La cheffe d’orchestre québécoise Mélanie Léonard faisait ses débuts à l’Orchestre symphonique de Montréal, hier soir, 2 mars, à la Maison symphonique, dans la Symphonie no 9 « Nouveau Monde » de Dvořák.
Avant d’en venir au vif du sujet, soit cette magnifique symphonie, il importe de raconter le début mémorable dans le contexte particulier de ce concert. Au sein de l’auditoire, quelques personnes portent le drapeau de l’Ukraine, dont les couleurs sont également projetées au fond, sur les tuyaux du Grand orgue Pierre-Béique. Tous les musiciens de l’OSM arborent également un petit ruban bleu et jaune.
Marianne Perron, directrice de la programmation, et Stéphane Lévesque, basson solo et président du comité des musiciens, viennent dire le mot de bienvenue en mentionnant que Rafael Payare, les musiciens et tout le personnel de l’OSM sont solidaires du peuple ukrainien durement touché par la guerre sur son territoire. Alors qu’ils annoncent que l’orchestre va jouer l’hymne national de l’Ukraine, un homme s’écrie, de la mezzanine : « Non! On n’a pas payé pour ça! »
Malaise.
Cela n’empêchera pas le reste des spectateurs d’applaudir l’initiative et de se lever debout pendant que l’on écoute le Chtche ne vmerla Ukraïny en version symphonique, n’en déplaise à ce monsieur de mauvaise humeur (ou pro-Poutine, allez savoir ce qui se passe dans la tête de quelqu’un qui décide de crier à la Maison symphonique…)
En dédiant son concert aux victimes de la guerre en Ukraine, l’OSM rejoint de nombreuses organisations musicales à travers le monde, qui condamnent vivement l’invasion russe.
Mélanie Léonard
Droite et sérieuse, Mélanie Léonard dégage la confiance, le savoir-faire, le bon jugement musical, l’intégrité, l’authenticité et la sensibilité. Elle impose aussi le respect non seulement parce qu’elle respecte la musique, mais qu’elle la comprend et nous la fait comprendre et ressentir.
Dirigeant avec calme, fluidité et clarté, elle apporte un tel niveau de détail dans la Symphonie no 9 de Dvorak qu’on a l’impression de remarquer des choses nouvelles dans cette « Nouveau Monde » pourtant déjà entendue cent fois. Le second mouvement, qu’elle laisse se déployer lentement, est particulièrement tendre et émouvant. Malheureusement, les spectateurs applaudissent entre chaque mouvement, ce dont je n’avais pas été témoin depuis un certain temps à la Maison symphonique.
Les deux premières pièces étaient Hiawatha, de Samuel Coleridge-Taylor, compositeur afro-britannique portant le nom (inversé) du célèbre poète anglais, et The Spark Catchers, d’Hannah Kendall, faisaient dix minutes chacune. Dix minutes vite passées dans le cas de Hiawatha, qui nous a semblé le préambule idéal à la Nouveau Monde, mais un peu moins pour la pièce de Kendall, plutôt académique et en ce qui me concerne, à ranger dans la catégorie « j’attends patiemment que ce soit terminé. »
Mélanie Léonard s’est donné la peine de prendre le micro pour expliquer le programme, chose rare de la part des chefs invités à l’OSM. En conclusion, espérons que l’OSM réinvitera cette excellente cheffe talentueuse dont la carrière a été peu médiatisée jusqu’à maintenant, mais qui mérite de faire parler d’elle davantage.