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CRITIQUE | Émotions et décibels à l'OSM

Par Éric Champagne le 24 février 2025

Sergey Katchatryan à l'OSM (Photo : Antoine Saito)
Sergey Katchatryan à l’OSM (Photo : Antoine Saito)

L’OSM, sous la direction de Rafael Payare, proposait deux incontournables de la musique russe : le Concerto pour violon de Tchaïkovski et la Symphonie no 11 de Chostakovitch. Un programme riche en émotions, mais pas nécessairement celles auxquelles nous nous attendions!

Une lecture personnelle et émouvante

Le concert s’intitulait « Le brillant Concerto pour violon de Tchaïkovski », mais brillant n’était pas le bon adjectif. C’est que le violoniste arménien Sergey Khachatryan en a fait une lecture très personnelle. Alors oui, ce concerto est lumineux, sautillant, joyeux, virtuose, et la performance de Khachatryan reflétait tout cela. Mais il y avait aussi une bonne dose de mélancolie, voire de souffrance étouffée, qui se frayait un chemin à travers les élans de lumière. Ce n’est pas une lecture courante de cette œuvre, mais elle peut être pertinente, surtout quand on sait que le compositeur l’a créée au sortir d’un épisode dépressif.

Sergey Khachatryan explore donc cette zone d’ombre, surtout dans les mouvements rapides. Dans le premier mouvement, ce sont de nombreux rubatos qui ajoutent un voile sombre sur certains passages. Dans le troisième mouvement, c’est le second thème qui revêt un caractère mélancolique plus prononcé. Cela pourrait être mièvre, voire de mauvais goût, mais le violoniste est un musicien intelligent et il dose adéquatement les choses, jonglant avec brio entre ces moments d’introspections et les passages de pure virtuosité.

Dans le second mouvement, déjà passablement mélancolique, le violoniste mise sur un son soutenu, riche et vibrant, qui fait chanter son violon avec un ton profondément émouvant. Cette canzonetta – petite chanson – plonge dans un rêverie aux accents tristes, presque déchirants, mais toujours en conservant la fraîcheur de la partition. Et pour le Finale, la virtuosité est bel et bien au rendez-vous, aussi maîtrisée que spectaculaire.

Ce concerto, on en connaît mille et une versions : c’est un incontournable du répertoire. Or la version de Sergey Khachatryan sort du lot de par sa vision personnelle, d’une grande musicalité et d’une émotion sincère. Le public a chaleureusement applaudi l’artiste qui est revenu sur scène pour offrir un rappel, une œuvre de son pays natal, Havoun Havoun de Grigor Narekatsi, jouée avec une émotion à fleur de peu.

Un Chostakovitch cinématographique

Rafael Payare s’attaquait à la Symphonie no 11 de Chostakovitch. Sous-titrée « L’année 1905 », elle évoque l’insurrection populaire du 9 janvier 1905 qui fût violemment réprimée lors de ce qui est devenu le tristement célèbre Dimanche rouge.

Pour une troisième année, l’OSM accueillait dans ses rangs une douzaine d’étudiants en interprétation des institutions d’enseignement supérieur montréalaises, dans un programme de mentorat qui permet à ces élèves d’acquérir une expérience marquante. Ces recrues d’un soir ont certainement ajouté à l’énergie débordante qui caractérisa cette interprétation spectaculaire.

 

La cohorte 2025 des étudiant·e·s participant au programme de mentorat de l'OSM. (Photo : Antoine Saito)
La cohorte 2025 des étudiant·e·s participant au programme de mentorat de l’OSM. (Photo : Antoine Saito)

Je dis spectaculaire dans une optique cinématographique, car le souffle épique de Chostakovitch trouva ici une réalisation puissante en décibel, et terriblement efficace d’un point de vue narratif. C’est particulièrement vrai dans les second et dernier mouvements, où les effectifs orchestraux se déchaînaient en rugissant de toutes leurs forces. En pur contraste, le premier mouvement brossait un tableau saisissant d’un décor vide et glacial, prélude à la révolution qui fomente, tandis que le troisième mouvement était d’une émotion aussi solennelle que prenante.

Performance percutante qui laissa le public bouche bée sur le dernier accord, avec cette petite déception que les cloches qui résonnaient à la toute fin de l’œuvre ont été étouffées un peu trop vite. Le même programme a été capté en direct lors du concert de la veille (19 février) pour la chaîne Mezzo et sera disponible sur Medici.tv, ce qui nous donnera l’occasion de revivre les nombreuses et diverses émotions de cette soirée.

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Éric Champagne
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