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OPÉRA | Étienne Dupuis et Nicole Car dans Eugene Onéguine: l'opéra, à deux, c'est mieux.

Par Caroline Rodgers le 14 septembre 2019

Nicole Car and Étienne Dupuis
Nicole Car, soprano, et Étienne Dupuis, baryton, seront de la distribution d’Eugene Oneguine présenté cet automne à l’Opéra de Montréal. (Photo: Yan Bleney)

Le cas n’est certes pas unique, mais rares sont les couples de chanteurs d’opéra qui peuvent se retrouver régulièrement dans les mêmes productions. Étienne Dupuis et sa conjointe, la soprano australienne Nicole Car, sont tous deux de la distribution d’Eugene Onéguine, présenté à l’Opéra de Montréal du 14 au 22 septembre. Il est Onéguine, elle est Tatiana. Nous les avons rencontrés lors d’une répétition ouverte aux médias, à la Place des arts.

Après quelques prestations des chanteurs, on explique aux journalistes que la production sera plutôt traditionnelle, avec ceci de particulier que l’histoire est située du point de vue des personnages principaux alors qu’ils sont devenus vieux. Ils évoquent leurs souvenirs de cette période de leur vie et la mise en scène oscille entre le réalisme et leurs rêves, un basculement signalé aux spectateurs par des changements sur le plan visuel.

Après la répétition, c’est l’occasion de parler brièvement à Étienne Dupuis et de voir en coup de vent Nicole Car et leur fils, Noah, deux ans et demi, qui est resté bien sage durant la démonstration.

 

Nicole Car et Étienne Dupuis dans Eugene Onéguine, Opéra de Montréal, 2019. (Photo: Yves Renaud)
Nicole Car et Étienne Dupuis dans Eugene Onéguine, Opéra de Montréal, 2019. (Photo: Yves Renaud)

Ludwig van Montréal: chantez vous souvent ensemble dans des productions?

Étienne Dupuis: « Oui. Cette année, en particulier, nous avons eu beaucoup de chances. Nous avons choisi la même agence dans le but avoué de ne jamais être très loin l’un de l’autre, et de faire en sorte que, si nous ne chantons pas ensemble, que l’un soit en pause pendant que l’autre a un rôle, de façon à pouvoir nous suivre. Si Nicole chante pendant un mois et demi, je préfère ne pas être occupé pendant tout ce temps, et vice-versa. Nos agents comprennent. Nicole et moi, on se ressemble beaucoup comme chanteurs et acteurs. On est intuitifs, on est très « dans le drame » alors souvent, les directeurs de casting qui aiment l’un de nous aiment aussi l’autre, ce qui nous aide à être engagés ensemble. C’est évidemment possible de nous engager séparément, mais on a plus de chances d’accepter si on sait qu’on sera ensemble. On a fait, entre autres, La Bohème au Met, La Traviata et Faust à Marseille, Oneguine à Berlin, Don Giovanni à Paris, et on en a plusieurs autres à venir. On est presque étonnés que ce soit possible, et que l’on se fasse dire oui aussi souvent. Ce qui aide, c’est que nous avons un écart d’âge parfait. Nicole a 33 ans, sa voix change déjà et elle obtient des rôles plus costaud, tandis que moi, à 40 ans, je commence aussi à avoir des rôles plus exigeants On arrive à ce stade en même temps. »

LvM: Quels sont ces nouveaux rôles que tu peux faire maintenant, qui n’étaient pas possibles avant? 

Étienne Dupuis: « Je m’attaque à des rôles verdiens, comme Renato dans Un Bal Masqué. »

LvM: ou se situe votre résidence principale?

Étienne Dupuis: « C’est Paris, depuis avril ».

LvM: Vas-tu rechanter dans Another Brick in the Wall

Étienne Dupuis: « La production continue de voyager, mais je n’en fais pas partie. C’est Nathan Keoughan, qui était ma doublure à Montréal, qui l’a fait à Cincinnati et le fera à Toronto et à Vancouver. Avec ma carrière, je n’ai plus le temps. Avec Another Brick in the Wall, il y a beaucoup de représentations qui s’enchaînent. Je ne pourrais pas. »

LvM: À quoi peut-on s’attendre avec cette production d’Eugene Onéguine?

Étienne Dupuis: « C’est classique, une production qui respecte les codes et se passe en 1820, en Russie, et demeure très proche de ce que Pouchkine a écrit. Quand on se retrouve dans la tête d’Onéguine et de Tatiana, cela devient un peu cauchemardesque, leurs souvenirs déforment la réalité, mais ce n’est pas poussé à l’extrême. »

 

Étienne Dupuis interprète le rôle titre dans Eugene Onéguine, du 14 au 22 septembre à l'Opéra de Montréal. (Photo: Yves Renaud)
Étienne Dupuis interprète le rôle titre dans Eugene Onéguine, du 14 au 22 septembre à l’Opéra de Montréal. (Photo: Yves Renaud)

LvM: As-tu quoi que ce soit en commun avec ton personnage?

Étienne Dupuis: « La force des grands opéras réside dans les moments où le sujet devient universel. C’est ce qui lui permet de passer à travers les époques et même les lieux où il a été créé. Tchaïkovski a créé cet opéra en Russie, avec des jeunes, à l’université, et on le refait. Onéguine a tout vu, tout fait, et il est convaincu qu’il n’a plus rien à apprendre. Il est arrogant et imbu de lui-même et j’ai déjà été un peu à ce stade, à des moments de ma vie. Parfois, une femme m’approchait en voulant sortir avec moi et je lui disais: non, car je vais te rendre malheureuse. J’avais trop envie de tout voir, je voyageais partout. J’avais peur de ne pas être loyal. Tu peux l’écrire, car cela a bien changé depuis! Je me reconnais donc, plus jeune, dans les réactions d’Onéguine et j’arrive à lui pardonner d’être aussi dur et violent avec elle. »

LvM: Es-tu d’accord avec les gens qui affirment qu’il y a plus qu’une simple amitié entre Oneguine et Lenski? 

Étienne Dupuis: « On peut le jouer comme cela, mais quand on lit Pouchkine, on comprend qu’il essayait de créer un personnage vraiment centré sur lui-même, et les gens oublient que cela existe, des personnes qui ne sont pas dans l’amour ni dans le sexe. On pense que tout le monde a sa petite vie secrète. Il y a vraiment des gens qui n’ont pas cela. Oneguine s’est créé une forteresse de solitude dans ses livres, et dans la ferme héritée de son oncle. Il n’a rien à faire des grands bals où tout le monde est centré sur les apparences. Lorsqu’il rencontre Lenski, un poète, un rêveur, c’est enfin pour lui une occasion de débattre, de discuter. Autant Lenski peut aller loin dans ses émotions, autant Oneguine prend plaisir à le confronter, à lui dire que tel écrivain ou tel poète ne vaut rien, et Lenski est capable de lui répondre. C’est cela qui l’intéresse et c’est sur ce débat intellectuel que leur relation est basée. Je crois que c’est cela que Pouchkine a créé. Après cela, les gens peuvent avoir d’autres interprétations tout à fait défendables. »

DÉTAILS DE LA PRODUCTION

Pour lancer cette 40e saison de l’Opéra de Montréal, c’est l’Orchestre Métropolitain qui sera dans la fosse, dirigé par le chef français Guillaume Tourniaire. Le Chœur de l’Opéra de Montréal a été préparé par Claude Webster. La production provient d’une collaboration entre plusieurs maisons d’opéra des États-Unis.

Mise en scène: Tomer Zvulun

Eugene Onéguine: Étienne Dupuis

Tatiana: Nicole Car

Filipievna: Stefania Toczyska

Olga: Carolyn Sproule

Larina: Christianne Bélanger

Lenski: Owen McCausland

Grémine: Denis Sedov

M. Guillot: Simon Chaussé

Triquet: Spencer Britten

Zaretski: Brenden Friesen

Capitaine: Jean-Philippe McClish.

VOUS VOULEZ Y ALLER? Eugène Onéguine, du 14 au 22 septembre, salle Wilfrid-Pelletier. DÉTAILS

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