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REPORTAGE | Max Reger : un hommage unique à un compositeur à redécouvrir

Par Caroline Rodgers le 30 octobre 2023

Pascal G. Berardi et le Choeur de Temps Fort présentent le concert Hommage à Max Reger (Photos: courtoisie; Rudolph Dührkoop)
Pascal G. Berardi et le Choeur de Temps fort présentent le concert Hommage à Max Reger (Photos: courtoisie; Rudolph Dührkoop)

Riche, intense, touffue et intrigante, la musique de Max Reger figure très rarement aux programmes des diffuseurs québécois. Pour le 150e anniversaire de naissance du compositeur, Pascal Germain-Berardi, un chef qui se distingue par son parcours atypique et ses idées audacieuses, a décidé d’y remédier en nous offrant avec le Chœur de Temps fort un rarissime concert dédié à ce géant de la musique le 16 novembre prochain à l’Église Sacré-Cœur de Jésus.

Mort à 43 ans, Max Reger était hyperactif, multitâches et bon vivant. En plus de composer, il a été pianiste, organiste, chef d’orchestre, professeur au conservatoire de Leipzig et arrangeur.

« J’ai découvert Max Reger lorsque j’étais choriste au sein des Petits chanteurs du Mont-Royal, raconte Pascal Germain-Berardi. Durant mon parcours, c’est un des compositeurs qui m’avait marqué. Nous avons chanté une de ses pièces intitulée Mein Odem ist Schwach [Mon âme est faible, ou Mon souffle est court] et nous l’avions enregistrée chez ATMA. Cette unique pièce, qui dure 16 minutes et que nous allons aussi jouer au concert, m’a laissé une forte impression. C’est basé sur le Livre de Job, dans la Bible, cet homme très riche devenu pauvre. Devenu misérable, Job sent que la vie est sur le point de le quitter, mais ne perd pas sa foi. Au quatrième mouvement, il y a une immense fugue pour six voix qui célèbre la force de la croyance. »

Individu passionné et doté d’une grande force de caractère, Max Reger se faisait un devoir de bien comprendre son art en travaillant de façon méthodique.

 

 

« Il a eu une démarche rigoureuse pendant toute sa carrière et qui s’est complètement investi dans ce qu’il faisait, dit Pascal Germain-Berardi. Il voulait vraiment comprendre le fonctionnement du contrepoint en écrivant des fugues et des canons. En 1895, il a écrit 111 canons pour piano avec une multitude d’inversions et de modulations, dans le but de maîtriser cette technique. Au début de sa carrière, il a composé beaucoup de musique de chambre, de lieds et d’œuvres pour instruments solo. Son but était d’écrire de la musique orchestrale, mais il voulait consolider son art et atteindre une certaine maturité avant d’arriver à cette étape. »

Le mystère Max Reger

Avec un catalogue comptant plus de 147 numéros d’opus, certains multiples (Opus 111a, 111b, 111c) une soixantaine classifiés sans numéros (WoO) et une vingtaine non classifiés, et plusieurs comptant plusieurs pièces (ex : Opus 76 comporte 60 pièces !) pour totaliser plus de 1000 œuvres, pourquoi la musique de Reger n’est-elle pas plus jouée?

« J’ai fait des recherches auprès des musicothécaires de nos principaux orchestres, et au Québec, Maria Wiegenlied, petit lied de Noël de Reger (Opus 76 #52) arrangé pour orchestre par le compositeur a été jouée à quelques reprises par l’OSM dans les années 2010, mais de sa trentaine d’œuvres originales pour orchestre, la seule information trouvée concerne ses Variations sur un thème de Mozart, jouées pour la dernière fois en 1972. À l’Orchestre Métropolitain, il n’y avait rien au cours de la dernière décennie. »

Pascal Germain-Berardi a quelques hypothèses.

« Je crois que cela a quelque chose à voir avec le fait qu’il soit mort en 1916, une époque de grande transformation musicale. D’autres compositeurs de la même époque, comme Stravinski, Schoenberg et Debussy, innovaient davantage, alors que Reger était profondément enraciné dans la tradition germanique et ancrée dans la maîtrise des règles tonales. De plus, il n’a pas eu assez de temps pour faire sa marque, parce qu’il est mort jeune. Aussi, bien des gens trouvent que sa musique est difficile à jouer et exigeante à écouter, mais elle suscite des émotions très fortes, tant chez les musiciens que chez le public. »

Pour préparer ce concert, Pascal Germain-Berardi s’est plongé dans les recherches pendant des mois pour mieux comprendre Max Reger.

« Reger venait d’une famille très modeste, dit-il. Très jeune, il a eu l’ambition de prouver que malgré ses origines modestes, il pouvait faire de grandes choses. À l’école, il était toujours premier de classe. Et sur les photos, on le voit toujours avec un air très sérieux, même enfant. En même temps, il fumait compulsivement le cigare, il était alcoolique et c’était un outremangeur, tout en travaillant jusqu’à l’épuisement. Une espèce de parcours de vie ultra romantique. »

En 2016, Maximum Reger, un coffret documentaire de six DVDs sur Max Reger a été produit par Will Fraser, un réalisateur britannique pour souligner les 100 ans de la mort du compositeur.

 

Buste de Max Reger à Meningen, en Allemagne (Photo libre de droits, wikimedia commons)
Buste de Max Reger à Meiningen, en Allemagne (Photo libre de droits, Wikimedia Commons)

Le concert

Temps fort a réuni un chœur de 24 chanteurs et chanteuses professionnels pour cette occasion unique d’entendre la musique de Max Reger.

« J’ai conçu le programme de façon à créer une courbe narrative intéressante, pour que ce ne soit pas constamment intense. Les œuvres choisies ont toutes été écrites au XXe siècle et offrent une belle variété. La première pièce, pour double chœur dont le titre signifie L’homme ne vit et ne dure qu’un instant, nous parle d’un thème cher à Reger : à quel point la vie est courte et un mystère fascinant. »

Une pièce qu’il a terminé sur son lit de mort! Et un thème existentiel fort pertinent pour notre époque.

 

« Reger a écrit plus de 300 lieder, souvent basés sur des textes de poètes vivant à son époque. Il voulait exprimer des émotions inédites, contemporaines. En écoutant sa musique, j’ai toujours trouvé des thèmes parallèles à ce que Reger avait dit ou écrit. De son vivant, il pensait souvent aux compositeurs qui étaient morts jeunes, comme Mozart, et disait souvent qu’on ne dispose pas de beaucoup de temps pour faire notre marque. C’est pourquoi il travaillait autant. » Pascal G. Berardi

 

En plus des 10 pièces vocales de Max Reger au programme, on pourra entendre trois pièces pour chœur d’homme de Paul Hindemith et Waldesnacht, de Brahms.

« Paul Hindemith était un grand admirateur de Reger. Il a affirmé qu’il était le dernier grand géant de la musique, à l’image d’autres compositeurs qui ont écrit énormément de musique. »

« En général, les chanteurs ayant fait beaucoup de chœur parlent beaucoup en bien de Reger, ajoute le chef. C’est sans doute parce que malgré que son écriture soit très riche et que son vocabulaire harmonique représente un gros défi à chanter, cela fait appel à nos réflexes profonds de musiciens et devient extrêmement satisfaisant et épanouissant, avec des séquences insolites d’accords classés qui vibrent et créent ces effets tensions/détentes dans tout notre corps de choriste. »

Heureusement, Max Reger a été reconnu et très joué de son vivant. À l’aube de ses 40 ans, il était même indépendant de fortune par ses compositions ! Il nous reste, à notre tour, à le redécouvrir.

Les œuvres au programme

Der Mensch lebt und bestehet nur eine kleine Zeit [L’homme ne vit et ne dure qu’un instant] (Reger)

O Tod, wie bitter ist du (Reger)

Nun da der tag (Hindemith)

Der Tod (Hindemith)

Eine lichte Mitternacht (Hindemith)

Ach, Herr, strafe mich nicht (Reger)

Opus 39 (Reger)

Opus 111B pour chœur de femmes (Reger)

Waldesnacht (Brahms)

Mein Odem ist Schwach (Reger)

Hommage à Max Reger, le 16 novembre, 19 h 30, Église Sacré-Cœur de Jésus, 2000 rue Alexandre-DeSève. DÉTAILS ET BILLETS

 

Cet article a été commandité par Temps Fort. 

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