La foire d’empoigne au bureau des passeports et à l’aéroport ne vous tente pas? Voici quelques suggestions pour mélomanes casaniers, histoire d’occuper vos temps libres cet été quand vous avez plutôt envie de rester tranquille à la maison…ou au chalet.
Disques
Grand collectionneur et nostalgique dans l’âme, notre dévoué collaborateur, Christophe Rodriguez, aime se promener entre le jazz, la musique de film et le classique. Il nous parle aujourd’hui de quelques albums écoutés récemment.
Claude Bolling/ Yo-Yo Ma/ Suite for cello & jazz piano Trio / Frémeaux& Associés
« Dans les années 80, le pianiste de jazz/chef d’orchestre/compositeur Claude Bolling a réalisé la jonction entre la musique classique et le jazz. Pour ce projet que l’on peut qualifier de « cross over », il a fait appel au flûtiste Jean-Pierre Rampal (Suite for Flute), au violoniste Pinkas Zukerman, au guitariste Alexandre Lagoya, au trompettiste Maurice André (disque légendaire) ainsi qu’au tout jeune violoncelliste Yo-Yo Ma. En 1984, au Studio Davout, passé hélas sous le pic des démolisseurs, il retrouvait le contrebassiste Marc-Marc-Michel Lebevillon, le batteur Jean-Luc Dayan et le violoncelliste. Sans jamais céder aux trompettes de la Renommée, Claude Bolling nous offrait un disque capiteux, brillant ou le swing fait vraiment bon ménage avec l’univers classique. Cette réédition qui n’a pas vieilli d’un iota s’écoute toujours avec le même bonheur. De la fougue, de la finesse avec ces indicibles moments de bonheur. » – Christophe Rodriguez
Mélisande Mc Nabney/Fantasias/Bach/Mozart/ATMA classique/Naxos
« De la fantaisie, dites-vous? Certainement! Que ce soit à l’orgue, au clavecin ou au pianoforte dans le cas présent, Mélisande Mc Nabney a un talent indéniable et de l’imagination pour sortir des sentiers battus. Si j’aime beaucoup moins le pianoforte que le piano (question de goût évidemment), cet album consacré aux univers de Bach et de Mozart devrait néanmoins séduire ceux qui l’apprécient. Avec son Improvisation : fantaisie libre et modulation, autour de ces compositeurs, tout est limpide. Jamais trop technique, la musicienne, qui insuffle de la clarté et rebondit sur les nuances et les dynamiques de ses improvisations nous fait apprécier le pianoforte dans toute sa plénitude. » – Christophe Rodriguez
Les trouvailles du web
Véritable accro de la plateforme YouTube, notre rédactrice en chef aime découvrir des vidéos musicales qui sortent des sentiers battus. Voici quelques-unes de ses plus récentes trouvailles:
Une scène d’Amadeus et la partition du Requiem
« Même si l’on sait que le magnifique Amadeus de Miloš Forman (adapté d’une pièce de Peter Shaffer) n’est pas un reflet fidèle de la réalité historique, notamment en ce qui concerne la relation entre Mozart et Salieri, il n’en demeure pas moins qu’il s’agit d’un film extraordinaire pour tout mélomane ou cinéphile, qui méritait pleinement ses huit Oscars en 1984.
J’ai vu ce film plus de dix fois, et la scène de l’écriture du Requiem où Mozart, malade, est aidé par Salieri, est une de mes préférées. On la revoit ici, avec l’ajout de la partition au fur et à mesure. Fascinant. » – Caroline Rodgers
Elizabeth Zharoff, la soprano youtoubeuse
« C’est par hasard que je suis tombée sur The Charismatic Voice, la chaîne YouTube d’Elizabeth Zharoff, soprano diplômée de grandes écoles (Oberlin, Curtis).
Elle y parle de la voix sous toutes ses formes et dans tous les genres, notamment en commentant sans prétention les prestations d’artistes populaires, entre autres sur le plan de leur technique vocale. En plus d’être un exemple de polyvalence, de débrouillardise, de créativité et d’ouverture d’esprit, elle possède une personnalité attachante et un enthousiasme communicatif. On ne sera donc pas étonné de constater que sa chaîne compte plus de 21 000 abonnés.
Étant moi-même admiratrice du groupe mythique Jethro Tull et de son incroyable soliste Ian Anderson, qui, on le sait, en plus de chanter, jouait de la flûte traversière comme nul autre (en se tenant parfois sur une seule jambe) j’ai choisi cet exemple, mais la chanteuse a produit des dizaines de vidéos. De quoi s’occuper pendant des heures. » – Caroline Rodgers
LIVRE
Les vies de papier
« D’abord séduite par le joli titre du roman du libano-américain Rabih Alameddine, Les vies de papier, j’ignorais qu’il aurait un lien, bien que ténu, avec la musique. Recluse et seule dans son appartement d’un immeuble décrépit de Beyrouth, Aaliya, 72 ans, évoque ses souvenirs. Libraire à la retraite, elle a subi la guerre, dormi avec une kalachnikov pour se protéger des intrus, et vu sa ville se transformer au fil des ans et des bouleversements politiques. Traductrice autodidacte, elle traduit pour le plaisir les classiques de ses auteurs favoris, tout en écoutant des vieux disques des pianistes légendaires: Gould, Rubinstein, Richter. Elle explique aussi comment s’est initiée d’elle-même à la musique classique, petit à petit, au gré des achats de bon vieux vinyles.
Roman sans véritable intrigue, superbe hommage à la littérature, à l’indépendance d’esprit, à la solidarité féminine et à la mémoire du temps qui passe, Les vies de papier nous rappelle aussi que l’on peut profiter de la vie à tout âge. On s’étonne également de la merveilleuse justesse du ton de l’auteur quand il s’agit de donner une voix et une personnalité crédibles à une femme sans tomber dans les clichés.
À lire à petites doses en prenant un bon café. » – Caroline Rodgers
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