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INVITÉ SPÉCIAL | Nevermind: la relève baroque française, la rigueur avec une touche de désinvolture

Par Caroline Rodgers le 19 février 2019

Nevermind
Nevermind. De gauche à droite: Louis Creac’h, Jean Rondeau, Anna Besson, Robin Pharo. (Photo: Rita Ruggia)

On connaît déjà bien Jean Rondeau, claveciniste reconnu habitué des récitals à la salle Bourgie. Il vient cette fois à Montréal dans le cadre de la saison de Pro Musica, accompagné de ses trois amis pour présenter Nevermind, le quatuor baroque qu’ils ont formé il y a déjà six ans.

Avec Jean Rondeau, Nevermind est composé de la flutiste Anna Besson, du violoniste Louis Creac’h, et du gambiste Robin Pharo. C’est à Robin Pharo que revient la mission de nous parler de leur ensemble lors d’un entretien téléphonique réalisée juste après son arrivée en ville.

LvM: Comment vous êtes-vous connus, tous les quatre? 

Robin: « Nous nous sommes connus pendant nos études au Conservatoire national supérieur de musique et de danse de Paris, où trois d’entre nous étions étudiants. Louis Creac’h n’était pas étudiant au Conservatoire mais nous avons fait un projet avec lui.  La première fois qu’on a joué ensemble, c’était il y a sept ans, dans le cadre d’un projet de cantates françaises. Après un an, on a décidé de monter un groupe instrumental, tous les quatre. Cet été, cela fera six ans que Nevermind a été formé. »

 

complicité des quatre musiciens qui forment l'ensemble. (Photo: Rita Cuggia)
Nevermind, un nom qui reflète bien le sens de l’humour et la complicité des quatre musiciens qui forment l’ensemble. (Photo: Rita Cuggia)

LvM: Pourquoi avez-vous choisi le nom de Nevermind? 

Robin: « Au départ, je crois qu’il n’y a pas de raison particulière. Quand on demande à Anne, elle dit souvent « pourquoi pas? » mais d’un point de vue personnel le nom de ce groupe reflète l’humour qu’on peut avoir ensemble autour de sujets très variés. Nous avons une capacité à nous amuser tous les quatre, assez forte. Nos liens d’amitiés sont forts. Le nom de ce groupe est à la fois anecdotique et révélateur de nos personnalités.

« Si le nom de l’ensemble peut paraître désinvolte, notre approche de la musique est très rigoureuse. Il y a une forme de paradoxe entre le nom de l’ensemble et l’exigence que l’on peut avoir lorsqu’on travaille une musique. » – Robin Pharo

 

LvM: Que pensez-vous, ou souhaitez-vous apporter de différent des autres ensembles? 

Robin: « Nous n’avons pas créé le groupe avec une volonté de révolutionner les choses, mais pour partager notre passion de la musique héritée du mouvement de redécouverte de la musique ancienne. Nous sommes la génération héritière de cette redécouverte. C’est notre passion commune pour cette musique qui nous a poussés à former l’ensemble. Nous aimons défendre un répertoire instrumental baroque, une musique de chambre instrumentale. Il est assez courant que, dans le répertoire de cette période, on défende davantage ce qui permet d’intégrer de la musique vocale. En ce qui nous concerne, on se concentre uniquement sur l’instrumental. Une chose qui nous caractérise, c’est que nous fonctionnons comme un quatuor à cordes, c’est-à-dire que l’on ne se fait pas remplacer. Si l’un de nous ne peux pas jouer, on ne joue pas, tout simplement. On a développé des habitudes de jeu très fortes, et on apprend à connaître le jeu de chacun, avec pas mal de profondeur. C’est une vraie particularité de Nevermind. »

 

Robin Pharo. (Photo: Nemo Perier Stefanovitch)
Robin Pharo. (Photo: Nemo Perier Stefanovitch)

LvM: Discutez-vous énormément de vos interprétations, comme le font les quatuors à corde? 

Robin: « Oui, la direction artistique est commune et les décisions sont prises ensemble. Alors oui, cela implique des discussions. »

LvM: Existe-t-il beaucoup de répertoire pour cette formation précise: flûte, viole de gambe, clavecin et violon? 

Robin: « En fait, pour notre formation exacte, il y a peu de vrais quatuors avec quatre parties égales. Les quelques pièces qui existent de ce type, nous en avons enregistré des extraits dans nos deux disques. Le premier était consacré à des quatuors français qui mettait en lumière la musique de Jean-Baptiste Quentin. Telemann a écrit douze quatuors, nous en jouons quatre ou cinq pour le moment. On peut aussi aller voir du côté de la Sonate en trio, où la viole de gambe va se mettre à faire la basse continue avec le clavecin, et nous avons alors un répertoire immense avec Bach, Couperin, Marin Marais, entre autres. Plus le temps passe, et plus on découvre ce qu’on peut jouer. En 2020, nous allons enregistrer notre troisième disque qui sera consacré à des quatuors de Carl Philip Emmanuel Bach, des pièces assez singulières qui présentent une partie de clavier obligé, une partie de flûte, une partie d’alto et une partie de basse d’archet. Il a composé cela en 1778, l’année de sa mort. De plus, cette année, nous allons créer une pièce de Philippe Hersant. »

 

Le claveciniste Jean Rondeau, qui mène une belle carrière solo, a déjà donné des récitals à Montréal. (Photo: courtoisie)
Le claveciniste Jean Rondeau, qui mène une belle carrière solo, a déjà donné des récitals à Montréal. (Photo: courtoisie)

LvM: les quatuors dits « parisiens » de Telemann, que vous avez enregistrés, étaient-ils écrits, à l’origine, pour ces quatre instruments? 

Robin: « Dans les pièces de Telemann, il existe deux versions: l’une avec viole de gambe, et l’autre avec violoncelle. Ces pièces sont nées de la rencontre de Telemann avec des musiciens français, notamment, d’après ce que l’on croit, avec un flûtiste qui s’appelait Jean-Baptiste Forqueray. La formation était vraiment celle-ci: basse continue, flûte et violon. »

 

 

LvM: en concert à Montréal, vous allez jouer une pièce de Jean-Baptiste Quentin, que l’on connait peu. Pouvez-vous nous en parler? 

Robin: Quentin était un violoniste assez virtuose qui a écrit beaucoup de sonates en trio, des pièces qui révèlent une habileté certaine au violon. La pièce que nous allons jouer a ceci de particulier: la voix la plus grave n’est pas chiffrée comme le sont habituellement les parties de basse continue. Jean Rondeau fait une basse continue à partir de cette partie, mais peut-être que Quentin avait pensé cette pièce pour quatre instruments monodiques, sans un instrument qui ferait une réelle réalisation harmonique, mais cela fonctionne très bien avec le clavecin qui fait l’harmonie. »

Nevermind, en concert jeudi, 21 février, 20 h, salle Pierre-Mercure. BILLETS

Programme: 

GEORG-PHILIPP TELEMANN (1681-1767)
Zwanzig Kleine Fugen (1731)
Fuga 14 – TWV 30:14 (4’)
Nouveau Quatuor Parisien n° 4 en si mineur (Paris, 1738) – TWV 43:h2
Prélude – Coulant – Gay – Vite – Triste – Menuet (Modérément) (21’)

JOHANN-SEBASTIAN BACH (1685-1750)
Sonata in G Major (BWV 1039) (15’)
Adagio – Allegro ma non presto – Adagio e piano – Presto
Entracte

FRANCOIS COUPERIN (1668-1733)
Les Nation (1726) (9’)
IIème Ordre – L’Espagnole, Sonade

JEAN-BAPTISTE QUENTIN (1690-1742)
Sonata IV à quatre parties, Œuvre VIII (1737) (10’)
Largo – Allegro – Gavotta, tendrement – Allegro

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