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DISQUES | Lussier, Schiff, Gould : trois produits musicaux à écouter, à regarder, à lire et surtout à admirer

Par Christophe Rodriguez le 24 janvier 2020

cover disques 20 janvier 2020

 

Notre critique Christophe Rodriguez vous présente cette semaine des produits musicaux pour ravir vos oreilles, vos yeux et votre esprit.

 

couverture CD Le Monde d'hier de Mathieu Lussier et Francis Perron

Mathieu Lussier, basson, Francis Perron, piano, Le Monde d’hier, ATMA classique /Naxos

Avec cette nouveauté, oh combien douce et sublime, vous allez faire sans contredit un voyage dans le temps. Comme guide d’accompagnement, si musique et lecture vous conviennent, nous vous suggérons fortement de relire Stefan Zweig ou, mieux encore, Les mystères de Paris d’Eugène Sue. Nous connaissons Mathieu Lussier comme directeur artistique de l’ensemble Arion, chambriste avec la formation Pentaèdre, et surtout comme soliste. Avec plus de quinze disques à son actif, il peut être considéré l’un des plus grands représentants du basson sur la scène musicale internationale. Avec son complice, le pianiste Francis Perron, professeur à l’Université de Montréal et cofondateur du groupe Six pianos d’Orford, Mathieu Lussier nous offre un regard complice sur l’univers d’un instrument assez méconnu. Explorant avec finesse le répertoire pour basson du début du XXe siècle, ce tandem nous plonge dans un état de plénitude. À travers une constellation d’œuvres romantiques (Massenet, Elgar, Saint-Saëns), ainsi que des moins connues par Hurlstone, Pierné ou Boudreau, la magie se déploie. Comme les maîtres horlogers travaillant avec précision, nos deux acolytes opposent les couleurs, avec juste ce qu’il faut de sensations douces et parfois ténébreuses.

 

couverture DVD Andras Schiff Clavier bien tempéré livre 1 BBC Proms 2017

Sir András Schiff, piano, The Well-Tempered Clavier, Book 1, J. S. Bach

BBC Proms, Unitel, DVD, Naxos.

Même si le format concert en DVD est de moins en moins couru, ce petit bijou capté lors des BBC Proms en 2017 vaut amplement le détour. Au piano, un grand maître, soit András Schiff, qui s’attaque à un immortel : le premier volume du Clavier bien tempéré de Bach. Si nous avons tous en mémoire ce que fit à une époque Glenn Gould, ainsi qu’Edwin Fischer ou Friedrich Gulda, ne boudons pas notre plaisir. Il faut du temps et de la patience pour entrer dans son jeu, en disséquer les moindres intériorités, sans toutefois faire preuve d’une connaissance aigüe. Avec un jeu très clair, proche de Gulda, Andras Schiff combine l’intensité narrative à la sobriété. Si vous êtes friand de jeu nuancé, ce petit cadeau accompagnera vos longues soirées hivernales.

 

couverture Glenn Gould Contrepoint à la ligne

Glenn Gould, Contrepoint à la ligne et autres écrits

traduction et édition établies par Bruno Monsaingeon, Robert Laffont, collection Bouquins, 954 p.

Nous évoquions plus tôt le pianiste canadien Glenn Gould : voici justement l’occasion de le redécouvrir à travers ses propres écrits ainsi que de multiples entrevues. Sous la direction de Bruno Monsaingeon, qui réalisa au fil des décennies plusieurs documentaires sur cet artiste hors-norme que nous qualifierons d’inclassable, ce gros bouquin est une aubaine qui vous fera sourire puis réfléchir. Réunissant Non, je ne suis pas un excentrique (Fayard, 1986), Le dernier puritain, Écrits I (Fayard, 1983) puis Contrepoint à la ligne, Écrits II (Fayard, 1985), tous ces textes sont une plongée presque en apnée dans le monde d’un pianiste qui eut beaucoup de choses à dire, sans vouloir nécessairement prouver quoi que ce soit à ses contemporains.

D’un chapitre à l’autre, parce que nous ne sommes pas obligés de commencer automatiquement par le début, Gould s’exprime sur ses manies (sa chaise basse, ses gants, son anorak été comme hiver), son jeu pianistique et plus encore. Mais le cœur du sujet reste la musique et là, quel feu d’artifice! Des études sur Schoenberg au touchant portait qu’il dressa de son ami, le violoniste Yehudi Menuhin, de son amour pour Bach à Chopin qu’il ne trouvait pas assez musical, preuve à l’appui, que de matières à réflexions.

En avance sur son temps, réfléchissant aux techniques de production et de postproduction, notre homme avait des positions bien arrêtées. Il affirmait, par exemple, qu’un « enregistrement n’est pas nécessairement la photographie d’un concert », et il désapprouvait « les techniques de postproduction qui brisent inévitablement la continuité d’une interprétation ». Si vous aimez la critique sensée ainsi que les analyses, nous vous enjoignons de lire ce qu’il pensait de l’approche minimaliste employée dans Flat Foot Floogie du contrebassiste de jazz Slam Stewart, sa conception du Concerto en ré mineur de Brahms après une discussion avec le chef d’orchestre Leonard Bernstein, ou encore son approche d’Hindemith avec comme sous-titre : « Son temps viendra-t-il ? Enfin ? À nouveau ». Franchement brillant.

 

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