Qu’on se le dise: le Québec et Montréal peuvent être fiers d’avoir un orchestre symphonique aussi extraordinaire que l’OSM, dont le triomphe a été total mercredi soir, au Carnegie Hall. Submergé par la Cinquième de Mahler et la sonorité incroyable de l’orchestre, le public new yorkais lui a donné une ovation monstre.
Pour Rafael Payare, il s’agit d’une première avec l’OSM dans la salle mythique, et cette sonorité capiteuse et pleine se goûtait à chaque mesure dans un écrin à l’acoustique complètement différente de celle de la Maison symphonique.
Depuis longtemps, on a compris que le nouveau directeur musical ne fera jamais dans les demi-mesures, et ce fut encore le cas avec cette interprétation magistrale, non seulement de la symphonie, mais du Concerto pour piano no 2 de Bartók, avec Yefim Bronfman, solide comme un roc, comme d’habitude.
En précédant le tout de Précipice, de Dorothy Chang, une pièce subtile et atmosphérique habilement construite, on avait là un programme plus que substantiel et qui avait de quoi satisfaire les mélomanes les plus exigeants.
Comme toujours, Yefim Bronfman, qui ne déçoit jamais, nous offre un jeu sans faille dans ce concerto extrêmement difficile qui nous donne l’occasion, outre sa virtuosité, de l’apprécier dans les couleurs et les contrastes particuliers de cette œuvre exigeante.
Mais c’est la Symphonie no 5 de Mahler qui va époustoufler le public et nous transporter, avec une interprétation grandiose, à la mesure des ambitions folles du compositeur, qui a donné aux musiciens un véritable cheval de bataille, auquel ils se mesurent sous la direction d’un leader inspiré qui semble faire corps avec la musique.
Soulignons (encore une fois) l’unicité et la transparence des cordes, notamment la plénitude infiniment satisfaisante des violoncelles, la maîtrise et l’éclat de Paul Merkelo à la trompette, sans oublier l’apport important de la harpe (Jennifer Swartz) dans le célèbre Adagietto. L’autre héroïne de la soirée est sans contredit la corniste Catherine Turner, qui joue magnifiquement, debout, dans le Scherzo. Elle sera d’ailleurs acclamée à la toute fin. Une soirée parfaite et un moment inoubliable de musique.
Rappelons quelques faits: il s’agissait du 45e concert de l’OSM au Carnegie Hall. Cette courte tournée (qui comprenait d’abord une visite à Washington) sa 58e, déjà la 3e internationale avec Rafael Payare. Cette Symphonie no 5 de Mahler figure aussi sur le premier album du chef avec l’OSM, sorti tout récemment sous étiquette Pentatone.
L’Orchestre symphonique de Montréal a amorcé une nouvelle étape dans son histoire en nommant Rafael Payare comme nouveau directeur musical. Un choix qui s’avère toujours plus heureux d’un concert à l’autre, et laisse présager des années de bonheur musical.
Ce programme sera aussi donné à la Maison symphonique jeudi soir, 9 mars. L’événement affiche complet.
Caroline Rodgers était à New York à l’invitation de l’OSM.
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