Ce samedi, l’Orchestre symphonique de Trois-Rivières présente son concert d’ouverture de saison sous la direction d’Alain Trudel, nommé directeur artistique et chef attitré en février dernier. Le programme nous offrira la Symphonie no 3 de Beethoven ainsi que Coeur, grande œuvre de Gilles Bellemare.
C’est un bel hommage au premier directeur artistique de l’OSTR (où il est demeuré de 1978 à 2005) qu’Alain Trudel fait en présentant cette œuvre pour la première fois à Trois-Rivières.
Cœur – Cinq poèmes symphoniques pour chœur et orchestre, de Gilles Bellemare, a été composée en collaboration avec François Reeves, neveu du regretté Hubert Reeves.
François Reeves est cardiologue d’intervention et professeur agrégé de médecine à l’Université de Montréal. Également auteur et humaniste, il a signé les paroles de ces poèmes symphoniques, qui, on le devine, sont reliés à la guérison et à la cardiologie.
« François Reeves et Gilles Bellemare se connaissent depuis toujours, raconte Alain Trudel. François a eu l’idée de faire de la musique basée sur les tracés cardiaques. Il a montré des tracés cardiaques à Gilles, qui a commencé à les traduire en musique. Les cinq mouvements sont comme cinq chambres d’hôpital que l’on visite, et nous font découvrir la condition cardiaque mais aussi la condition humaine de ces patients, des sentiments de ces personnes à travers leur maladie. Les mouvements portent les noms des numéros de chambres. Ce sont des patients qui ont vraiment été soignés par François Reeves. Sur le plan musical, le rythme et la structure sont basés sur leurs tracés cardiaques. Toutefois, c’est très mélodique et accessible. C’est le langage musical de Gilles, qui sera sur place et qui est un héros de la ville. J’ai mis cela au programme avec un de mes héros personnels, Beethoven. »
La partie vocale sera chantée par le Chœur de l’OSTR.
« C’est un voyage à travers ces cinq chambres, et ça se termine de façon assez positive, ajoute le chef. Il y a un côté très émotif et très humain dans cette œuvre. Avant chaque mouvement, nous allons prendre le temps d’arrêter pour parler du texte et expliquer aux gens comment la musique soutient celui-ci pour qu’ils puissent mieux apprécier le tout. Les paroles seront également affichées sur des écrans. »
Car si Alain Trudel aime lance des défis à son public en lui proposant de nouvelles œuvres, il le fait en lui donnant les outils pour comprendre.
« On parle énormément de « démocratiser la musique », tout le monde a ces mots à la bouche ces temps-ci, mais des gens comme Yannick [Nézet-Séguin] et moi, et bien d’autres, on le fait déjà depuis longtemps. Ce qui est très important pour moi, c’est de le faire sans dénaturer qui on est et ce qu’on fait. On ne peut pas présenter la musique classique sans que ce soit vraiment de la musique classique! Ensuite les gens vont dire « ce n’est pas ce qu’on m’avait montré la première fois », comme quelqu’un qui va à un premier rendez-vous et se présente sous un faux jour. Les gens sont capables d’apprécier la musique pour ce qu’elle est et pour l’humanité qu’il y a dedans. On n’est pas obligés de l’enrober et d’ajouter plein d’artifices. »
Demeurer au Québec et demeurer authentique
Après son départ abrupt de l’Orchestre symphonique de Laval, où il était très impliqué depuis quinze ans dans la communauté, tant auprès des jeunes que des personnes âgées, le chef a mis du temps avant d’accepter une nouvelle offre.
Il est déjà fort occupé à l’Orchestre symphonique de Toledo [Toledo Symphony], où son mandat vient d’être renouvelé pour trois ans. À Toledo, le chef ne manque pas de travail, car la situation de l’ensemble est enviable. L’orchestre dispose d’un budget important ainsi que d’un fonds de dotation bien garni dans cette ville de 287 000 habitants où de généreux mécènes aident les arts.
Ainsi, l’orchestre de 69 musiciens joue une quarantaine de fois par an. En plus de sa saison de concerts en quatre volets (grandes œuvres, pop, musique de chambre et concerts famille) l’organisation compte un ballet, une école de musique et un orchestre de jeunes. Le Toledo Symphony joue également dans le cadre des productions de l’opéra local. Il y a aussi un orchestre de jazz auquel Alain Trudel participe en tant que tromboniste.
De plus, Alain Trudel compose et veut se laisser du temps pour le faire.
« C’est important pour moi de continuer au Québec, dit-il. J’ai pris un bon six mois de réflexion avant d’accepter le poste et je ne fais pas les choses à moitié. J’ai hâte à ce premier concert officiel de saison en tant que directeur artistique de l’OSTR. » – Alain Trudel
La saison 2023-2024 de l’OSTR
Dans le cadre de sa série « Grands concerts » de cette saison 2023-2024, l’OSTR présente une oeuvre très connue du répertoire, souvent jumelée avec une grande œuvre un peu moins connue, et les compositeurs québécois sont très présents.
Ainsi, on entendra également la Symphonie fantastique de Berlioz au même programme que le Concerto pour violon de Korngold (le 18 novembre) et que la Symphonie minute de José Evangelista; la neuvième Symphonie dite « du Nouveau Monde » de Dvořák avec la Symphonie no 4 de Jacques Hétu et le Concerto en sol de Ravel (soliste invitée: Elisabeth Pion) le 17 mars; la sixième Symphonie « Pathétique » de Tchaïkovski avec la superbe Symphonie de la Tempête de Verglas de Maxime Goulet (le 20 avril).
À cela s’ajoutent un concert de Noël avec la soprano Marianne Lambert le 9 décembre; un concert jazz avec la pianiste Lorraine Desmarais le 17 février, et la saison se conclura avec Carmen, de Bizet, le 18 mai.
Une saison variée qui aura certainement l’heur de plaire tant aux mélomanes avertis qu’aux néophytes, et donne même envie de rouler jusqu’à Trois-Rivières pour les entendre. Avec les bouchons de circulation et les travaux, de chez moi, ce serait à peine plus long que de me rendre au centre-ville de Montréal.
Le concert Cœur de l’OSTR aura lieu le 21 octobre, 19h30, salle J.-Antonio-Thompson DÉTAILS ET BILLETS
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