Vous avez une intervention chirurgicale planifiée prochainement ? Vous pourriez suggérer à votre chirurgien d’écouter du Mozart ou du Bach pendant l’opération – mais pas trop fort – car cette musique lui permettrait d’être plus efficace et plus concentré, selon les recommandations d’une récente étude scientifique.
Le International Journal of Surgery a récemment publié une étude qui impliquait des chercheurs écossais, suédois et finlandais. Cette nouvelle recherche a compilé les données existantes provenant de 18 études internationales, dont 9 d’entre elles ont permis de dégager des résultats incluant 212 participants.
Comme le fait remarquer l’étude, la musique est déjà présente dans les salles d’opérations pour la plupart des infirmières et des médecins, à savoir environ les 2/3.
Presque tous les répondants ont préféré la musique classique en général, avec une légère tendance pour les sonates pour piano de Mozart. La musique classique a été utilisée dans le cadre de 6 études, alors que les autres proposaient plusieurs genres musicaux.
Les résultats de l’étude semblent favoriser la musique classique jouée à un volume moyen ou faible, le hip-hop arrivant en deuxième position dans certains secteurs clés de l’étude.
Les données ont également fait ressortir des effets bénéfiques dans diverses tâches concrètes, notamment concernant la manipulation des instruments, la précision et la qualité des différentes tâches qui composent une intervention chirurgicale. Une des études a en effet révélé qu’un fond sonore réduisait la fatigue musculaire.
L’article rapporte le soi-disant « effet Mozart » – le fait que la musique classique réduise le stress et aide les chirurgiens à se concentrer – mais ce principe reste difficile à prouver. Plus précisément, les interventions chirurgicales ont connu une amélioration pouvant aller jusqu’à 10 % dans la rapidité et la précision concernant notamment les réparations de la peau. Les patients semblent également tirer avantage à cette pratique, puisqu’ils ont besoin de moins d’anesthésiques et de moins d’analgésiques.
Cependant, la musique trop forte, ou ce que l’on appelle « high beat », peut avoir l’effet inverse car elle pourrait provoquer une augmentation des infections post-opératoires. Elle peut également entraîner des problèmes de communication entre les membres de l’équipe chirurgicale, ce qui, comme le notent les chercheurs, est l’une des principales causes d’erreurs. « La mauvaise communication est l’une des causes d’erreurs médicales et d’événements indésirables les plus fréquemment identifiées, c’est pourquoi il faut en tenir compte lorsque l’on joue de la musique dans les salles d’opération ».
Le Dr Michael El Boghdady, de l’Université de Dundee en Écosse, est le principal chercheur qui a supervisé l’étude. Il explique dans le journal britannique The Sun que les résultats « sont basés sur des preuves scientifiques solides et montrent que l’effet positif de la musique sur la performance du chirurgien en salle d’opération l’emporte sur tout effet négatif. Lorsque la musique classique est jouée à un volume faible ou moyen, [elle] peut améliorer les performances chirurgicales en augmentant la précision et la vitesse. Mais l’effet de distraction de la musique doit être pris en compte lorsqu’on fait jouer un type de musique fort ou à rythme élevé dans la salle d’opération. »
L’Organisation Mondiale de la Santé (OMS) recommande d’ailleurs que la musique dans les salles d’opération ne dépasse pas les 30 décibels.
Les chercheurs ont cependant émis quelques mises en garde contre le fait que les paramètres utilisés dans l’étude étaient simulés plutôt que d’être réalisés dans lors de véritables opérations chirurgicales, ainsi que du nombre relativement faible de participants. Cependant, ils se sont montrés optimistes quant aux effets positifs de la musique pendant l’opération.
Selon le British Medical Journal, la pratique de l’écoute musicale pendant une opération chirurgicale est vieille de plusieurs milliers d’années et remonte à 4000 avant J.-C., à une époque où les prêtres et les musiciens jouaient de la harpe et d’autres instruments pendant les interventions médicales.
Cet article a d’abord été publié en anglais sur Ludwig van Toronto. Traduction: Audrey Gauthier.
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