We have detected that you are using an adblocking plugin in your browser.

The revenue we earn by the advertisements is used to manage this website. Please whitelist our website in your adblocking plugin.

CRITIQUE | Carmen à l'OPCM : un oiseau pas tout à fait apprivoisé

Par Béatrice Cadrin le 5 mars 2024

Carmen (Wallis Giunta) et Don Jose (Adam Luther) sur la scène de la Maison symphonique avec l'OPCM. (Photo : Brenden Friesen)
Carmen (Wallis Giunta) et Don Jose (Adam Luther) sur la scène de la Maison symphonique avec l’OPCM. (Photo : Brenden Friesen)

Le 24 février dernier, le public envahissait la Maison symphonique jusqu’au quatrième balcon pour assister à la première de deux représentations de l’opéra Carmen données par l’Orchestre philharmonique et le Choeur des mélomanes sous la direction de Francis Choinière, avec Wallis Giunta et Adam Luther dans les rôles principaux.

La direction musicale

Alors que certains chefs se démènent pour donner le plus d’indications possibles à l’orchestre, d’autres se contentent de fournir un cadre solide au sein duquel les instrumentistes portent la responsabilité d’insérer leurs parties respectives. Francis Choinière appartient à cette dernière catégorie : maître de la partition du début à la fin, le chef donne peu d’entrées, démontrant sa confiance – justifiée – en ses musiciens et musiciennes.

L'OPCM sur scène à la Maison symphonique (Photo : Brenden Friesen)
L’OPCM sur scène à la Maison symphonique (Photo : Brenden Friesen)

L’orchestre mérite des compliments pour avoir mis en place toute cette musique en si peu de répétitions. On peut mettre sur le compte du temps de préparation limité les moments de flottements, dont l’ensemble récupère rapidement pour poursuivre avec concentration. Le volume sonore trop élevé dans les nuances fortes, lui, est probablement à mettre sur le compte du manque d’expérience : dans cette disposition, il est facile pour l’orchestre de couvrir les solistes, même si au moins, cette fois, l’action a été replacée à l’avant-scène, contrairement à la production de La Bohème l’an dernier. Cet aspect de l’équilibre sonore aurait mérité des directives plus affirmées de la part de Choinière.

Le nombre restreint de répétitions se fait de plus remarquer dans l’absence de coalition dans l’intention musicale entre les solistes et l’orchestre : à quelques occasions, un.e soliste fait une proposition musicale intéressante (nuance, couleur) qui aurait dû être appuyée par l’accompagnement.

L'Orchestre philharmonique et le Choeur des mélomanes sous la direction de Francis Choinière. (Photo : Brenden Friesen)
L’Orchestre philharmonique et le Choeur des mélomanes sous la direction de Francis Choinière. (Photo : Brenden Friesen)

Le choeur avait été préparé par Francis Choinière lui-même et par Esther Gonthier, jusqu’à peu cheffe de chant de l’Atelier lyrique de l’Opéra de Montréal. Il n’est donc pas étonnant d’entendre dès le départ un choeur d’hommes solide, engagé, avec une bonne diction et une bonne projection. Ces qualités ne s’étendent pas tout à fait au même niveau aux voix de femmes, chez qui la projection – ou peut-être est-ce l’assurance – laisse à désirer lors de leur première entrée . Au cours des trois heures que dure l’opéra, le choeur de près de cent personnes s’acquitte honorablement de sa tâche, malgré quelques passages manquant de précision.

Criant besoin d’une mise en espace réfléchie

Le plus grand besoin est celui d’une mise en espace réfléchie, conçue par un.e spécialiste. Se fier sur le métier et l’imagination des solistes peut mener le tout jusqu’à un certain point, au-delà duquel il devient lassant de voir des personnages debout les bras croisés, tâchant du mieux qu’ils peuvent de meubler le vide jusqu’à leur prochaine intervention. Cela donne aussi des non-sens comme Le Doncaïre s’exclamant vivement « Halte! » alors que tout le quintette est déjà immobile depuis plusieurs minutes. Dans une version de concert pure, où les chanteurs restent immobiles face au public, cela passe inaperçu puisque prévu dans la nature même de la formule. Dans une production avec des ambitions de mise en espace à demi réalisées, cela rompt la suspension d’incrédulité, même consentie avec la meilleure volonté.

De g. à d. : Le Remendado (Sam Champagne) et le Dancaïre (Geoffroy Schellenberg), Micaela (Myriam Leblanc) et Don Jose (Adam Luther); Mercédès (Florence Bourget), Carmen (Wallis Giunta) et Frasquita (Catherine St-Arnaud). (Photo : Brenden Friesen)
De g. à d. : Le Remendado (Sam Champagne) et le Dancaïre (Geoffroy Schellenberg), Micaela (Myriam Leblanc) et Don Jose (Adam Luther); Mercédès (Florence Bourget), Carmen (Wallis Giunta) et Frasquita (Catherine St-Arnaud). (Photo : Brenden Friesen)

Distribution d’expérience

Heureusement que Choinière avait eu la prévoyance d’engager en Wallis Giunta une Carmen expérimentée. L’expérience de la chanteuse, tout autant que le caractère indomptable de la protagoniste, en faisait le pôle central de la distribution, comme il se doit. Adam Luther était une belle découverte en Don Jose. Malgré des aigus un peu durs dans l’extrémité du registre, le ténor terre-neuvien possède un timbre soyeux et surtout une sensibilité musicale qu’il met au service de l’intrigue.

Le soprano pur et naïf de Myriam Leblanc convenait parfaitement à son rôle de Micaela. Comme à son habitude, Hugo Laporte dominait la scène de sa présence magnétique, quoique le baryton ne projetait pas au-dessus de l’orchestre autant qu’aurait été souhaitable.

Zuniga (Alain Coulombe) et Escamillo (Hugo Laporte) dans Carmen à la Maison symphonique (Photo : Brenden Friesen)
Zuniga (Alain Coulombe) et Escamillo (Hugo Laporte) (Photo : Brenden Friesen)

En termes de voix, Alain Coulombe était le seul à égaler Giunta en résonance et en amplitude, ce qui contribuait à faire oublier sa tenue un peu statique. Geoffrey Schellenberg infusait à son personnage la bonne dose de cynisme et de machisme. Florence Bourget et Catherine St-Arnaud unissaient leurs timbres, l’un velouté, l’autre vibrant, pour composer un duo de solidarité féminine en appui à Carmen, et Sam Champagne prêtait sa voix limpide au Remendado.

Du haut de la corbeille, les Petits Chanteurs du Mont-Royal ont offert une exécution charmante et enjouée du choeur d’enfants.

Inscrivez-vous à notre infolettre! La musique classique et l’opéra en 5 minutes, chaque jour  ICI 

Béatrice Cadrin
Partager cet article
lv_montreal_banner_high_590x300
comments powered by Disqus

LES NOUVELLES DU JOUR DANS VOS COURRIELS

company logo

Part of

Conditions d'utilisation & Politique de vie privée
© 2024 | Executive Producer Moses Znaimer