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OPÉRA | Twenty-Seven: dans le salon de Gertrude Stein avec ses amis

Par Caroline Rodgers le 23 mars 2019

Oriol Tomas, metteur en scène. (Photo: courtoisie)
Oriol Tomas, metteur en scène. (Photo: courtoisie)

L’opéra Twenty-Seven, de Ricky Ian Gordon et Royce Vavrek, prend l’affiche ce soir au Centaur pour six représentations par l’Atelier lyrique de l’Opéra de Montréal. La production nous transporte dans le salon parisien de Gertrude Stein et de son amoureuse, Alice B. Toklas. Conversation avec le metteur en scène, Oriol Tomas.

LvM : Comment avez-vous abordé la mise en scène de Twenty-Seven?

Oriol : « Ça a été un beau défi de donner un angle à cette mise en scène, parce que ce sont tous des personnages historiques. Cela fait quinze ans que je fais de la mise en scène d’opéra, mais c’est la première fois que je mets en scène des personnages qui ont réellement existé. Ce n’est pas une tâche facile car il faut donner vie à des personnes qui ont forgé notre histoire. On ne peut pas faire n’importe quoi, on ne peut pas les réinventer totalement. Il faut donner une structure réaliste à tout cela. Il a fallu que je fasse énormément de recherche et de lecture. Je me suis documenté énormément sur tous les personnages. En plus, ce n’est pas une histoire qui se passe à un moment précis, mais elle s’échelonne sur plus de cinquante ans. »

LvM : Comment est conçu l’opéra de Gordon et Vavrek? 

Oriol : « C’est un regard de Gertrude Stein sur sa propre vie. Par exemple, dans la première scène, on est avec les artistes peintres qu’elle recevait chez elle au début du XXe siècle, donc Picasso, Matisse. Son frère Leo aussi est très présent. Avant elle, il était un collectionneur d’art qui l’a introduite à l’œuvre de ces peintres. Par la suite, on tombe dans la Seconde Guerre mondiale et on voit toute la solitude des deux femmes et toute l’impuissance d’écriture d’une auteure. Elles ont froid, il n’y a plus de charbon. Après la guerre, c’est la venue de la nouvelle génération, les auteurs américains qui ont vécu la guerre se retrouvent chez elle et veulent son avis sur leur propre écriture. Hemingway, Fitzgerald.

Elle était cette figure maternelle pour les auteurs qui se sont retrouvés en Europe. Dans le quatrième acte, il y a cette confrontation avec sa conscience, car elle aurait collaboré avec les nazis pour rester en vie, en tant qu’auteure. Elle entend des voix qui lui demandent comment il se fait qu’elle soit encore là, elle, une Juive lesbienne. Au cinquième acte, on voit Alice qui ferme la maison, Picasso revient et ils évoquent des souvenir du temps passé avec elle.»

LvM : Sur le plan visuel, à quoi ressemble la production? 

Oriol : « J’ai voulu mettre l’emphase sur l’humanité des personnages car c’est ce qui ressort le plus dans l’opéra. La musique soutient très bien cet aspect. À travers l’histoire de ces deux femmes, ont sent leur force, mais aussi leur fragilité et leur amour. C’est très touchant comme opéra. Je n’ai pas voulu représenter le décor de façon naturaliste ou réaliste, parce que c’est un lieu qui a réellement existé. J’aurais pu faire un calque à partir des photos, mais cela aurait été à l’encontre de toute l’avant-garde artistique qui a rejeté le classicisme. Je me suis éloigné du réalisme pour représenter le salon de Gertrude Stein et je me suis inspiré un peu du cubisme.

Ce qui m’intéressait, c’était la notion du pliage, comme dans l’origami. En pliant une feuille, elle prend plusieurs facettes. J’ai voulu représenter différents côtés de la réalité, comme les artistes cubistes. Cela fait qu’on retrouve des bouts du plancher sur les murs, des tableaux sur les planchers. Tout est un peu étalé pour montrer différentes facettes et non la représentation de face comme dans la peinture classique. Gertrude Stein avait beaucoup de tableaux, de bibelots et de meubles, mais je ne voulais pas le rendre aussi chargé. J’ai mis l’emphase sur les personnages, donc c’est tout de même assez épuré. Quant aux costumes, ils demeurent dans leur époque, plus réalistes. Nous avons choisi de faire la production au Centaur pour créer une intimité et donner l’impression au spectateur qu’il est dans le salon des Stein. »

LvM : Pour élargir sur d’autres projets, vous avez récemment fait la mise en scène d’une Traviata en Islande?

Oriol : « Oui, c’était un gros projet. C’était ma première collaboration avec l’opéra de Reikjavik. J’ai rencontré la directrice artistique à Montréal il y a un an et demi. Ce qui est chouette, c’est qu’elle m’a permis d’amener toute mon équipe de création, essentiellement québécoise. On parle des décors, costumes, vidéos, éclairages et chorégraphies, j’ai amené toute mon équipe. On a fait construire les décors à Londres et on a conçu les costumes à Montréal et à Québec, les perruques aussi. Tout est parti par bateau. Je suis très content du résultat. Les chanteurs, tous Islandais, étaient très bon. Nous sommes déjà en train de parler d’une prochaine collaboration. »

Twenty-Seven, de Ricky Ian Gordon et Royce Vavrek, du 23 au 31 mars au Centaur. Distribution : Elizabeth Polese (Alice), Andrea Nunez (Alice), Christianne Bélanger (Gertrude), Rose Naggar-Tremblay (Gertrude), Rocco Rupolo (Picasso), Sebastian Haboczki (Fitzgerald), Spencer Britten, Nathan Keoughan, Pierre Rancourt, Scott Brooks, Brenden Friesen. Piano: Marie-Ève Scarfone. Violoncelle: Stéphane Tétreault. DÉTAILS ET BILLETS

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