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CRITIQUE | Le diable en canot d'écorce de l'OSM: le folklore avec des gants blancs dans un écrin de velours

Par Caroline Rodgers le 20 décembre 2017

Le diable en canot d'écorce, un spectacle de Noël de l'OSM, décembre 2017. (Crédit: Antoine Saito)
Le diable en canot d’écorce, un spectacle de Noël de l’OSM, décembre 2017. (Crédit: Antoine Saito)

La première représentation du Diable en canot d’écorce, spectacle des fêtes de l’Orchestre symphonique de Montréal sur un conte de Michel Tremblay inspiré de la chasse-galerie, avait lieu hier soir à la Maison symphonique. Un concert réussi, bien que plus sobre et plus sage que ses équivalents des années antérieures.

La salle est comble mais le public restera relativement froid tout au long du spectacle, sauf à la toute fin. La scène est surplombée par un magnifique canot d’écorce doté d’ailes faites d’un assemblage d’avirons. Cette grande sculpture, appropriée au thème de la soirée, remplace avantageusement la boule de Noël géante qui était utilisée depuis des années. Elle est éclairée de couleurs changeantes. Comme par les années passées, la mise en scène est signée René Richard Cyr.

Le narrateur invité est l’humoriste Laurent Paquin, qui s’avère assez convaincant dans son rôle de conteur, avec un franc-parler naturel, bien qu’il ne semble pas 100% à l’aise dans ce contexte plutôt intimidant. Il lui manque, aussi, de prendre le temps d’établir une véritable complicité avec le public. Il a apporté un livre, tiré du grenier de ses grands-parents, duquel il tire son histoire, la version adaptée par Michel Tremblay de la chasse-galerie.

Laurent Paquin, narrateur du Diable en canot d'écorce, à l'OSM. (Crédit: Antoine Saito)
Laurent Paquin, narrateur du Diable en canot d’écorce, à l’OSM. (Crédit: Antoine Saito)

Il existe plusieurs versions de cette fameuse légende, la plus connue étant celle d’Honoré Beaugrand. Dans cette dernière, les bûcherons montent à bord du canot pour aller voir leurs blondes. Dans certaines, l’équipage du canot meurt, dans d’autres, il déjoue le diable et dans une autre, les hommes des bois se réveillent le matin en n’étant pas certains d’avoir réellement vécu cette nuit. Peut-être qu’ils ont rêvé, ou simplement trop bu!

La version un peu lubrique de Michel Tremblay montre des bûcherons qui vendent leur âme pour se rendre dans un bordel, le Petit Chaperon Rose, avec une tenancière du nom de Pauline Poliquin. Pour se rendre à bon port, ils doivent éviter de sacrer. Michel Tremblay profite de l’occasion pour imaginer une fin où les bûcherons déjouent l’envoyé de Satan – un dénommé Black Jack, en inventant des dérivés de sacres fantaisistes comme « torpinouche ». Le résultat est assez amusant mais sort peu, finalement, des versions connues de la légende. Avec son imagination d’écrivain, Michel Tremblay aurait pu faire complètement dévier le tout et nous emmener ailleurs, mais il est plutôt demeuré dans les sentiers battus.

Le déroulement de la soirée se fait aussi de façon conventionnelle, avec une narration entrecoupée de pièces orchestrales. On entendra, entre autres, Les Hébrides, de Mendelssohn, des extraits de la Symphonie no 4 de Beethoven, d’Hamlet, de Chostakovitch et de la Symphonie fantastique de Berlioz. Les extraits musicaux sont particulièrement bien agencés au texte, avec, par exemple, le Songe d’une nuit de sabbat de la Symphonie fantastique qui coïncide avec la révélation que cet inconnu arrivé au camp de bûcherons est l’envoyé du diable.

La nuit de débauche sera symbolisée par un long extrait de Rhapsody in Blue, de Gershwin, interprété par Charles Richard-Hamelin sur un piano placé en hauteur sur une plateforme, derrière les bois. On l’entend bien mais du parterre, on le voit à peine. Sa prestation est impeccable. On entendra aussi Nimrod, la neuvième des Variations Enigma, d’Elgar, jouée un tantinet trop vite et sans l’émotion nécessaire. Ce n’était peut-être pas le meilleur choix de pièce dans ce contexte.

À la fin, cinq ou six chanteurs folkloriques, qui ne sont pas identifiés dans le programme et prenaient place incognito parmi les spectateurs assis dans le chœur, entament une belle chanson traditionnelle. Le tout se termine par le Reel des soucoupes volantes, joué par Andrew Wan, alors que le public se met à taper des mains, ce qui semble un peu surprendre Kent Nagano.

C’est Michel Tremblay qui sera le plus applaudi à la fin, peut-être plus pour l’amour et le respect qu’on lui voue, de façon générale, que pour cette adaptation de la chasse-galerie.

Pour ceux qui ont vu les spectacles de Noël des cinq ou six années précédentes, il est difficile de ne pas faire de comparaisons. Il n’est pas exagéré de dire que ce Canot d’écorce très poli et proprement exécuté manquait de fantaisie et de ce petit zeste de folie et de magie qui caractérise habituellement les concerts de Noël de l’OSM. Bien que le spectacle soit réussi, on aurait aimé que les choses dérapent légèrement, avec plus de surprises et d’émotions.

Malgré ces quelques réserves, on peut être reconnaissant envers l’OSM et Kent Nagano de faire l’effort, chaque année, de nous présenter des spectacles qui puisent leur inspiration dans la culture traditionnelle québécoise au lieu de nous servir simplement de banals succès de Noël en version symphonique.

Le Diable en canot d’écorce est présenté de nouveau ce soir et demain, à 20 h. Il sera égalemet diffusé sur ICI MUSIQUE et ICIMusique.ca ce soir, à 20 h, sur ICI RADIOCANADA PREMIÈRE le 24 décembre à 20 h et sur ICI RADIOCANADA TÉLÉ, le samedi 30 décembre à 19 h.

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