We have detected that you are using an adblocking plugin in your browser.

The revenue we earn by the advertisements is used to manage this website. Please whitelist our website in your adblocking plugin.

COMPTE-RENDU | Finales du CMIM Piano 2024 : Une première soirée en crescendo

Par Julien Bilodeau le 16 mai 2024

L’édition Piano 2024 du Concours musical international de Montréal (CMIM) présentait la première partie de sa grande finale à la Maison symphonique pour que se mesurent trois des six candidats les plus méritoires à l’issue des deux premières épreuves qui se sont, elles, tenues à la Salle Bourgie. Accompagnés avec toujours plus d’aplomb par l’Orchestre symphonique de Montréal, et sous la direction de la cheffe invitée Xian Zhang, tous les candidats nous ont offert des performances d’un très grand niveau technique.

Elias Ackerley (Photo : courtoisie du CMIM)
Elias Ackerley (Photo : courtoisie du CMIM)

Elias Ackerley

C’est au benjamin des finalistes, le britanno-coréen Elias Ackerley, qu’est revenu l’honneur d’entamer l’ultime épreuve. Pour le public, c’était aussi la première de trois interprétations du Concerto no 1 en si bémol mineur de Tchaïkovski, une œuvre de concours s’il en est! Passablement vouté et dans une concentration hypnotique sur son clavier, Ackerley a malheureusement peiné à traduire cette intensité dans le son qu’il a produit, à commencer par le célébrissime enchainement harmonique qui a fait entendre des aigus plutôt éteints et sans éclats.

Un peu comme dans sa finale au Aarhus International Piano Competition où il a terminé quatrième avec ce même concerto en 2023, le soliste n’est pas parvenu à soumettre l’orchestre à ses intentions et à sa sensibilité. Si les empâtements de pédale dans le grave peuvent parfois créer d’impressionnants effets, ils doivent au moins s’inscrire aussi dans un jeu contrasté qui colore différemment tous les registres. Ici, tout est très (trop?) bien placé et un peu monochrome.

 

Anthony Ratinov (Photo : courtoisie du CMIM)
Anthony Ratinov (Photo : courtoisie du CMIM)

Anthony Ratinov

Celles et ceux qui ont eu le bonheur d’entendre l’interprétation de la Sonate n8 en si bémol majeur de Prokofiev par l’américain Anthony Ratinov lors de l’épreuve de demi-finale (ou encore lors du concours international Olga Kern en 2022) ont retrouvé la même force dès les premières notes du Concerto no 3 du même compositeur. Pas surprenant qu’elle lui ait valu le deuxième prix au concours de piano Ferruccio Busoni en 2023!

Parmi ses grandes réussites, notons un parfait dosage des registres, une carrure rythmique qui ne se laisse pas commander par les à-coups de la partition et une saine gestion des résonnances. C’est dans la très dépouillée mélodie accompagnée (deuxième mouvement) que l’on mesure la profondeur de cet artiste qui se joue de l’orchestre avec des fluctuations de tempos qui sont à la limite de l’excès et qui, de ce fait, créent une tension dramatique très efficace.

Si le troisième mouvement fut joué avec beaucoup d’esprit, il demeure néanmoins le talon d’Achille du candidat : cette section de l’œuvre n’est pas la plus grande réussite formelle de son auteur et il faut beaucoup d’imagination et de caractère pour ne pas répéter les mêmes intentions que dans les deux premiers mouvements. Ratinov s’en sort assez bien même s’il nous donne l’impression parfois d’être comme un diable dans l’eau bénite.

Gabriele Strata (Photo : courtoisie du CMIM)
Gabriele Strata (Photo : courtoisie du CMIM)

Gabriele Strata

C’est le grand gagnant du festival international de piano de Rio de Janeiro en 2023, l’italien Gabriele Strata, qui est venu clore les débats de cette première soirée. Couronné dans la métropole brésilienne avec le Concerto no 1 en si bémol mineur de Tchaïkovski, Strata se propose de nous l’offrir aussi. Grand bien nous fasse car il y a bien là une réelle proposition artistique, tout spécialement après l’avoir entendu des mains d’Ackerley.

La surprise est immédiate alors que cette fois, le piano diffuse tous les arcs-en-ciel du monde dans un tempo qui nous semble un peu plus resserré sans toutefois que cela ne compromette l’indication « non troppo e molto maestoso » de la partition. Pour la première fois de la soirée, le registre des dynamiques s’étend du silence habité au fortissimo tempétueux sans que jamais rien ne se brouille. Le contrôle des résonnances ne sert pas ici à enfler la sonorité mais bien à donner au son une forme et une couleur qui permet la multiplication des contrastes et qui donne au discours un élégance et une grande agilité.

Strata ne joue pas ici un concerto de concours, il nous raconte une histoire que même l’orchestre suit avec la plus grande attention. Son interprétation permet l’humour, la chaleur, la désinvolture (accompagnement du solo de hautbois de Vincent Boilard dans le deuxième mouvement), l’espièglerie (rythmes pointés), le rêve (arpégiation aigue sur un tapis de cordes en sourdine) et évite, parfois de peu, de tomber dans un romantisme excessif ou d’être facétieux. À l’issue de cette première soirée il a, avec Ratinov, placé le niveau artistique de cette finale dans de très hautes sphères!

Suite et fin

Trois autres candidats joueront leur concerto ce soir avec l’OSM et Xian Zhang, soit Derek Wang (Concerto no 1 de Tchaïkovski), Jaeden Izik-Dzurko (Concerto no 2 de Brahms) et Jakub Kuszlik (Concerto no 2 de Rachmaninov).

LE 16 MAI, 19 H 30, MAISON SYMPHONIQUE DÉTAILS ET BILLETS

Inscrivez-vous à notre infolettre! La musique classique et l’opéra en 5 minutes, chaque jour ICI

Partager cet article
lv_montreal_banner_high_590x300
comments powered by Disqus

LES NOUVELLES DU JOUR DANS VOS COURRIELS

company logo

Part of

Conditions d'utilisation & Politique de vie privée
© 2024 | Executive Producer Moses Znaimer