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CRITIQUE | Deux requiems en sublime retenue par Les Violons du Roy

Par Béatrice Cadrin le 19 février 2024

Les Violons du Roy et la Chapelle de Québec. (Photo: courtoisie)
Les Violons du Roy et la Chapelle de Québec. (Photo : courtoisie)

C’est à un après-midi empreint de retenue fervente que conviaient Les Violons du Roy et La Chapelle de Québec à la Maison symphonique pour un concert jumelant les requiems de Duruflé et de Fauré. Devant à l’origine avoir lieu en 2020, le concert a été précédé d’un moment de recueillement à la mémoire des personnes décédées durant la pandémie, ainsi qu’à la mémoire des victimes de guerre.

L’attente en a valu le coup, malgré l’absence forcée de Bernard Labadie à la tête des ensembles qu’il a fondés il y a bientôt 40 ans. Indisposé, le chef a été remplacé par Christine Brandes, collaboratrice connue des Violons du Roy en tant que soprano, passée à la direction.

Les Requiems

La partition du Duruflé se sert beaucoup du choeur en sections, ce qui donnait par contraste beaucoup d’effet aux passages à quatre voix. Dès les premières entrées des voix de femmes, on peut apprécier le placement des voyelles et le raffinement des timbres. La retenue dans l’emploi du vibrato ne prive pas le son de chaleur. Dépouillée d’autres artifices, l’expression musicale repose sur la maîtrise parfaite d’éléments fondamentaux comme la conscience exacte des rôles de chaque voix dans les accords et l’équilibre parfait des dissonances au sein de l’harmonie.

Ce dépouillement n’est pas à l’avantage de la section des ténors, qui, moins homogènes, y brillent moins que leurs collègues. L’apport des mezzos dans leurs quelques passages conjoints suffit cependant à remédier aux faiblesses.

Présentée dans sa version pour orgue, l’oeuvre revêtait un caractère plus intimiste. Les solistes Jean-François Lapointe et Julie Boulianne, tous deux admirables, l’ont bien compris, adoptant une retenue mesurée dans leurs interventions. Boulianne a offert un Pie Jesu digne et tendre, qualités reflétées par Raphaël Dubé au violoncelle solo qui s’ajoute dans ce mouvement.

L’orchestre de cordes graves et cuivres, installé durant l’entracte en prévision du Fauré, ajoute juste ce qu’il faut de couleur et de souplesse (mention spéciale aux cornistes pour leur dosage subtil). La fusion des instruments et du choeur s’exprime même dans les passages séparés, comme l’introduction de l’Offertoire, dans laquelle le phrasé déclamatoire des instruments annonce celui du choeur.

Du côté des solistes, le Pie Jesu de Magali Simard-Galdès était doux et ravissant comme un rêve alors que le Libera Me a permis d’entendre les graves riches et sonores de Lapointe.

Christine Brandes faisait ses débuts comme cheffe avec Les Violons du Roy et La Chapelle de Québec. (Photo : Henry Dombey)
Christine Brandes faisait ses débuts comme cheffe avec Les Violons du Roy et La Chapelle de Québec. (Photo : Henry Dombey)

Christine Brandes

La direction de la soprano devenue cheffe Christine Brandes est claire et propre, mais manque de personnalité. Loin de nous l’idée d’exiger que la cheffe se démène dans tous les sens : la sobriété de sa battue est absolument un atout, spécifiquement dans une musique de recueillement. Cependant, ses gestes ne sont pas habités, ce qui ressort en particulier dans les valeurs longues, où la main reste sur le dernier temps donné, sans vie. Avec un choeur moins autonome que La Chapelle de Québec, cela aurait des répercussions sur le son. Ce manque de résistance dans le geste lui cause des ennuis dans les crescendos au début du Fauré : les bras se ramassent trop tôt en haut et doivent reculer jusqu’en arrière de la tête pour combler la durée complète de la note tenue. Dans ces passages, en effet, cela causait un certain flou.

Cela peut sembler des ergoteries techniques dans un concert d’un tel accomplissement musical, auquel Brandes a assurément beaucoup contribué. Il est vrai que les qualités d’un.e chef.fe dépassent la seule maîtrise technique, et de toute évidence Brandes en possède plusieurs pour être à la tête d’une production empreinte de raffinement comme celle d’hier.

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Béatrice Cadrin
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