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CRITIQUE | Enterrement de luxe pour La Science du coeur avec Pierre Lapointe et l'Orchestre Métropolitain

Par Béatrice Cadrin le 22 juin 2019

Pierre Lapointe s’est offert un enterrement de luxe pour La Science du cœur en version symphonique avec l’Orchestre Métropolitain aux Francofolies vendredi et samedi soirs. (Photo: courtoisie)

L’accueil débordant qu’a offert hier soir le public de la Maison symphonique à Pierre Lapointe et à ses deux collaborateurs, Philip Chiu au piano et David Russell Martin à la direction d’orchestre, ne laisse aucun doute sur la place que tient le chanteur dans le cœur des Québécois. On est ici pour se gâter, que ce soit dans la salle ou sur scène. Il s’agit en effet de la toute dernière représentation du spectacle La science du cœur, et les Francofolies forment le cadre idéal pour cet enterrement de luxe en version symphonique opulente, interprétée par les musiciens de l’Orchestre Métropolitain.

Je regrette d’être celle qui jette un pavé dans la mare, mais au fur et à mesure que la soirée avançait, je me suis malheureusement un peu tannée des arrangements de David-François Moreau, pourtant loués de toutes parts. Comprenons-nous bien, le type sait composer, et il sait orchestrer, de manière très compétente même. De toute évidence, il maîtrise l’art de bâtir un crescendo orchestral. Il a d’ailleurs une feuille de route impressionnante, avec des collaborations en danse contemporaine, au cinéma, en jazz et chanson ainsi que de la musique de concert.

Cependant, j’ai réalisé à peu près aux deux-tiers du spectacle qu’en suivant trop bien la progression de chaque chanson, les orchestrations en faisaient ressortir des faiblesses qui passaient inaperçues dans la version originale. Une grande majorité des chansons suivent le même arc : un début tout en douceur et en sobriété au piano, ponctué par des coloris à quelques instruments, ensuite de quoi la nuance et le volume orchestral augmentent petit à petit jusqu’à atteindre un paroxysme, puis une fin abrupte, amenée par un postlude orchestral ou non. Ces fins abruptes, d’ailleurs, finissent par manquer leur effet, à force de revenir trop souvent.

Il s’appuie aussi sur certaines formules d’écriture qui, la première fois qu’elles surviennent, font opiner de la tête en se disant « tiens, belle trouvaille… », mais qui, quand elles reviennent dans une autre chanson, sont trop caractérisées pour que la reprise ne soit pas apparente : la doublure de la voix par la trompette, le contraste astucieux apporté par la caisse claire dans un passage qui ne l’appelait pas naturellement. Évidemment, il faut dire que les chansons de Lapointe elles-mêmes restent dans un registre émotif étroit, ce qu’il avoue lui-même en annonçant deux chansons comparativement plus joyeuses que le reste : « Ça reste des chansons de Pierre Lapointe. »

Est-ce que j’en attends trop des orchestrations d’un répertoire de qui ce n’est pas, après tout, la langue maternelle? Je ne reste pas sourde aux moments de grande beauté qu’apportent la sincérité de la voix de Pierre Lapointe et les timbres bien agencés des instruments de l’orchestre. La magnifique reprise de Nu devant moi ne peut laisser personne indifférent. Mais à mon sens, il aura fallu attendre l’Alphabet, présentée en rappel, pour que l’orchestre occupe enfin un espace sonore qui lui appartienne pleinement.

 

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Béatrice Cadrin
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