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CRITIQUE | La clemenza di Tito à Opéra McGill: un beau spectacle, mais...

Par Michel Joanny-Furtin le 9 novembre 2019

Olivier Gagnon incarne Tito dans La clemenza di Tito, une production d'Opéra McGill. (Photo: Tam Lan Truong)
Olivier Gagnon incarne Tito dans La clemenza di Tito, une production d’Opéra McGill. (Photo: Tam Lan Truong)

J’en conviens: La Clemenza de Tito présentée cette fin de semaine à Opéra McGill est un beau spectacle, mais…entre les fleurs et le pot, commençons par le pot.

L’équipe d’Opéra McGill nous a très souvent servi des mises en scène avec décors et costumes fort pertinentes même si, parfois, les accessoires péchaient par excès. Mais le plaisir était toujours là. Malgré la prestation orchestrale de qualité de l’orchestre de chambre Pronto Musica, ce fut bien moins le cas en termes de mise en scène, décors, costumes et direction d’acteurs pour cette production qui a clairement souffert d’un budget trop restreint.

Pour commencer, une bizarrerie : lors de la mise en place des interprètes pendant l’ouverture, un personnage élancé, en complet veston, apparaît après notre Titus de la Rome antique. Ce fait posé comme un cheveu sur la soupe trouvera sa raison dans le clin d’œil final évoquant une similarité des personnalités entre Tito et Trudeau sur les pancartes « Tideau » lors d’une manifestation de soutien jouée par le chœur. Pourquoi pas…

Le décor

Un regret: les décors volumineux et fastidieux. Des prismes droits à base triangulaire servaient de colonnes tournantes. Sauf que ce système, mal fagoté à mon goût, nécessite un ballet incessant qui distrait le propos, accapare l’attention, gène l’écoute, bref dessert plus qu’il ne sert l’histoire. Ce système est censé montrer les différents sites de l’histoire, les couloirs du palais où se trame le complot, mais aussi le chaos d’un incendie volontaire, moment fort du complot contre Titus.

Dans la seconde partie, bien utilisés quelquefois, ces éléments scénographiques servaient l’enfermement mental de Sesto dans sa culpabilité et les atermoiements de l’âme des différents personnages. Cependant, la simplicité restera toujours le meilleur choix. Un grand bravo, par contre, aux quatre soldats romains réquisitionnés aux grandes manœuvres pour faire bouger, déplacer, installer ces gigantesques boites de Toblerone.

Pour en finir avec le décor, j’ajouterais quand même que c’était une bonne idée de placer le chœur sur une estrade en arc de cercle comme le public d’un cirque romain qui assiste aux complots de ses puissants dans l’arène.

Les costumes

Alors que le chœur était vêtu selon notre époque, les costumes des protagonistes semblaient issus de la garde-robe du dernier péplum. Trop, c’est comme pas assez. Ces costumes trop explicites gênaient les chanteurs dans leur mouvement, et ceux-ci devaient marquer leur gestique pour donner plus d’emphase à la stature de leurs personnages.

Dans ce sens aussi, la direction d’acteurs reste à peaufiner, les chanteurs semblaient ne pas savoir quoi faire de leur bras, et parfois de leur corps, allant d’un côté à l’autre pour occuper l’espace. De plus l’incarnation des personnages était parfois déficiente. Titus est un monarque puissant qui en impose. On imagine un homme fier, tout en retenue, même dans les moments de doute. Olivier Gagnon a tenté de nous le représenter ainsi. Un effort qui méritait d’être guidé et indiqué, mais dont il n’a semble-t-il pas assez bénéficié. C’est un peu dommage car son Titus est attachant et on aurait aimé qu’il puisse lui donner plus d’ampleur.

 

Olivier Gagnon incarne Tito dans La clemenza di Tito, une production d'Opéra McGill. (Photo: Tam Lan Truong)
La clemenza di Tito, une production d’Opéra McGill. (Photo: Tam Lan Truong)

Les voix

Tel qu’annoncé au début de ce texte après le pot, les fleurs !

Si l’ensemble péchait par son aspect quelque peu « provincial » dans la première partie, c’était tout autre chose dans la seconde. Oubliant peu à peu les irritants énoncés, l’œuvre prend alors son ampleur et son envol artistique et les chanteurs se donnent alors dans la grande mesure de leur talent expressif et vocal. Vocalement, les interprètes se sont donnés sans réserve et ce spectacle nous fait découvrir de belles « trouvailles ».

Et c’est en cela que j’affirme que cette Clémence de Titus est un beau spectacle. Vraiment!

Olivier Gagnon a la voix bien placée pour incarner le rôle de Titus. Une voix qui peut encore évoluer en puissance. Avery Lafrentz nous a servi une Vitellia puissante vocalement et artistiquement avec une amplitude vocale remarquable, une rondeur de la voix même dans les aigus, et des graves bien assis qu’il faudra travailler encore un peu pour leur donner la qualité requise, mais le terreau est là. Une voix à suivre (dans tous les sens des mots, voix et voie…).

Le Annio de Eva-Marie Cloutier était bien enraciné dans la voix, le jeu, la dramaturgie. Une belle recrue vocale et artistique pour de prochains opéras. Elisabeth Boudreau a interprété le court rôle de Servilia avec une prestance et une clarté vocale hors pair. Ce petit bout de femme surprend par la puissance et la qualité, articulation comprise, de son chant. Une première découverte ce soir.

Je garde le dessert pour la fin : la formidable prestation de Maddie Studt en Sesto. Tout y était : le timbre, la puissance et l’étendue vocale, le jeu et l’intériorité de son interprétation, sobre et efficace, crédible. J’ajouterais aussi l’incarnation physique, même le visage et la corpulence de ce personnage masculin par cette mezzo de talent. À quelques reprises, je me suis demandé si c’était un sopraniste qui l’interprétait. C’est dire comment Maddie est entrée dans son personnage! Une artiste lyrique complète et, pour moi, la révélation de cette production!

Vous voulez y aller?

La clemenza di Tito de Wolfgang Amadeus Mozart
Une production d’Opéra McGill avec la collaboration de l’orchestre de chambre Pronto Musica sous la direction de Stephen Hargreaves.
Samedi 9 novembre,19 et dimanche 10 novembre, 14h30, salle Pollack, Université McGill. NB que la distribution du 9 novembre n’est pas la même que celle du 8 et du 10. 

Les représentations du 9 et du 10 seront webdiffusées. DÉTAILS

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