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CRITIQUE | I Musici et Louis Lortie : au bonheur de Mozart et du chemin parcouru

Par Caroline Rodgers le 10 juin 2023

Critique du concert d’I Musici avec Louis Lortie, le 8 juin 2023, salle Pierre-Mercure.

Louis Lortie, pianiste (Photo: Elias Photography)
Louis Lortie, pianiste (Photo: Elias Photography)

I Musici de Montréal avait invité Louis Lortie à des retrouvailles mozartiennes pour son événement-bénéfice annuel, jeudi soir, 8 juin, salle Pierre-Mercure. Une soirée remplie de souvenirs, de magie musicale et de bonheur partagé. 

Qu’il me soit permis d’ouvrir une parenthèse avant le récit de cette soirée. Retour dans le temps. 1989. Je suis jeune étudiante en musique au cégep de Sainte-Foy. J’écoute des cassettes, car à l’époque, le lecteur de CD est encore un luxe. Parmi ces enregistrements, le premier disque de Louis Lortie sous étiquette Chandos. Il interprète deux concertos de Mozart avec I Musici que je finirai par connaître par cœur à force de les entendre. Si l’on m’avait dit, alors, qu’un jour j’écouterais ces mêmes artistes en concert munie d’une plume et un carnet dans le but d’en faire la critique, je ne l’aurais pas cru!

Retour au présent à la salle Pierre-Mercure. Après un Divertimento K. 138 en fa majeur, que Mozart a composé à 16 ans, Jean-François Rivest et Louis Lortie, qui se connaissent depuis l’école primaire et ont même été colocataires, nous racontent quelques anecdotes en guise d’introduction aux moments de merveilleuse complicité qui vont suivre. Louis Lortie nous fait le récit de cette rencontre fortuite entre lui, l’orchestre et les ingénieurs de son de Chandos, ce moment décisif dans sa carrière, où tout a commencé avec la maison de disques.

Le Concerto pour piano no 12 en la majeur K. 414 est tellement génial dans sa construction, ses thèmes à la fois simples et inoubliables, son équilibre, sa légèreté et ses émotions lumineuses que l’on se sent toujours emporté dans le monde du compositeur.

À la salle Pierre-Mercure, en ce moment précis, on est aussi dans le monde de Louis Lortie, qui l’interprète avec un plaisir évident, une immense liberté, une intelligence et une conscience en temps réel de ce qu’il joue surpassant la simple musicalité, sans oublier, bien sûr, une complicité de tous les instants avec l’orchestre et avec son chef.

Dans son préambule, le pianiste a affirmé qu’il n’avait plus joué avec I Musici depuis le temps de Yuli Turovsky, et pourtant! On a l’impression qu’ils n’ont jamais arrêté de jouer ensemble, comme s’ils étaient restés liés par un fil conducteur invisible. Et nous avons la privilège incroyable d’être avec eux en ce moment.

Avec le Concerto pour piano no 14 en mi bémol majeur K. 449, on est ailleurs. Plus fantasque, décisif, bouillonnant d’énergie avec des moments de tendresse, il donne toujours l’impression qu’on est plus en présence de Mozart, l’humain, que de Mozart, le génie immortel. Le pianiste, l’orchestre et le chef s’échangent habilement les motifs, ils s’amusent, jouent sur les contrastes, et on constate que Jean-François Rivest est véritablement chez lui dans ce répertoire, et avec cet orchestre.

Quant à l’orchestre, il démontre une fois de plus cette excellence, cette expérience, cette sonorité, cette symbiose qui nous font nous demander pourquoi la salle n’est-elle pas remplie à craquer pour assister à ce moment unique? Que s’est-il passé, depuis la glorieuse époque où I Musici de Montréal passait son temps en tournée, et nos jours?

La réponse n’est pas simple, mais elle a quelque chose à voir avec la multiplication (pour ne pas dire l’explosion) de l’offre musicale, l’avènement d’internet et de nos vies rivées à un écran, la complication des déplacements, une pandémie, le surmenage, le coût de la vie, et la liste de ce tout qui nous fait oublier l’importance d’inscrire la musique vivante dans notre quotidien et notre agenda est encore longue. À cela, j’ajouterais que cette dernière saison nous a permis de constater qu’I Musici est loin d’être le seul ensemble dans une situation où l’on ne vend pas autant de billets qu’on le voudrait: c’est le cas de la plupart des organismes et diffuseurs en musique classique. Quelle époque!

Pourtant, des soirées comme celles-ci nous rappellent à quel point cela en vaut la peine et combien un orchestre d’un tel niveau vaut le déplacement. Ce concert en forme de retrouvailles nous a aussi rappelés qu’I Musici fait partie de l’histoire de Montréal et qu’il mérite d’avoir des salles pleines, de nouveaux enregistrements et des tournées!

Nous avons eu droit à deux rappels. De la part du pianiste, la Fantaisie en ré mineur de Mozart, et de l’orchestre, Por una cabeza, qui me rappelle justement que je rêve depuis si longtemps d’aller en Argentine. Mais qu’est-ce que j’attends?

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