On voyage à Paris et à Buenos Aires avec la musique cette semaine, et trois disques propices à l’évasion. Bonne écoute et bonnes vacances à tous!
Gerhswin & Ravel/ Pascal Rogé/Vienna radio Orchestra/ Bertrand de Billy/ OEHMS Classics/ Naxos
À défaut de voyager librement, les disques nous sont souvent d’un grand secours. Avec cette compilation enregistrée au fil des ans, le pianiste Pascal Rogé et son acolyte, le chef d’orchestre Bertrand de Billy nous font redécouvrir les univers de George Gerhswin et de Maurice Ravel.
Comme le souligne si bien Andrea Seeborhm dans les notes du livret, il y a beaucoup de similitudes entre ces deux compositeurs. En avance, sur leur époque, marquée par le bruit des villes et un monde qui se transforme à la vitesse grand V, grâce à la technologie, tout se veut impressionniste. Si Gershwin s’imprègne du jazz naissant et du classique, Maurice Ravel introduit dans ses compositions une légère part de blues et de foxtrot, synonyme du Paris des années folles.
Sur cette lancée, nous ouvrirons donc le bal ; avec l’incontournable Rhapsody in Blue, suivi de An American in Paris. Soutenu par un orchestre consistant, Vienna Symphony Orchestra, Pascal Rogé offre une version qui déborde de joie de vivre, assez jazz dans son essence, récréent l’effervescence et cette Amérique un peu canaille, coincée entre Gatsby le magnifique et les tripots malfamés. Pour son Américain à paris, le chef suit un peu la ligne directrice de ce que fit Leonard Bernstein avec Le New York Philarmonic. Vibrant, un peu canaille, pétillant, tout est dans le mouvement et le jazz évidemment !
Pour les deux concertos de Ravel, même s’ils sont totalement différents, Pascal Rogé privilégie l’équilibre, la sensibilité et plus encore, l’esprit félin. Sans avoir la magie de ce qui fit Samson François sous la direction d’André Cluytens, ces deux Ravel sont servis par l’intelligence et l’émotion.
Misa tango/Astoria/Antartica Records/ Naxos
Avouons que nos amis belges sont inventifs et qu’ils savent donner à « leur plat pays »(Jacques Brel), de nouvelles couleurs au tango. À bien des égards, ce Misa tango est tout à fait surprenant, puisque l’aspect choral y est très présent, surtout avec The New Baroque Times Voices. Sous la direction de Philippe Gérard, trois compositions assez méconnues du maitre Astor Piazzolla nous sont offertes et surprises ! Même les puristes du nouveau tango y trouveront leur compte. L’unité du chant qui sert admirablement l’âme du tango jette un regard incisif sur la poésie, les contraintes de l’amour, parfois et la passion bien entendu. Dans ce sillon, le Misa a Buenos Aires du compositeur Martin Palmeri (1965) est aussi choral qu’envoûtant. Respectant les codes, jouant avec les harmonies, la formation Astoria célèbre à sa manière l’été et le cœur de Buenos Aires, creuset de toutes les formes de tango.
La clarinette parisienne/Michael Collins/Noriko Ogawa/Bis Records/ Naxos
Je suis certain, que le saxophoniste/clarinettiste de l’OSM, notre ami André Moisan, connaît le clarinettiste américain Michael Collins. En tandem avec la pianiste Noriko Ogawa, celui-ci célèbre en quelque sorte cet instrument avec un certain esprit français. Autour de Debussy, Poulenc, Saint-Saëns, et, les moins connus tels que Charles-Marie Widor et André Messager, il brode, évoque les influences, se fait parfois mélancolique et avant-gardiste, surtout avec Messager. Loin d’être une curiosité, cette nouveauté est une petite douceur, qui se déguste modérément.
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