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CRITIQUE | Orchestre Métropolitain: repas consistant pour soirée hivernale réussie

Par Caroline Rodgers le 12 février 2022

Yannick Nézet-Séguin, 11 février 2022. (Photo: Antoine Saito)
Yannick Nézet-Séguin, 11 février 2022. (Photo: Antoine Saito)

C’était au tour de l’Orchestre Métropolitain, hier soir, de revenir à la Maison symphonique après le fâcheux intermède Omicron, et Yannick Nézet-Séguin s’est montré très heureux de nous accueillir avec un « Bienvenue chez vous, enfin, enfin ».

Le programme « Épopée nordique » réunissait des œuvres d’André Mathieu, d’Isabelle Panneton et de Jean Sibelius. Avec le discours d’introduction du chef d’orchestre et la pause, la soirée s’est donc étirée sur pratiquement deux heures.

 

Jean-Philippe Sylvestre, pianiste. (Photo: Antoine Saito)
Jean-Philippe Sylvestre, pianiste. (Photo: Antoine Saito)

Le Concerto de Québec

Le Concerto pour piano no 3 d’André Mathieu, dit « de Québec », est une œuvre de jeunesse (il avait quatorze ans) et cela est évident surtout dans son premier mouvement, un assemblage d’idées parsemé d’emportements avec quelques belles mélodies pour servir de colle à l’ensemble.

Heureusement, le très romantique second mouvement sauve cette œuvre avec ses thèmes magnifiques. Quant au troisième, son thème joyeux du début aurait fait un bon générique de téléroman à Radio-Canada dans les années soixante-dix.

On sait que Jean-Philippe Sylvestre est un virtuose redoutable, capable de jouer ce qu’il veut, et qu’il connaît bien les concertos de Mathieu puisqu’il les a enregistrés avec l’Orchestre Métropolitain sous la direction d’Alain Trudel. Son interprétation est maîtrisée et engagée, mais traversée par moments d’une certaine brusquerie et dans l’ensemble, assez sèche. Le toucher est dur et un manque de poésie se fait sentir.

Fortement applaudi, le pianiste revient pour un rappel, le mouvement final  – precipitato – de la Sonate no 7 de Prokofiev, monstrueusement difficile, que Sylvestre exécute avec fougue et panache. On se croirait dans un concours.

Le documentaire

Comme les entractes sont interdits en cette ère de COVID, on prend une pause en restant à nos places, le temps d’enlever le piano et de réaménager la scène. L’OM étire un peu ce moment pour nous présenter la première partie du nouveau documentaire de Jean-Nicolas Orhon qui souligne ses 40 ans.  Des musiciens, dont Denise Lupien, qui fut violon solo de l’OM pendant 27 ans, racontent les débuts difficiles de l’orchestre et ses problèmes de financement.

On écoute aussi les commentaires et témoignages de Mario F. Paquet, ancien animateur de Radio-Canada, et de Jeanne Desaulniers, épouse du regretté Jacques Hétu, qui avait confié à l’OM la création de sa Symphonie concertante en 1987. Cette première partie donne envie de voir le reste du film, disponible à compter d’aujourd’hui sur le site de l’OM, et pour l’avoir déjà visionné, je vous confirme que le reste est tout aussi intéressant.

 

L'Orchestre Métropolitain, sous la direction de Yannick Nézet-Séguin, le 11 février 2022, Maison symphonique. (Photo: Antoine Saito)
L’Orchestre Métropolitain, sous la direction de Yannick Nézet-Séguin, le 11 février 2022, Maison symphonique. (Photo: Antoine Saito)

Isabelle Panneton

En 2001, Yannick Nézet-Séguin passait sa première commande d’œuvre à Isabelle Panneton. La compositrice, présente au concert, a retravaillé sa partition en prévision de ce concert. La pièce en deux mouvements, intitulée Promenade, est bien construite, cohérente, porteuse d’idées fortes et d’ambiances intrigantes qui captent l’attention. Son premier mouvement, mystérieux, nous semble une vaste question sans réponse, tandis que le second apporte une certaine ambiance hivernale qui l’inscrit parfaitement dans ce programme de concert qui se veut nordique. Dans sa conception et son exploitation des instruments, elle nous prépare bien à ce qui va suivre.

Sibelius

Il y a quelques années, l’Orchestre Métropolitain a entrepris d’enregistrer progressivement l’intégrale des symphonies de Sibelius, comme il l’a fait auparavant pour celles de Bruckner. Le concert était donc capté, hier soir, par ATMA Classique, en plus d’être webdiffusé en direct.

Il va sans dire que la Symphonie no 4 de Sibelius est un poids lourd, œuvre assez sombre d’une grande profondeur qui ne se laisse pas apprivoiser facilement et demande de l’endurance tant de la part du chef et des musiciens que des auditeurs.

Comme le disait Yannick Nézet-Séguin en début de concert, elle nous invite à la réflexion. Le compositeur développe ses idées sur le long cours, comme un roman de mille pages se déroulant au cœur d’une immensité glaciale qui plongerait son lecteur dans de grandes réflexions philosophiques.

Conscient de tout cela, le chef n’essaie pas d’en faire trop ou d’accoler des affects superflus. Il laisse tout simplement ce pénétrant discours se déployer en misant sur la qualité sonore et la cohésion de son orchestre. L’exécution est remarquablement équilibrée, et les vents font des merveilles, notamment les cors, la flûte et le hautbois.

Ce n’était certes pas une soirée légère qui donne envie de danser comme le dernier mouvement de la Septième de Beethoven, entendue quelques jours plus tôt, mais elle fut nourrissante.

Vous avez raté ce concert? Il est possible de se rattraper avec la webdiffusion, disponible jusqu’au 13 février.

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