Le Festival Bach Montréal lançait officiellement son édition 2023 avec un concert d’ouverture dédié à deux des fils du cantor de Leipzig, hier soir à la Maison symphonique, sous la direction du chef allemand Reinhard Goebel. Ce concert sera également présenté aujourd’hui à Québec, et demain à Ottawa.
La Maison symphonique était pleine à environ 75% dans les sections parterre et corbeille. Alexandra Scheibler, fondatrice et directrice artistique du Festival Bach Montréal, est venue nous adresser un mot de bienvenue, rappelant que Reinhard Goebel était un ami de longue date du Festival puisqu’il était présent avec son ensemble, Musica Antiqua Köln, lors de la première édition, en 2005.
Pour ces trois concerts, il dirige l’Orchestre Festival Bach Montréal, fondé en 2018 et formé d’environ 25 musiciens provenant d’autres ensembles, dont l’OSM, ainsi que de quelques jeunes professionnels.
On peut dire de ce programme qu’il est conçu à la fois pour les mélomanes avertis et les néophytes, puisque la musique de Johann Christian et de Johann Christoph Friedrich Bach, bien que rarement entendue, est tout à fait accessible et d’écoute agréable.
Parlant de néophytes, on peut imaginer qu’une partie de l’assistance en était composée, puisque le quart des spectateurs a systématiquement applaudi entre les mouvements, sans se rendre compte qu’ils étaient les seuls à le faire. Nos félicitations, aussi, à la personne dont le cellulaire a sonné non pas une, mais bien deux fois. Quelle époque formidable.
Des musiciens de l’Orchestre du Festival Bach Montréal, on peut dire qu’ils sont professionnels et investis. Reinhard Goebel les dirige avec aplomb. Il faut lire, aussi, les notes de programme fort divertissantes qu’il a lui-même rédigées.
Soliste invitée
La pianiste allemande Shaghajegh Nosrati, née de parents iraniens ayant fui la révolution islamique de 1979, n’en était pas à ses débuts au Québec, puisqu’elle a joué à Orford Musique l’été dernier. Elle a été la protégée et l’assistante de nul autre qu’András Schiff.
Solide musicienne, spécialiste de Bach (elle remportait le Concours Bach de Leipzig en 2014), elle démontre une musicalité naturelle et interprète les pièces au programme (Concerto en mi bémol majeur pour piano, deux flûtes, deux clarinettes, deux cors, basson et cordes C75 – 1774 de Johann Christian Bach et Concerto Grosso en mi bémol majeur pour piano, 2 hautbois, 2 cors, basson et cordes, BR-JCFB C43) de façon sobre et mesurée, avec un toucher délicat.
Quelques remarques personnelles: je n’apprécie pas ses trilles et autres ornements, qui me semblent un peu carrés. D’autre part, lorsque la pianiste reprend un thème, c’est souvent à l’identique des fois précédentes au lieu d’amener des idées nouvelles. Il ne s’agit évidemment du genre de répertoire virtuose destiné à faire briller le ou la soliste, mais dans ce cadre esthétique, d’autres interprètes ont déjà fait preuve de plus d’imagination.
Dans l’ensemble, ce programme qui nous a fait vivre de beaux moments (notamment l’Andante du Concerto en mi bémol) aurait été mieux servi dans une salle plus petite, mais cette musique élégante mérite d’être entendue, et il faut certainement un événement comme le Festival Bach Montréal pour nous en donner une rare occasion.
Les deux autres concerts
Ce programme sera présenté de nouveau aujourd’hui, 18 novembre, à 19 h au Palais Montcalm. BILLETS
On pourra également l’entendre demain le 19 novembre à Ottawa, au Centre Carleton Dominion-Chalmers BILLETS
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