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CRITIQUE | Transportés par les flots oniriques de collectif9

Par Béatrice Cadrin le 16 février 2024

Le programme Vagues et ombres de collectif9 combine musique d'inspiration maritime et jeux d'ombres. (Photo : Danylo Bobyk)
Le programme Vagues et ombres de collectif9 combine musique d’inspiration maritime et jeux d’ombres. (Photo : Danylo Bobyk)

C’est dans le décor inhabituel mais tout indiqué du Bain Mathieu que le nonette à cordes montréalais collectif9 proposait hier soir son programme d’inspiration aquatique Vagues et ombres. La soirée tourne principalement autour de la musique de Debussy, arrangée pour l’ensemble par Thibault Bertin-Maghit et soutenue visuellement par des jeux d’ombres.

Au coeur du programme se trouvent les trois mouvements de La Mer. Le danger en arrangeant pour une seule famille d’instruments une oeuvre d’une telle richesse orchestrale est de toute évidence que la perte des différents timbres provoque un épaississement de la texture et une confusion dans les lignes. C’est sans compter l’oreille attentive, la vision musicale sans compromis et la pure maîtrise instrumentale des membres de collectif9. La transcription du deuxième mouvement en particulier ne laisse rien à désirer, alors que l’écriture clairsemée du début du premier mouvement se prête malgré tout moins bien à cette homogénéisation des timbres.

collectif9 dans Vagues et ombres (Photo : Danylo Bobyk)

Le cri des bélugas

Intercalés entre les mouvements de La Mer sont deux oeuvres contemporaines, également inspirées par des thèmes aquatiques et mettant en lumière la fragilité de l’écosystème maritime.

Pour Contact, la compositrice Luna Pearl Woolf a été inspirée par les recherches de Valeria Vergara sur les communications entre bélugas dans l’Estuaire du Saint-Laurent, en particulier les sons caractéristiques que développent les mères pour identifier leurs petits. Ces appels sont de plus en plus perturbés par les bruits liés à l’activité humaine, forçant les mammifères marins en quelque sorte à « crier ». Dans cette oeuvre touchante et accessible, les cordes imitent les appels entre mère et enfant, d’abord dans un environnement aquatique paisible, puis de plus en plus rempli de craquement de coques et d’autres bruits non natifs. Éventuellement, le calme revient d’un seul coup, correspondant à l’arrêt de la circulation maritime durant la pandémie. Les appels retrouvent leur calme d’origine. Bien que la prémisse ait peut-être l’air simpliste posée ainsi en quelques phrases, la réalisation en est imaginative et d’un intérêt soutenu, les possibilités offertes par les instruments à cordes bien exploitées.

collectif9 dans Vagues et ombres (Photo : Danylo Bobyk)

Dans le cas de Sea Change de Tom Morrisson, ce sont des photos de glaciers de l’Antarctique et l’écoanxiété l’habitant qui ont motivé le compositeur. Les harmoniques éthérées du premier mouvement font place dans le deuxième à des enchaînement rapides se bousculant d’une voix à l’autre, avant d’enchaîner sans pause avec le troisième mouvement dont les trilles frissonnants se dissolvent dans le vide.

Clair de lune

En ouverture et en clôture de programme sont offertes des transcriptions de courtes pièces pour piano, soit Des pas sur la neige, Étude no 4, Passepied et le fameux Clair de lune. Dans cette dernière, le vibrato large et les glissandos avec un seul doigt fonctionnent remarquablement bien – surtout quand on lit dans les notes de programme de l’album que cet arrangement se veut un hommage à la version sur synthétiseur Moog d’Isao Tomita (une précision absente du programme imprimé).

Vagues et ombres de collectif9 (Photo : extrait du film-concert)

Jeux d’ombres

Toutes les pièces sont accompagnées de jeux d’ombres conçus par Maya Ersan et Jaimie Robson de Mere Phantoms. Les découpes reprenant les thèmes des oeuvres – des silhouettes de bélugas parmi les vagues, d’impressionnants murs de glaciers – ou présentant des jeux de textures sont toujours poétiques et d’une beauté onirique. La manipulation à l’occasion trop fréquente pouvait cependant devenir distrayante, ce qui est facilement remédiable.

Collectif9 présente Vagues et ombres ce soir au Palais Montcalm dans le cadre de la série Échos du territoire du Club musical de Québec.

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Béatrice Cadrin
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