Les Boréades

La Renaissance aime particulièrement la musique en consort, c’est-à-dire jouée de l’aigu au grave par des instruments d’une même famille mais de différents formats. À côté du consort pour violes de gambe, pour lequel les Anglais composent tant des pièces savantes obéissant à la raison contrapuntique que des couples d’émouvantes pavanes et d’accortes gaillardes, celui formé par les flûtes à bec figure en bonne place et tranche par la suavité et la richesse de ses sonorités, proches d’un beau jeu d’orgue. Les répertoires de ces ensembles ne sont pas exclusifs et on peut volontiers troquer les violes pour les flûtes. Le concert présente un programme tout en contraste avec une touche contemporaine.

C’est au XVIIe siècle, parmi plusieurs grandes transformations sociales et esthétiques, que se sont établies les bases modernes tant de l’art culinaire que de la musique occidentale. Voulant montrer que le plaisir puise à plusieurs sources et recherchant la correspondance des arts – ce dont témoignent tableaux et gravures montrant les cinq sens –, le repas accompagné de musique devient alors une expérience totale où ni la vue ni l’odorat ni même le toucher ne sont en reste. Des compositeurs comme Biber, Delalande ou Telemann vont laisser de magnifiques musiques en accord avec les plaisirs gastronomiques, car, comme le dit Jean Chevalier, « le banquet est un symbole de participation à une société, à un projet, à une fête ».