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CRITIQUE | Christian Blackshaw à Orford Musique: méditation sonore

Par Caroline Rodgers le 16 juillet 2018

Le pianiste Christian Blackshaw. (Photo: courtoisie d'Orford Musique
Le pianiste Christian Blackshaw. (Photo: courtoisie d’Orford Musique)

Soyons honnêtes. Mon intention, en allant à Orford Musique entendre Christian Blackshaw en récital, était de me donner une troisième chance de l’apprécier et de mieux comprendre pourquoi je ne l’avais pas aimé les deux premières fois que je l’ai entendu. Je repartirais avec quelques réponses.

Il est bon pour une journaliste de remettre ses idées en question à l’épreuve de nouvelles expériences. Les gens trop bien pétris de certitudes ne font pas de bons critiques. Invitée pour le week-end par Orford Musique, j’ai d’abord profité de la beauté du site, de son délicieux bistro et de la fraîcheur ambiante en attendant le récital, qui avait lieu samedi le 14 juillet à la salle Gilles-Lefebvre.

Précédemment, j’ai entendu Christian Blackshaw deux fois en concert. Les deux fois dans Mozart, avec I Musici. Le 25 décembre 2017, j’écrivais ceci :

« L’impression produite hier est la même que la première et renforce notre opinion : celle que dans le jeu très intérieur et réfléchi de Christian Blackshaw, la moindre nuance est calculée au micro-décibel près, que tout est prévu, chronométré et planifié avec un soin si méticuleux, un tel souci de la perfection qu’il ne reste plus de place pour que surgisse la moindre idée musicale dans la spontanéité et la vérité du moment. Sa musique est pensée et analysée plus que sentie, ce qui peut plaire à certains au point de le décrire comme le plus grand mozartien de la galaxie. En ce qui nous concerne, Christian Blackshaw incarne un paradoxe : celui qu’un jeu trop parfait peut parfois faire naître l’ennui. »

La plupart de ces commentaires me semblent encore vrais après le récital de samedi soir, à une chose près : cette fois, l’ennui était absent, puisqu’il s’agissait d’une enquête musicale.

Schubert et Schumann

En première partie du concert, le pianiste avait programmé du Schubert. D’abord, les Moment musicaux, D. 780, six petites pièces sans prétention, mais qui évoquent un certain pan du romantisme, celui de la vie sociale et des salons. Blackshaw y applique la même minutie maniaque qu’il met dans tout. Chaque note est timbrée avec soin.

La plus grande qualité du pianiste est certainement l’écoute. Lorsqu’il joue, il entre en symbiose avec les sonorités qu’il produit, son principal souci semblant être de tout contrôler à la perfection. Il nous fait penser à un chimiste dans un laboratoire, calculant à la goutte près le dosage de chaque éprouvette, mais Blackshaw a dépassé le stade de l’expérimentation. Il poursuit une quête : trouver la formule idéale de la beauté. Tandis que nous sommes plongés dans la pénombre, on le voit fermer les yeux en grimaçant lorsqu’un spectateur tousse au mauvais moment, juste à la fin d’une pièce. Malheureux quidam, qui nous a fait rater l’écoute du silence! Une hypothèse nous traverse l’esprit, c’est que l’artiste doit être aussi tatillon dans les moindres détails de son existence.

La très belle Sonate no 14 D. 784 permet diverses observations. L’introduction est funèbre à souhait, les crescendos sont magnifiques. Son utilisation quasi-scientifique des pédales est pour le moins impressionnante. Dans son inlassable polissage des nuances, le pianiste semble toutefois avoir accordé moins d’importance aux passages forte, qui nous semblent un peu comme des passages obligés et peu investis musicalement, en attendant de retourner à sa zone de confort: toutes les nuances de douceur. On pourra en dire autant de la Fantaisie en do majeur op. 17 de Schumann, une alternance entre moments sublimes et moments d’indifférence.

Pour conclure, objectivement, Christian Blackshaw est un grand maître de son art et de son instrument, mais son approche ne peut pas plaire à tout le monde. La question des goûts personnels entre en ligne de compte. En ce qui me concerne, je préfère les artistes plus libres, plus imaginatifs et plus spontanés.

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