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ENTREVUE | Guillaume Villeneuve: ce rêve quasi inaccessible du violon idéal

Par Caroline Rodgers le 30 mars 2023

Guillaume Villeneuve, violoniste. (Photo: Annie Éthier)
Guillaume Villeneuve, violoniste. (Photo: Annie Éthier)

Guillaume Villeneuve caresse un rêve: pouvoir continuer à jouer sur un violon Vuillaume de 1858 qui lui est prêté par un luthier depuis quelques mois. Après avoir essayé de nombreux instruments, le lauréat du Prix Opus Découverte de l’année 2023 est convaincu d’avoir en mains l’instrument de ses rêves, la perle rare. Seul hic: le prix.

D’origine française, le jeune violoniste québécois d’adoption est arrivé ici il y a huit ans. Diplômé de l’Université de Montréal et de l’Université McGill, il est tombé amoureux du Québec et déterminé à y rester. Il est membre fondateur du Quatuor Cobalt, formé en 2017, et dont il est directeur artistique. En 2020, au beau milieu de la pandémie, l’ensemble a lancé l’initiative Les ruelles musicales, un mini-festival qui présente des concerts dans les ruelles du Plateau Mont-Royal. Le Quatuor Cobalt est aussi ensemble en résidence à la Chapelle historique du Bon-Pasteur pour la saison 2022-2023.

En plus de ses activités avec le quatuor, Guillaume Villeneuve, qui joue autant sur instruments d’époque que modernes, participe régulièrement aux concerts d’Arion orchestre baroque, du Studio de musique ancienne de Montréal et de l’Orchestre FILMharmonique, où il a joué plusieurs fois comme violon-solo, notamment lors de la dernière tournée de l’ensemble.

« Je suis polyvalent, mais depuis quelques temps, ma carrière s’oriente surtout vers la musique de chambre, dit-il. Je suis également invité comme violon-solo par plusieurs ensembles. »

En fonction des besoins, il alterne donc entre deux instruments: un violon baroque avec cordes en boyaux, et ce précieux Vuillaume, qui lui est prêté pour six mois.

 

Guillaume Villeneuve, violoniste. (Photo: Annie Éthier)
Guillaume Villeneuve, violoniste. (Photo: Annie Éthier)

Le Vuillaume

Pour le jeune musicien à la carrière en plein essor, il ne manque plus qu’une chose: le violon idéal. Or, au cours des dernières années, les prix des instruments de valeur n’ont jamais cessé d’augmenter, au point de devenir un rêve quasi inaccessible.

« Le Vuillaume sur lequel j’ai la chance de jouer le répertoire moderne en ce moment est un instrument incroyable, dit-il. Ça change tout. Jean-Baptiste Vuillaume était un luthier français du début du XIXe siècle. Il était fasciné par les instruments de Crémone, et collectionnait des instruments qu’il copiait et dont il s’inspirait. Il était très talentueux et il a construit beaucoup d’instruments qui sonnent magnifiquement. De nos jours, de nombreux solistes jouent des Vuillaume, qui ont des qualités sonores exceptionnelles, de puissance, de rondeur et de couleurs. Celui qui m’est prêté en ce moment date de 1858, en superbe état. J’ai essayé une centaine d’instruments de tous les prix, et j’ai vraiment un coup de cœur pour celui-là. »

Malheureusement, s’il ne trouve pas de mécène ou un investisseur prêt à en faire l’acquisition pour lui prêter, Guillaume devra se départir de son violon dans quelques mois, car l’instrument, qui a appartenu à un instrumentiste en fin de carrière dont l’identité n’a pas été divulguée, est présentement à vendre pour la somme de 350 000 $.

À ce prix, on ne sera pas étonné d’apprendre que le violoniste ne dispose pas de cette somme, qu’il a même tenté d’emprunter, sans succès, à une banque.

« Il existe plusieurs façons pour des instrumentistes d’accéder à des instruments de grande valeur, dit-il. Cela peut notamment se faire avec l’aide d’un mécène qui en fait l’acquisition et lui prête. Il y a aussi une méthode qui consiste à créer une société de commandite, où la propriété de l’instrument est divisée en part à un groupe d’acquéreurs, dont peut faire partie le musicien. Chaque membre de ce groupe peut éventuellement revendre ses parts à un autre investisseur éventuel, où tout le monde peut se mettre d’accord pour la revente de l’instrument dans un nombre d’années déterminé. Toutefois, cette façon de faire est assez rare. On voit plus souvent des acheteurs uniques. Il s’agit d’instruments de collection et il s’agit bel et bien d’un investissement, au même titre que l’achat d’un tableau. Les instruments ont une cote et on peut suivre l’évolution de leur valeur, qui est de l’ordre de 11% par an. C’est pour cela que les instruments sont devenus difficilement accessibles aux instrumentistes. Le violoniste qui a acheté ce violon il y a plusieurs décennies a pu se le permettre. Mais aujourd’hui, un nom comme Vuillaume intéresse tellement les collectionneurs que ce n’est plus abordable. »

Des instruments encore plus chers, tels que le Guarneri del Gesu vendu récemment près de 10 millions aux enchères, sont devenus des objets de spéculation.

« Nous sommes dans une ère où de nombreux investisseurs s’intéressent aux objets de collection, notamment sur le marché asiatique. Ils sont prêts à débourser des sommes astronomiques. Comment les instrumentistes peuvent-ils avoir accès à ces instruments? C’est presque impossible. Il y a des instruments qui apportent vraiment une qualité sonore de plus et peuvent faire une différence pour exercer notre art. Ce Vuillaume a un son chaleureux, soyeux, capable de projeter dans une grande salle, mais aussi de bien se mêler aux instruments d’un quatuor. »

Selon le violoniste, l’achat d’un violon de grande valeur a certains avantages sur celui d’un tableau: la visibilité que l’instrument obtient lors des concerts et dans les programmes.

« C’est aussi la possibilité d’encourager un artiste et de soutenir sa carrière, dit-il. Dans le monde du sport, les commandites sont fréquentes pour les athlètes, alors pourquoi pas dans les arts? L’instrument grandit avec l’artiste et il est mis de l’avant. »

Concerts à venir

On pourra entendre Guillaume Villeneuve dans le cadre des concerts suivants:

Jeudi 30 mars à 19h30 : Quatuor Cobalt « Célébrons Hollywood » à l’église Sainte-Françoise-Cabrini à Rosemère.

Dimanche 2 avril à 15h30 : Quatuor Cobalt « Influencés » avec de la musique de la période révolutionnaire française, à la Chapelle Historique du Bon-Pasteur à Montréal.

Orchestre Galileo (comme violon solo) en tournée pour le programme « Taffot, Kakudji, Pergolèse » :

  • Samedi 15 avril à 19h30 à l’église Saint-Michel-Archange de Saint-Michel.
  • Dimanche 16 avril à 19h30 à l’église Sainte-Jeanne-de-Chantal de Notre-Dame-de-l’Île-Perrot.
  • Mardi 18 avril à 19h30 à la Chapelle Notre-Dame-de-Bon-Secours sur la rue Saint-Paul Est à Montréal.

DÉTAILS ET BILLETS

Jeudi 20 avril à 15h : Quatuor Cobalt « Célébrons Hollywood » au centre nautique Baie-de-Valois à Pointe Claire.

Mardi 25 avril à 12h : Quatuor Cobalt « Influenceurs » pour un concert autour de Haydn, Mozart, et Boccherini au Cedar Center à Montréal.

Ensemble Caprice – Messe en si mineur de J.S Bach, le 26 mai, 19h30, Maison symphonique.

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