
Le Festival Mozart de l’Orchestre symphonique de Montréal s’est ouvert mercredi 16 avril à la Maison symphonique avec un programme consacré à la spiritualité musicale, culminant avec le célèbre Requiem du compositeur autrichien. Dirigée par Rafael Payare, cette soirée inaugurale rassemblait des solistes de renom : la soprano Myriam Leblanc, la mezzo-soprano Julie Boulianne, le ténor Joé Lampron-Dandonneau, le baryton-basse Robert Gleadow et Jean-Willy Kunz à l’orgue.
Bach en prélude
Deux œuvres de J. S. Bach ont été choisie pour ouvrir la soirée comme une lente montée vers l’intensité mozartienne.
Jean-Willy Kunz, organiste en résidence de l’OSM, a livré une lecture nuancée du Prélude et fugue en si mineur, BWV 544, où chaque articulation laissait transparaître le lyrisme discret de l’écriture contrapuntique.
Pour cette première partie, le Chœur de l’OSM était réduit à un effectif de 18 chanteuses et chanteurs disposé en demi-cercle autour du continuo, celui-ci étant formé du positif, d’un violoncelle et d’une contrebasse. Sous la direction d’Andrew Megill, les interprètes ont su faire ressortir l’architecture complexe du motet Jesu, meine Freude, BWV 227 avec clarté et fluidité.
Ces deux pièces formaient un judicieux préambule à la grande messe mozartienne, en résonance avec l’admiration que portait Mozart à Bach.
Une lecture habitée du Requiem
Interprété dans la version complétée par Franz Xaver Süssmayr, le Requiem a bénéficié d’une direction engagée de Rafael Payare. Si le chef a imposé des tempos généralement rapides donnant une énergie indéniable à l’interprétation, cette vivacité a parfois comprimé certains phrasés, au détriment du souffle et de la clarté dans les nuances. Par ailleurs, la gradation des nuances aurait profité d’un traitement plus soigné, les crescendos atteignant leur apogée souvent trop rapidement.
Le Chœur entier, toujours disposé sur scène, a offert une prestation solide et expressive, et s’est distingué par son intensité dramatique, bien que l’équilibre sonore avec l’orchestre ait parfois penché vers une certaine densité. Du côté des solistes, Julie Boulianne a marqué cette soirée par son timbre chaleureux et une projection qui traversait l’orchestre avec une aisance remarquable dans le Tuba mirum et le Recordare. De son côté, Myriam Leblanc a offert un » Introitus » touchant par la limpidité de son timbre, même si sa présence semblait plus réservée au fil de l’œuvre. La prestation de Joé Lampron-Dandonneau démontrait de grandes qualités expressives, tandis que le baryton-basse Robert Gleadow prenait le pas sur son collègue en projection sonore. Le Lacrimosa, un des moments forts du concert, a su réunir intensité et émotion contenue. L’Agnus Dei a clôturé l’œuvre avec une belle profondeur, teintée de lumière et de recueillement.
Une soirée saisissante, qui nous a fait frissonner jusqu’aux derniers accords, tel un souffle de lumière annonçant la fin de l’hiver et l’éveil du printemps.
Le Requiem sera repris les 17 et 18 avril dans le cadre du Festival Mozart qui se poursuit jusqu’au 25 avril. Pour plus de détails : osm.ca/festival-mozart.