelle n’est pas facile pour les organismes culturels, ils restent cependant persuadés que des solutions existent. « L’argent est vraiment la chose la plus difficile. Les gouvernements sont toujours en retard pour appuyer ce qui est nouveau, mais une culture se développe en collaboration avec les mécènes. Il y a sûrement des organisations, des institutions intéressées à jouer un grand rôle pour la culture. »

L’appel est lancé.

CONCERT HOMMAGE À RAFFI ARMENIAN ET AGNES GROSSMANN, LE MARDI 19 MARS, 19 H 30, SALLE BOURGIE DÉTAILS ET BILLETS

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Béatrice Cadrin
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