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OPÉRA | Hockey Noir: mystère, humour et voix sur glace

Par Michael Vincent le 19 avril 2018

Hockey Noir sera présenté les 3 et 4 avril au Monument-National. (Image: Marie-Josée Chartier)
Hockey Noir sera présenté les 3 et 4 mai au Monument-National. (Illustrations: Kimberlyn Porter)

Avec la dévotion populaire pour la Sainte-Flanelle, qui a même fait l’objet d’une étude en théologie, il est surprenant que notre sport national n’ait pas plus souvent inspiré nos compositeurs. Cette négligence sera chose du passé grâce à Hockey Noir, L’Opéra, d’André Ristíc, présenté les 3 et 4 mai au Monument-National par l’Ensemble contemporain de Montréal (ECM+), sous la direction de Véronique Lacroix. Entretien avec la directrice artistique qui nous présente ce projet intrigant.

Les Canadiens ne font peut-être pas les séries, mais qu’à cela ne tienne: on pourra retrouver le hockey à l’opéra dans cette création d’André Ristíc sur un livret de Cecil Castellucci dans une mise en scène de Marie-Josée Chartier. 

Les personnages principaux sont Romanov, un mafioso (Pierre-Étienne Bergeron, baryton), Madame Lasalle, séductrice (Marie-Annick Béliveau, mezzo-soprano), Bigowsky, joueur étoile des Quabs (Pascale Beaudin, soprano), Lafeuille, vétéran de l’équipe (Michel Schrey, ténor) et le Détective Loiseau (une voix off). Six musiciens seront de la partie: quatuor à cordes, percussions et synthétiseur.

LvM: Comment est venue l’idée de faire un opéra sur le hockey? 

Véronique Lacroix: « C’est venu entre la librettiste, Cecil Castellucci, et le compositeur, il y a cinq ans. André est un amateur de hockey, et Cecil aussi. Elle vit à Los Angeles et va aux matchs des Kings. Les deux avaient cette passion en commun. Un fait divers survenu dans les années 1950 a attiré l’attention d’André, au sujet de Bill Barilko, un joueur vedette des Maple Leafs, disparu juste après que l’équipe ait remporté la Coupe Stanley de 1951 contre les Canadiens de Montréal. Personne ne savait ce qu’il était devenu, il y avait même une récompense de 10 000 $ pour quiconque le retrouverait. Dix ans plus tard, on a retrouvé l’épave de son avion écrasé et son squelette dans la forêt. Il avait eu un accident en allant à un voyage de pêche. »

LvM: Que raconte Hockey Noir?

Véronique Lacroix: « André et Cecil sont partis de cette anecdote et ont imaginé ce qui aurait pu arriver au joueur de hockey disparu, si cela n’avait pas été un écrasement d’avion. Avait-il été assassiné? S’était-il enfui pour cacher le fait qu’il avait truqué un match? Ils se sont amusés avec des scénarios alternatifs. Cecil aime les films noirs, elle avait d’ailleurs dans ses cartons l’idée d’un film noir. En mélangeant ces deux univers, c’est devenu Hockey Noir, L’Opéra. L’opéra joue sur les éléments de ces deux mondes. On s’amuse avec le sport national, la rivalité entre les deux villes, les équipes sont devenues les Quabs, au lieu des Habs, et les Pine Needles au lieu des Maple Leafs. On joue également avec les niveaux de langage, avec des passages en français, en anglais, en joual et en franglais. Il y a même un amusant « Air des sacres », une chose qu’André rêvait de faire depuis longtemps, peut-être un peu inspiré par le film Slap Shot…on s’amuse beaucoup, aussi, avec la nostalgie des années 1950, l’époque de l’anecdote originale.  »

 

Ça joue avec le monde interlope, alors que le joueur étoile des Quabs, Bigowsky (Pascale Beaudin), est criblé de dettes et est obligé de faire perdre l’équipe pour qu’un mafieux remporte un pari. Or, son meilleur coéquipier, Guy Lafeuille, voudrait bien finir sa carrière avec une Coupe Stanley. La meilleure solution que trouve le héros est de disparaître et il revient, déguisé en femme, dans les estrades. Tout ça est complètement fantaisiste.

 

Cela rejoint un autre rêve d’André, qui a une grande admiration pour Mozart. Comme lui, il aime jouer entre l’humour et la tragédie, et il utilise certains procédés qui s’en inspirent. Il y a des clins d’œil, par exemple, à Don Giovanni, avec un air des chiffres dont l’idée s’inspire du fameux « air du catalogue » de Leporello. »

 

Note: la musique que l’on entend dans cette vidéo est celle des Aventures de Madame Merveille, utilisée pour la bande-annonce de Hockey Noir.

LvM: Hockey Noir est le second opéra d’André Ristíc créé par l’ECM+, après Les Aventures de Madame Merveille. Comment les deux oeuvres se comparent-elles? 

Véronique Lacroix: « Je dirais que le style musical d’André a évolué, s’est approfondi et s’est davantage ancré dans l’harmonie et dans la mélodie, alors que Madame Merveille présentait un style plus morcelé. André demeure un compositeur fantaisiste et très humoristique, qui joue toujours sur deux niveaux avec la créativité extrême et la tradition. C’est un musicien d’une invention extraordinaire et toute sa science se déploie dans chaque seconde de l’opéra. Le scénario de Cecil est très bien ficelé et je crois beaucoup au tandem que forment ces deux créateurs. D’autre part, dans Madame Merveille, il n’y avait pas de caractère vraiment dramatique dans l’histoire. C’était plus un spectacle familial où l’on pouvait amener les enfants. Dans le cas de Hockey Noir, on le conseille seulement à partir de dix ans. »

 

Hockey Noir, L'Opéra (Illustration: Kimberlyn Porter)
Hockey Noir, L’Opéra (Illustration: Kimberlyn Porter)

 

LvM: Parlez-nous des éléments visuels du spectacle

Véronique Lacroix: « Depuis Madame Merveille, en 2010, nous avons développé une expertise par rapport au grand écran. Après Madame Merveille, nous avons fait cinq autres productions avec écran. Nous avons donc peaufiné notre travail de présentation d’oeuvres musicales accompagnées de ce support visuel, ce qui n’est pas une mince affaire. Dès qu’on met du visuel dans une production musicale, l’œil l’emporte souvent sur l’oreille. Chez nous, quand on fait un opéra, les clés ne sont pas remises au metteur en scène. Le visuel doit vraiment être accroché à l’oeuvre musicale et je supervise le processus de très près. Si ce que l’on voit sur l’écran distrait trop le spectateur, on change de stratégie. Le côté visuel et narratif est bien déployé mais il garde une certaine sobriété pour que la musique demeure au premier plan. On a dans notre ADN de rejoindre le grand public, et nous le faisons en contextualisant les oeuvres, pour que l’auditeur ait toujours une prise quelque part, mais cela ne se fait jamais au détriment de la musique. »

Hockey Noir, L’Opéra, sera présenté le 3 et le 4 mai, 19 h 30, au Monument-National.

ACHETER DES BILLETS. 

Il sera également présenté en tournée à Toronto les 10 et 11 mai, et à Mons et Bruxelles, en Belgique, les 29 novembre et 2 décembre 2018.

Ce reportage a été commandité par l’ECM+

 

 

 

Michael Vincent
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