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CRITIQUE | Un Pulcinella empreint de raffinement et de charme baroque à l'OSL

Par Béatrice Cadrin le 30 janvier 2024

L'attachant Pulcinella de Pierre François Dollé devant l'OSL et Andrei Feher. (Photo : Annie Diotte)
L’attachant Pulcinella (Pierre François Dollé) devant l’OSL et Andrei Feher. (Photo : Annie Diotte)

Samedi soir, dans le cadre de son Festival hivernal annuel, l’Orchestre symphonique de Laval offrait à son public une rareté attrayante, soit une exécution intégrale du ballet Pulcinella de Stravinsky avec trois chanteurs et cinq danseurs. Andrei Feher était à la barre de l’orchestre pour cette soirée pluridisciplinaire.

En 1920, au moment de la composition de Pulcinella, Stravinsky avait déjà composé ses trois grands ballets pour Les Ballets russes, dont le Sacre du Printemps. La musique de Pulcinella, encore une commande de l’impresario Diaghilev, devait l’amener dans une tout autre direction et initier sa période dite néoclassique. Dans cette oeuvre pour une petite formation (2 flûtes, 2 hautbois, 2 bassons, 2 cors, une trompette, un trombone et cordes), Stravinsky utilise des thèmes de compositeurs du XVIIIe siècle qu’il harmonise et orchestre à sa manière. Il en résulte vingt et un mouvements brefs mais hautement colorés, évoquant une histoire bouffonne mettant en scène Pulcinella et autres personnages de la commedia dell’arte.

Plus tard, Stravinsky a tiré du ballet une suite de huit mouvements, qui est la version la plus connue. Le hasard fait que l’Orchestre symphonique de Toronto donnait lui aussi l’intégralité de la musique du ballet en concert tout juste quelques jours avant l’OSL, mais sans chant, ni danse. C’est donc vraiment à un moment d’exception que le public était convié à la Salle André-Mathieu. Dommage que peu de gens aient répondu à l’appel, la salle n’étant remplie qu’à moitié.

Caroline Gélinas dans l'un de ses solos. Placés en diagonale derrière l'orchestre, les chanteurs projettaient malgré tout aisément. (Photo : Annie Diotte)
Caroline Gélinas dans l’un de ses solos. Placés en diagonale derrière l’orchestre, les chanteurs projetaient malgré tout aisément. (Photo : Annie Diotte)

Les chanteurs

Sur scène, l’orchestre est reculé afin de dégager l’avant-scène pour les danseurs. La chanteuse et les deux chanteurs sont placés sur un podium en diagonale à jardin derrière l’orchestre, ce qui n’empêche pas du tout de bien les entendre. La contribution des voix est un peu anecdotique dans l’oeuvre, mais Caroline Gélinas, Mishael Eusebio et Dominique Côté s’acquittent très bien de leurs numéros solistes et d’ensemble. Le mariage de timbres est réussi dans les trios.

Heureux dénouement : la famille de Pulcinella ((Pierre François Dollé, Stéphanie Brochard, Dorothéa Ventura, Anne Marie Gardette, Marie Nathalie Lacoursière) (Photo : Annie Diotte)
Heureux dénouement : la famille de Pulcinella (Pierre François Dollé, Stéphanie Brochard, Dorothéa Ventura, Anne Marie Gardette, Marie Nathalie Lacoursière) (Photo : Annie Diotte)

La danse

Dès les premières mesures, Pulcinella fait son apparition. Au cours du ballet, il flirte avec une charmante demoiselle, reçoit la visite d’une danseuse arabe, reçoit quelques coups, s’endort, se fait voler son sac, tombe en amour, se marie et produit trois enfants, un quatrième, signale la mère comblée, étant en route. Ce scénario est joué par cinq danseurs, arborant de magnifiques masques et costumes à la commedia dell’arte. Pierre François Dollé, présent sur scène pratiquement en tout temps, habite son personnage de Pulcinella avec aisance et légèreté. Tous prennent un plaisir manifeste à présenter la gracieuse et charmante chorégraphie imaginée par Marie-Nathalie Lacoursière et Stéphanie Brochard (Les Jardins chorégraphiques), spécialistes de la danse baroque.

Deux voleurs malhabiles tentent de subtiliser le sac de Pulcinella. (Photo : Annie Diotte)
Deux voleurs malhabiles tentent de subtiliser le sac de Pulcinella. (Photo : Annie Diotte)

L’ancien et le nouveau

Andrei Feher soulignait en entrevue le paradoxe de cette oeuvre composée de styles ancien et nouveau : doit-on mettre en relief le caractère ancien ou moderne?  Du côté de la danse, on a clairement pris le parti de l’ancien, avec succès. Du côté de la musique, cela laisse un peu en plan la merveilleuse originalité des orchestrations de Stravinsky. L’orchestre est peut-être réduit, mais certainement pas la palette de couleurs : chatoiements de cordes, glissandos de trombone, contrebasse burlesque, hautbois mélancolique sont éclipsés par l’action en avant-scène.

J’avoue n’avoir rien retenu des treize mouvements ne se trouvant pas dans la suite que je connaissais déjà, tant l’attention est ailleurs. Ce n’est pas grave, c’est la différence entre un concert et un spectacle. Samedi soir, la musique était au service de la danse.

Dans une future version, il pourrait être de bon aloi de ne pas chorégraphier l’ensemble des mouvements en continu, mais d’intercaler quelques mouvements purement instrumentaux, question de laisser rayonner la richesse camouflée de cette musique et de donner un moment de répit au public. Il y a bien eu un long passage sans danse vers la fin, avant le dévoilement de la famille nombreuse de Pulcinella, mais ce moment m’a semblé à moi, peut-être distraite, arriver de façon aléatoire.

Pas de micro-contrôle chez Andrei Feher : la direction est ample et élégante. (Photo : Annie Diotte)
Pas de micro-contrôle chez Andrei Feher : la direction est ample et élégante. (Photo : Annie Diotte)

Première partie

Le ballet étant le clou du spectacle, il fallait tout de même combler la soirée avec une première partie. L’idée est bonne d’avoir choisi deux autres compositions ré-imaginant des thèmes du passés. La Troisième suite d’Airs et danses anciens de Respighi et la Suite Holberg de Grieg sont des oeuvres bien-aimées du répertoire pour orchestre à cordes. La direction de Feher, lui-même violoniste, y est ample et élégante. Pas de micro-contrôle chez Feher, qui priorise les longs phrasés et laisse beaucoup de place aux instrumentistes. Le tout constitue une écoute facile, qui prépare en douceur la deuxième partie.

Futures représentations?

Ludique, joyeux, créatif et divertissant, ce spectacle se prête bien à un concert-famille ou des matinées scolaires. On souhaite qu’il soit repris devant une salle plus remplie dans le futur.

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Béatrice Cadrin
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